Véronique Cloutier et Éric Salvail sont deux enfants de la télé et ils sont fidèles à leur poste depuis, attendez qu'on se souvienne, pratiquement toujours. Et ça tombe bien: cet automne, les deux animateurs-vedettes piloteront chacun une émission à grand déploiement ayant pour thème le petit écran. Elle, à Radio-Canada. Lui, à TVA. Nous les avons réunis dans un café du 450 pour parler de leur passion commune qui se regarde en HD ou avec de bonnes vieilles oreilles de lapin.

Étonnamment, asseoir deux des plus grosses pointures du showbiz québécois pour une entrevue croisée et une séance de photos a été simple comme bonjour. Même si Véronique Cloutier et Éric Salvail bossent pour des empires en guerre et même si les coutures de leurs agendas professionnels craquent de partout.

En cette fin d'après-midi d'un mercredi radieux, ils sont là, enfoncés dans la banquette brun chocolat d'un Presse-Café, à un jet de pierre du magasin Ikea de Boucherville, leurs iPhone à portée de main. Véronique Cloutier, qui porte un chemisier jaune pétant et des skinny jeans bleu azur, chantonne le thème de Symphorien et Éric Salvail, qui a enfilé une chemise à carreaux et un jeans indigo, éclate de rire et joint sa voix à celle de la blonde animatrice.

Il suffit de prononcer le mot «télévision» devant cette paire d'as et un flot de paroles et d'anecdotes se déverse dans le petit commerce. Ils jasent des changements à Deux filles le matin, du nouveau show de cuisine de Jean-Michel Dufaux sur V, de Trauma, de Bons baisers de France, des Olden, de La montagne du Hollandais et même de L'or du temps. Véro et Éric ont tout dévoré et dévorent encore tout, tout, tout ce qui défile sur leurs plasmas.

Du plus loin qu'il peut remonter dans son enfance, Éric Salvail, 41 ans, se souvient d'avoir été scotché en permanence au poste de télé, à l'étage supérieur du dépanneur que ses parents exploitaient, à Sorel. «Chez nous, la culture passait par la télévision. Le soir, on s'assoyait en famille devant la télé. On n'allait pas voir de spectacles, on regardait la télévision. Moi, c'était Fanfan Dédé, Bobino, Monsieur Patof. Les pubs m'ont aussi beaucoup influencé. Je les connaissais par coeur», détaille l'animateur de Dieu, merci.

Constat similaire pour Véronique Cloutier, 35 ans. «La télé a beaucoup fait partie de ma vie. Et encore aujourd'hui. Chez nous, il y a toujours une télé d'allumée. Ça fait partie du quotidien de mes enfants aussi. Je me souviens qu'à 3 ans, j'ai pété une crise à ma mère parce que je ne voulais pas rater Passe-Partout pour aller à la pré-maternelle. Ma mère m'a finalement gardée à la maison», confie Véronique Cloutier, ex-capitaine de Paquet voleur. Pour la punir, sa mère lui interdisait de s'installer devant Peau de banane. Châtiment suprême pour une accro de télé.

Comme des écoliers trépignant de renouer avec leurs camarades de classe, Éric et Véro adorent les rentrées télé. Les deux énumèrent tout ce qui les titille dans ce menu d'automne chargé: Les rescapés, Dubois en réalité, Mauvais karma, Prozac, Occupation double à Whistler et La galère 3. «Mon Illico surchauffe», glisse Éric Salvail. «Moi, c'est mon Bell ExpressVu», enchaîne Véronique Cloutier, sourire en coin.

Même s'ils comprennent l'anglais, Éric et Véro regardent majoritairement leurs émissions en français et sont fiers de l'identité télévisuelle québécoise distincte. «Star Académie, ça accote American Idol n'importe quand», lance Véronique Cloutier. «On regarde la télé qui se fabrique ici, avec pas mal moins de moyens, et on n'a pas à rougir. Canal Vie fait d'aussi bons shows que TLC», poursuit Éric Salvail.

Parlant de Canal Vie, Véro est fan. Elle regarde Les Airoldi habillent leur maison et Changez de décor avec Michèle Richard en compagnie de sa fille Delphine, 7 ans. «Je trouve toujours le temps de regarder la télé. Je veux tout le temps voir ce que les autres font», précise Véronique Cloutier.

