En plus de s'approprier un concept et un scénario pour les adapter à la sauce française, les quatre invincibles de l'Hexagone ont reçu dès le départ un ultimatum de la part de l'équipe de production des Invincibles: créer entre eux la même chimie et la même complicité qui régnaient au sein du quatuor québécois.

Les acteurs qui incarnent en France les quatre super-héros ont vite obtempéré: ils ont fait la fête ensemble... dès le premier jour de leur rencontre, a raconté Cédric Ben Abdallah, alias Vince - l'équivalent de Steve -, au cours d'un entretien téléphonique avec La Presse.

À peine avaient-ils leur texte entre les mains qu'on leur lançait un message clair: si l'amitié déjà existante entre Pierre-François Legendre (Carlos), Patrice Robitaille (Steve), Rémi-Pierre Paquin (Rémi) et François Létourneau (P-A) a grandement contribué à donner de la crédibilité à la série québécoise, les quatre superhéros français devaient, eux aussi, créer une chimie qui serait palpable à l'écran.

«Au moment du casting, ils ont vraiment insisté sur le fait que c'était important qu'on sente la complicité, mentionne Cédric Ben Abdallah, qui a fait l'an dernier ses premières apparitions au petit écran québécois alors qu'il incarnait l'irrésistible Romain dans la deuxième saison de La galère. Et c'est vrai qu'entre nous, ça a tout de suite pris. On s'est vu le premier jour à la lecture et le soir même, on est tous allés dîner chez Jonathan - qui joue le rôle d'Hassan (Carlos) - et on est devenus potes. On a fait la fête le soir et après on est partis en tournage à Strasbourg.»

Après avoir tourné deux saisons dans la peau de Vince, F-X, Hassan et Mano, les quatre comédiens sont devenus aujourd'hui amis en dehors du petit écran. «Maintenant, on se revoit tout le temps», mentionne Cédric Ben Abdallah. Et ils risquent de continuer à se côtoyer puisqu'une troisième saison pourrait être tournée. Rappelons que la première émission des Invincibles sera diffusée le 9 mars sur ARTE.

Si les quatre héros se sont inspirés de leurs homologues québécois, Marie-Ève Perron, qui se glisse dans la peau de Cathy Casse-Couilles - le pendant de Lyne-la-pas-fine -, refuse pour le moment de visionner la version originale de la série. La Québécoise, qui travaille de l'autre côté de l'océan depuis quelques années, préfère attendre la fin des Invincibles en France avant de s'installer devant son poste de télévision pour la regarder, histoire de ne pas se mettre trop de pression sur le dos.

«J'ai peur de me demander sans cesse: «Est-ce que je ne suis pas en train de copier ce qu'elle (Catherine Trudeau) fait?» C'est une façon pour moi de respecter le travail de Catherine, ajoute celle qui incarne son rôle en prenant l'accent français. Ça serait chouette après de voir le résultat.»

Quant à la télévision française Made in France, «je sais qu'il y a une envie de la renouveler. Je ne l'écoute pas tant que ça», dit-elle.

À la suite de leur «aventure Invincibles», Cédric Ben Abdallah et Marie-Ève Perron notent certaines différences entre les univers télévisuels québécois et français.

«Au Québec, sur les plateaux de tournage, il y a plus de discipline, moins de revendications, et les journées de travail sont beaucoup plus longues», a remarqué Cédric Ben Abdallah, qui a passé quelques semaines dans la Belle Province pour le tournage de La galère.

«En France, on est un pays de syndicalistes, donc tout le monde aime bien râler un peu, se plaindre de ses conditions. Au Québec, les gens ont moins ce côté caractériel, ajoute-t-il. Ils sont plus concentrés sur le film ou l'émission.»

Autre différence: la bière! «Quand j'ai vu les Invincibles québécois, je me suis dit: ils boivent quand même pas mal de bière! Quand ils se retrouvent, il y a toujours une petite bière sur la table. Je trouvais ça convivial, mais je me disais: il n'y a jamais un café ou un soda? C'est toujours une bière.»

Sur une note plus sérieuse, le comédien âgé de 30 ans, qui est déjà venu présenter des spectacles d'humour à l'occasion du festival Grand Rire de Québec, est loin de louanger les émissions de télévision de son pays.

«J'aime pas la télé française, lance-t-il sans détour. Vous êtes meilleurs que nous là-dessus.»

Selon lui, les Invincibles n'auraient jamais été diffusés dans l'Hexagone si le concept avait d'abord été créé par un Français. «Les chaînes de télé ne l'auraient pas acheté, croit-il. Le fait que ça ait obtenu du succès au Québec change tout. Car sinon, elles ne prennent pas de risques. Elles sont très frileuses.»