Hollywood a les bleus. Le box-office estival s'est, jusqu'à présent, planté comme la chanteuse Caroline Marcil sur une patinoire avant d'entonner l'hymne national américain. Des preuves? Le retard accumulé aux guichets par rapport au 1er juillet 2009 se chiffre à environ 147 millions.

Pourtant, les vacances offrent le prétexte parfait au cinéphile pour justement prendre des vacances de son cerveau et se gaver d'oeuvres bien grasses, bien calorifiques, tout en étant divertissantes. Hélas, consultez les horaires du cinéma de votre quartier pour le constater, le menu 2010 de ces films bonbons est aussi mince que l'intrigue de MacGruber.

Bref, assouvir un plaisir cinématographique coupable au multiplexe s'avère complexe. À moins que Get Him to the Greek ou Grown Ups soit votre tasse de thé.

L'été dernier, les grands studios californiens nous ont pourtant gâtés de trucs légers, drôles et pas cons du tout comme The Proposal, avec la craquante Sandra Bullock, ainsi que The Hangover, le long métrage surprise qui a autant charmé les critiques que le public, exploit plutôt rare ces temps-ci. L'été 2009, ce fut aussi Up, Coraline et l'excellent Star Trek de J.J. Abrams.

Et l'été 2010? Presque tous les canons ont été neutralisés par des papiers assassins et des recettes désastreuses. Iron Man 2? Bof. Letters to Juliet? Plus rose que rose. Robin Hood? Re-bof. Prince of Persia: The Sands of Time? Non, merci. Knight and Day? Sans façon. On a déjà vu Mission Impossible et Charlie's Angels. The A-Team? Du réchauffé.

Le film Killers avec Katherine Heigl et Ashton Kutcher n'a pas tué grand-chose à part notre enthousiasme. Sex and the City 2 a tellement été démoli par la presse que le mot navet lui collera éternellement dessus comme un monogramme sur une malle Vuitton.

La sortie de Toy Story et de Karate Kid a embelli le portrait, sans toutefois l'illuminer. Mais tout n'est pas perdu, car Hollywood compte énormément sur Twilight: Eclipse, Eat, Pray, Love avec Julia Roberts et Salt mettant en vedette Angelina Jolie pour renflouer ses coffres.

Inception, dernier film de Christopher Nolan avec Leonardo DiCaprio, Marion Cotillard et Ellen Page, risque aussi de fouetter le box-office.

Reste que le cinéma hollywoodien en arrache. Pourquoi? Cela fait maintenant quelques années que les magazines spécialisés affirment que la qualité de la télévision américaine surpasse largement celle du cinéma. Par télé, on parle bien sûr de produits dits de niche comme Mad Men, Weeds, Breaking Bad, United States of Tara ou Dexter.

Comme le souligne un papier publié dans Entertainment Weekly, la télévision se permet de cibler des groupes précis, tandis que Hollywood ratisse tellement large qu'il n'accroche plus personne. Résultat: les studios crachent en série des films génériques, incolores, inodores et souvent insipides.

La télé s'ajuste plus rapidement aux changements sociaux et prend des risques (Hung, une émission de HBO sur un gigolo), tandis que Hollywood multiplie les remakes ratés et décline les franchises jusqu'à l'écoeurement (qui veut d'un troisième Transformers, sérieusement?).

Chez nous, ce qui s'apparente le plus à un blockbuster, c'est le film Piché: entre ciel et terre de Sylvain Archambault. Les échos de cette production sur la vie du commandant Robert Piché - joué par Michel Côté - rapportent que les 20 dernières minutes sont vraiment formidables. Qu'en est-il de toute la portion qui précède? Faudra aller voir le 7 juillet. Mais quand le buzz se fait sur la fin d'un film, on se demande s'il y a bel et bien eu un pilote dans cet avion.

Je lévite

Avec la deuxième saison de Damages en DVD. C'est encore plus tordu, plus complexe et plus captivant que la première tranche. Et Glenn Close, dans la peau de l'avocate féroce et redoutée Patty Hewes, est tout aussi terrifiante. Une superbe série sur le milieu juridique, saucée dans le crime, le complot et la paranoïa. C'est brillant.

Je l'évite

La sixième saison de Nip/Tuck en DVD. Vraiment, Matt se déguise en mime et braque des dépanneurs? Sean McNamara tombe en amour avec une tueuse en série? Et Christian Troy arbore un oeil au beurre noir après qu'une patiente lui eut asséné un coup au visage avec un de ses énormes seins? OK, c'est ce qu'on appelle une grosse panne de scénario en fin de parcours. Zip!