Quand ses Retrouvailles ont été rayées de la grille horaire de TVA, l'an dernier, Claire Lamarche aurait pu raccrocher son micro d'animatrice. À 64 ans, elle n'était toutefois pas mûre pour la retraite. «Non madame! lance-t-elle avec énergie. Je suis bien trop jeune pour ça!»

Claire Lamarche ne s'en cache pas: elle a été déçue de voir l'aventure de Retrouvailles prendre fin si abruptement. Déçue pour tous les gens qui comptaient encore sur l'émission pour retrouver quelqu'un, peinée pour l'équipe qui a travaillé pendant toutes ces années. Triste pour elle-même, aussi...

«Ce n'était pas une émission nouvelle et dans le vent. Mais c'était une sorte d'institution sociale, laisse-t-elle tomber. C'était utile et, dans ma grande naïveté, je me disais que ça allait toujours continuer.»

Toujours mordue de télé de service, Claire Lamarche a profité de son temps en dehors des ondes pour travailler à des projets qu'elle n'est pas encore prête à annoncer. «J'avais encore le goût de faire de la télé, confie-t-elle. Mon critère, c'est de faire une télévision qui est utile, qui va faire un peu une différence dans la vie des gens. S'il y a encore de la place pour ce genre de télé, je suis partante.»

Et puis, il y a eu ce clin d'oeil du destin, quand elle a appris dans le journal que Télé-Québec misait sur un nouveau projet où des citoyens «jurés» seraient appelés à débattre de sujets chauds de l'actualité. «Je me suis dit que j'aurais aimé avoir cette idée, raconte-t-elle. Je me suis dit: «Il me semble que ça aurait été dans mes cordes.» J'ai refermé le journal et, deux heures plus tard, le téléphone a sonné.» On lui proposait justement d'animer ce magazine, Huis clos, qui prend l'antenne le 10 septembre.

Vingt ans plus tard

Huis clos réunira chaque semaine sept citoyens séquestrés, dont la mission sera d'arriver à un consensus sur un enjeu de société. Ils auront accès au témoignage d'experts et de témoins pour se faire une tête. Une sorte de débat d'idées, donc. «Il y a des termes qui sont empruntés à ça, reconnaît Claire Lamarche. On parle de verdict, on va chercher l'unanimité. (...) Pour être bien honnête, je n'ai pas l'impression qu'on va y arriver souvent. Mais c'est une idée intéressante d'aspirer à l'unanimité. Lorsque c'est ce qu'on vise, c'est un gage de discussion plus poussée.»

Pour l'animatrice chouchoute des Québécois, qui collectionne les trophées Gémeaux, Metrostar et Artis, ce projet représente un retour au bercail, elle qui a fait ses premières armes à l'écran à Radio-Québec, il y a deux décennies. «Tout a changé: la bâtisse, les studios, les gens», observe celle qui dit n'avoir reconnu que deux ou trois visages du temps de Droit de parole. Pour Claire Lamarche, retrouver ses téléspectateurs sera certainement moins dépaysant: «Douze ans d'émissions quotidiennes, c'est ça que ça fait, analyse-t-elle. Le lien avec le public est très fort.»