En bon téléphage, Éric Salvail zappe sur toutes les chaînes et se couche tard. «J'aimerais revoir un talk-show de fin de soirée, comme du temps d'Ad lib», dit-il. «Tu le sais que je suis déjà passée à Ad lib? Un très beau moment de télé», ironise Véronique Cloutier en riant.

Cela fait maintenant plusieurs années que Véro et Éric apparaissent dans vos salons et ils adorent encore leur boulot, comme au premier jour. «Je n'ai jamais voulu faire autre chose que de la télévision. C'est mon univers. C'est ce que je connais le mieux dans la vie. Je me promène encore dans le sous-sol de TVA pour aller voir les décors des autres émissions. J'ai fait un détour pour voir les nouveaux studios de Deux filles le matin», souffle Éric Salvail, plutôt calme et posé en entrevue.

«Moi, ce qui me fait le plus plaisir, continue Véronique Cloutier, c'est de passer une journée complète sur un plateau d'enregistrement et d'y vivre l'effervescence. Toutes les fois, je me trouve chanceuse de faire ce travail-là. Je ne suis pas du tout blasée.»

Le mercredi 15 septembre à 20 h, dans l'ancienne case horaire du Moment de vérité de Patrice L'Ecuyer, qui retourne le samedi, vous pourrez voir le tout nouveau bébé télé de Véronique Cloutier, soit Les enfants de la télé. «C'est un mélange de Ici Louis-José Houde et Tout le monde en parle. Avec des archives, on rit avec les quatre invités sur le plateau et on n'est pas là pour ridiculiser les gens. On reste dans le plaisir», insiste l'animatrice, qui coanimera avec Antoine Bertrand.

Fidèles au poste d'Éric Salvail démarre deux semaines plus tard, soit le jeudi 30 septembre à 20 h. Toutes les semaines, six invités s'amuseront en direct avec des extraits d'archives, dans un format de variétés. Un band s'exécutera en studio. «Nous, on se sert des archives pour jouer et s'amuser», note Éric Salvail, dont l'équipe de production numérise des vieux extraits 24 heures sur 24 depuis trois mois.

La question qui tue, maintenant: verrons-nous Véro à Fidèles au poste et Éric aux Enfants de la télé? Oui, jurent les deux vedettes. Comme quoi, même en temps de guerre des ondes, la trêve est toujours possible pour des enfants de la télé fidèles au poste.

Télé-questionnaire

> L'émission que vous dévorez en cachette:

Éric Salvail: Les Airoldi habillent leur maison. J'ai même dit à Isabelle Racicot que nous aussi, on devrait faire ça.

Véronique Cloutier: Le mur et Wipeout. Je regarde ça avec ma plus vieille (Delphine) et on rit beaucoup.

> Le coffret DVD que vous avez usé à la corde:

Éric: Brothers & Sisters. Je regarde beaucoup de séries américaines en DVD. Les séries québécoises, je les regarde à la semaine.

Véro: Entourage. Parce que c'est vraiment bon et surtout pour les formidables répliques du personnage d'Ari Gold (un agent de Hollywood joué avec beaucoup de panache par Jeremy Piven).

> Votre inspiration à la télé québécoise?

Éric: Michel Jasmin. Plus jeune, je trippais sur son show. Il est une des raisons pour lesquelles je fais de la télé aujourd'hui.

Véro : Dominique Michel. J'espère avoir une carrière aussi diversifiée que la sienne. Elle a tout fait: chant, danse, humour, interprétation. C'est un exemple parfait de polyvalence.

> Votre émission préférée à Radio-Canada l'an dernier?

Éric: Aveux. Ce n'est pas original, mais j'ai suivi cette série-là religieusement toutes les semaines.

> Et votre émission préférée à TVA?

Véro: Lance et compte. C'est un classique, c'est une série culte, c'est un incontournable.

> L'émission que vous auriez aimé animer?

Éric: Un talk-show à la Ellen DeGeneres. Mais tourné le soir, pas en après-midi. J'adorerais ça.

Véro: Star Académie. J'aime la musique et j'aime la télé. Star Académie, c'est un excellent variétés. Ç'a été réalisé de façon magistrale. Ça n'a rien à envier à American Idol.

> Vous n'embarquez pas dans...

Éric: La folie Passe-Partout en DVD. Ce n'est pas du tout de mon époque.

Véro: Mad Men. J'ai essayé avec les cinq premiers épisodes. Je ne suis pas capable. Je trouve ça trop lent. Ça ne marche pas pour moi, même si je comprends pourquoi tout le monde aime ça.