Mardi, des millions de téléspectateurs débrancheront leur téléphone pendant deux heures alors que s'amorcera la sixième et dernière saison de la télésérie américaine Lost. Véritable objet de culte chez les amateurs de dramatiques aux mystères (encore) insondables et irrésolus, la télésérie, diffusée sur ABC, a évolué en même temps que le contexte télévisuel qui l'a vu naître : envers et contre les nouvelles forces du web, mais parfois aussi main dans la main avec elles.

L'heure était grave à Washington, en cet après-midi du 8 janvier dernier. Pressé de questions, le porte-parole de la Maison-Blanche, Robert Gibbs, a mis fin aux rumeurs en déclarant: «Je n'entrevois pas un scénario dans lequel des millions de gens qui espèrent voir la conclusion de Lost seraient déboutés par le président.»

 

La confirmation que le président Obama allait livrer son discours à la nation une semaine plus tôt que le 2 février, jour de la diffusion du premier épisode de l'ultime saison de Lost, a été accueillie avec soulagement par les fans de la populaire série. Ceux-ci menaient une cabale sur Twitter pour que le président américain choisisse un autre moment pour discourir sur l'Afghanistan et la réforme du système de santé.

Pourquoi tant de passion? Le phénomène télévisuel Lost, diffusé au réseau ABC (et de retour sur CTV au Canada, après un passage l'an dernier sur la chaîne câblée ATV), connaîtra cette saison son dénouement, tel que promis par l'un de ses créateurs, Carlton Cuse, au terme de la troisième saison, de loin la moins captivante de la série.

Cette «date de péremption» apposée sur Lost a constitué un défi de taille pour ses auteurs. Immanquablement, d'une saison à l'autre, c'était la mise en abysse, sur le plan narratif: chaque finale de saison semblait amener le téléspectateur à imaginer l'univers de la série d'une toute nouvelle manière, avec une perspective différente. Le défi, bien sûr, est de rattacher toutes les histoires, de résoudre toutes les énigmes, avant le mois de mai. Et des énigmes, il y en a...

Lancée en septembre 2004, la série Lost suit les histoires, pour le moins complexes et confondantes, d'un groupe de survivants de l'écrasement d'un avion. Les «pouvoirs» de l'île où sont coincés les passagers se dévoilent au fil des saisons, tout comme l'identité des «Autres», les mystérieux occupants de l'île.

Entre un retour à la terre ferme de certains «perdus», puis leur nécessaire retour dans l'île, les scénaristes semblaient expliquer autant de détails que lancer le téléspectateur sur de nouvelles pistes. La hantise de cette sixième saison serait alors de laisser sur leur faim ces fans qui attendent des réponses à certains mystères récurrents. Or, contrairement aux précédentes saisons, les concepteurs de la série ont, pour l'instant, réussi à freiner les fuites (les spoilers, pour reprendre le terme anglais): aucune image officielle, aucun script n'aurait fait surface dans la constellation de sites web et de blogues qui se consacrent à la série.

L'auditoire, qui a déjà atteint les 23,5 millions de téléspectateurs au début de la deuxième saison, a aujourd'hui rétréci à plus ou moins 10 millions de téléspectateurs. En contrepartie, la série est l'une des plus enregistrées, et surtout l'une des plus téléchargées sur les réseaux de partage de fichiers, tout juste derrière une autre série fantastique, Heroes.

Les néophytes voulant essayer de prendre le train en marche pourront voir demain soir, 19h, sur CTV, le tout premier épisode de la série, diffusé en septembre 2004, suivi à 20h par Final Chapter, un épisode récapitulatif qui tente de résumer cinq saisons en une heure.

Le premier épisode de la sixième saison, LA X (première et deuxième parties), d'une durée de deux heures, sera diffusé sur CTV mardi, à 21h.