C'est une révolution télévisuelle encore plus forte que l'adoption du VHS dans les années 80, claironne le New York Times: plus de la moitié des téléphiles américains, soit 51,7%, visionnent maintenant leurs émissions en haute définition (HD), avec toutes les imperfections, cicatrices d'acné et ridules qui s'y greffent.

Une percée fulgurante qui réjouit, que dis-je, qui enchante les grandes chaînes, les studios et Hollywood en général. Car selon la firme Nielsen, qui mesure l'écoute de la télé aux États-Unis comme le fait BBM chez nous, les consommateurs équipés en HD dévorent encore plus d'émissions que leurs équivalents moins technos, dotés d'un vieil appareil dodu et bombé.

Bon, la différence n'est pas gigantesque - la clique des HD regarde environ 3% de plus de programmation en heure de grande écoute qu'un téléspectateur dit régulier -, mais c'est une barrière prometteuse pour endiguer l'exode vers le web.

Autre observation pertinente sur la montée de la HD: depuis l'arrivée de cette petite merveille, les Américains regardent beaucoup moins la télé seuls dans leur chambre à coucher ou dans la cuisine et s'installent plutôt dans le salon, en groupe, pour allumer le seul «gros téléviseur de qualité» de la maisonnée.

Tiens, tiens. Voilà maintenant que la HD réunit les familles. S'agirait-il d'une solution miracle pour soigner tous les bobos de l'industrie? Malheureusement, non. Pour une chaîne, s'équiper en HD - caméras, studios, etc - coûte plusieurs millions. Et mettons qu'avec l'érosion du marché publicitaire et la fragmentation de l'écoute, les investissements se remboursent très len-te-ment.

Au Québec, les statistiques sur la HD ne se dénichent pas en criant Kampaï! ou Yoopa!, malheureusement. BBM ne divulgue pas ce genre de chiffres. Selon le CRTC, environ 45% des foyers canadiens posséderont un appareil HD d'ici la fin de 2010. Bref, nous accusons (encore) un léger retard de développement par rapport à nos voisins.

«À la fin de 2009, 43% des Canadiens avaient un écran HD au foyer, mais pas nécessairement avec un abonnement à des chaînes HD. Le vrai chiffre de gens qui regardent la télé en HD tournerait autour de 26%. C'est toutefois en constante progression», note la porte-parole de la télé de Radio-Canada, Nathalie Moreau.

Presque toutes les émissions originales logées dans la grille de la SRC (en excluant le matériel vintage) se consomment en HD «sauf les nouvelles, C'est ça la vie et Virginie, pour le moment», enchaîne Nathalie Moreau. À TVA, c'est sensiblement le même ratio avec 85% du contenu en heure de grande écoute qui est proposé en HD.

Chez V, le porte-parole Tim Ringuette affirme qu'environ 70% de toute la programmation de la chaîne est disponible en HD, «dont toutes les productions locales». Sont exclus du lot: Les Simpson, Rire et délire, Un monde bête bête bête, les vieux films ainsi que les infopubs. Nous ne verrons donc pas les flammes de l'enfer et les pluies de billets verts de Call-TV dans toute leur splendeur. Zut.

La progression du HD a coïncidé avec la dégringolade du prix des appareils à la fin de 2008, révèle le New York Times. À ce moment, le quart des foyers américains avait acheté un téléviseur HD. Dix-huit mois plus tard, cette proportion a franchi les 50%.

Évidemment, les chaînes spécialisées offrant des contenus très visuels comme ESPN (pour les sports), Food Network (la bouffe) ou HGTV (jardinage et déco), dont les images brillent à l'écran plat, ont énormément profité de cet engouement pour la HD. Même chose pour le secteur jeunesse, les remises de prix, l'émission Saturday Night Live et des antennes câblées comme HBO et Showtime, qui proposent des séries télé très près du cinéma en termes de qualités artistiques.

Sans grande surprise, les soaps d'après-midi et les jeux-questionnaires comme The Price is Right n'ont pas du tout profité de la vague. Mettons qu'une galette de Plinko, ça doit paraître encore plus pic-pic en HD. Même chose pour le petit tyrolien en carton du jeu Cliff Hangers, non?

Je lévite

Avec l'iPad. Sceptique au départ (à quoi ça sert ce truc si on possède déjà un portable, hein?), le simple fait de manipuler ce magnifique objet de luxe nous convainc quasiment de porter plus de 600$ à notre compte Visa. Quasiment.

Je l'évite

La nouvelle identité visuelle d'Astral Média. Ouille. Des couleurs étranges, un design douteux censé représenter un «modèle d'entreprise décentralisé mais discipliné», ça donne un logo qui ressemble à celui d'une chaîne pour gamins.

Pour joindre notre chroniqueur: hdumas@lapresse.ca