Comment parler de dépression sans verser dans la déprime? C'est le défi que tentera de relever Prozac, nom d'un antidépresseur autrefois sur le marché, une nouvelle comédie dramatique, mettant en vedette Patrice Robitaille, François Létourneau et Isabelle Blais, diffusée cet automne sur les ondes de V.

«La dépression, c'est l'épidémie des temps modernes, à côté de ça, le H1N1, c'est rien», lance la coscénariste de l'émission, Sophia Borovchyk, rencontrée hier à l'hôpital Louis-H. Lafontaine, endroit où se tenait le tournage de Prozac, réalisée par François Bouvier (Les hauts et les bas de Sophie Paquin, Urgence).

Il faisait chaud. L'air était rarissime dans l'établissement. Pendant ce temps, l'équipe de tournage s'affairait à mettre en boîte une scène se déroulant dans une petite chambre d'hôpital. Couchée, France Castel - qui interprète la mère de Philippe, le personnage principal, vient de souffrir d'un léger malaise cardiaque dû à un stress intense. Celle-ci semble visiblement troublée par le malheur qui afflige son fils (Patrice Robitaille) qui souffre de dépression. Jouant à l'autruche, elle se plaît plutôt à dire qu'il est en processus d'écriture d'un livre.

C'est que Philippe (Patrice Robitaille), alias Monsieur parfait, n'a rien de l'idée préconçue que l'on peut se faire d'un dépressif. Fin trentaine, il a plutôt un profil de battant: brillant, toujours premier de classe, il vient à peine de décrocher le poste d'éditorialiste au quotidien Le Courrier. Mais voilà qu'il flanche et commet une faute grave au travail. C'est là qu'il réalisera qu'il fait une dépression. Pour se traiter, Philippe devra s'initier aux thérapies de groupe où il fera la connaissance de plusieurs personnages tantôt colorés, tantôt excentriques.

Il s'agit d'un sujet tabou et plutôt difficile à aborder, admet Karina Goma, qui signe également les textes de la série, en ondes dès le 7 septembre. Pour pondre le scénario, les deux auteurs, qui en sont à leur première expérience en écriture télévisuelle, ont effectué un travail de recherche approfondi sur la dépression. Elles ont rencontré des psychologues et ont même assisté à des thérapies de groupe.

«Il y a toujours un certain risque (à traiter de ce genre de sujet), estime pour sa part, l'ex-Invicible, François Létourneau, qui joue le rôle de Mathieu, le meilleur ami de Philippe. On n'est pas dans une sitcom tout cuit dans le bec. Ce n'est pas une comédie avec des gags. Il y a une subtilité dans l'écriture.»

«Je trouve ça intéressant que l'on montre que la dépression peut arriver à des gens très forts dans la vie», ajoute-t-il.

Même son de cloche du côté de Patrice Robitaille. «C'est vrai que c'est bien que ce soit quelqu'un comme lui, quelqu'un qui est en vue, pour qui ça allait bien.»

Le comédien apprécie également cette possibilité qui lui est offerte de jouer le rôle d'un homme plus intraverti, moins bavard. «C'est un personnage qui est beaucoup dans l'écoute. Je n'ai pas beaucoup de répliques. Autour de lui, il y a beaucoup de bruit, beaucoup d'agitation. Mais lui, il est un peu bousculé autant par les événements que par les gens autour de lui qui s'activent.»

Tout un monde

Et du monde, il y en a dans sa vie: sa mère, son père (Gilles Renaud), ses deux amis journalistes (Isabelle Blais et François Létourneau - mal à l'aise avec l'idée de remplacer Philippe comme éditorialiste en chef) ainsi que tous les dépressifs qu'il rencontrera en thérapie. Bref, un vrai tourbillon.

«Ce n'est pas dark, tient toutefois à assurer le réalisateur François Bouvier. C'est abordé de façon franche et directe, mais avec une pointe d'humour. La notion de comédie dramatique est importante ici.»

Chaque épisode s'amorcera par une scène où l'un des personnages perd carrément les pédales. Et toutes les demi-heures se termineront sur les airs d'une chanson québécoise connue, chargée d'émotions, qui résumera l'épisode. Ça pleure aussi un homme, de Ginette Reno, fera partie du répertoire. Prozac, produit par André Rouleau de Caramel Films, aborde un thème qui est un puits sans fond, affirment les deux auteurs.