La vie publique et même privée de procureurs de la Couronne de Montréal est scrutée de près dans Toute la vérité, la nouvelle série que TVA diffusera le jeudi à 20h, à compter du 28 janvier.

Cette nouvelle dramatique, des auteurs Annie Piérard et Bernard Dansereau, aussi couple dans la vie et duo derrière le succès d'Annie et ses hommes, comprend 20 épisodes dont 10 qui seront présentés en ce début de 2010.

Les deux premiers épisodes, projetés mardi pour la presse dans un restaurant à l'ombre du palais de justice de Montréal, permettent notamment de mesurer les difficultés auxquelles sont confrontés ces avocats dans leur quotidien.

Ainsi, on comprendra dès les premiers instants de la série que le travail de l'avocate Brigitte Desbiens, interprétée par Hélène Florent, n'est pas sans risque, les procureurs du Ministère public faisant souvent l'objet de menaces de la part de criminels qu'ils viennent de faire condamner.

Toute la vérité éduque aussi en matière de justice en révélant les méthodes de travail des avocats. Mais on ne se gêne pas aussi pour montrer les côtés parfois moins glorieux de certains, dont cet avocat novice, Sylvain Régimbald - interprété par Éric Bruneau - issu d'une famille de juristes, certainement pas un exemple à suivre.

Dans les épisodes, on peut voir des cas concrets d'événements qui aboutissent devant le tribunal, comme ce meurtre dans une cause de violence conjugale. Le touchant témoignage de la fillette du couple contre son père accusé viendra sceller l'issue du procès.

Mais l'avocate Desbiens aura plus de difficultés dans une autre cause en raison de preuves refusées au procès. «Un juge plein de marde» dira plus tard en privé maître Desbiens qui n'a vraiment pas digéré la défaite.

La comédienne Hélène Florent est la tête d'affiche des premiers épisodes (on entend aussi sa voix hors-champ), question de mettre tous les personnages dans la bain.

«Le focus est mis sur Brigitte dès le départ, a dit la comédienne qui collectionne les rôles depuis plusieurs années tout en faisant aussi de la caméra. On avait besoin d'un pilier qui fait découvrir les autres personnages au fur et à mesure. Mais plus tard dans la série, on entrera aussi dans la vie de chacun.

«Il fallait être crédible, vrai dans le rapport à la cour, a-t-elle ajouté. Je suis d'ailleurs allée souvent en cour pour voir le travail des avocats. Au tribunal, c'est plus technique, on se lève, on se lève pas, faut convaincre, mais on avait des avocats pour nous aider. En même temps, il ne fallait pas être trop théâtral, pas déconnecté.»

La série nous amène aussi dans la vie personnelle des avocats, avec leurs amours et leurs problèmes quotidiens. Le père de Me Desbiens (joué par Jacques Godin) a de sérieux problèmes de mémoire et le «chum» de l'avocate est un criminaliste, Samuel, (interprété par Patrice Robitaille), un couple peu ordinaire.

«Ça été vraiment le fun de jouer avec Patrice qui est drôle, et intéressant de rentrer dans la vie personnelle de chaque avocat», a ajouté Hélène Florent.

«On s'est amusé avec ces deux avocats aux antipodes, a soutenu le coauteur Bernard Dansereau. Est-ce possible qu'un avocat de la Couronne et l'autre de la Défense couchent ensemble? Est-ce que le couple est solide de chaque côté? Mais il y a des cas et on a eu du plaisir avec ce genre Roméo et Juliette.»

Il aura fallu beaucoup de doigté pour réaliser la série. Pas moins de 80 personnes, dont des avocats de la Couronne et de pratique privée, ainsi que des juges, des psychiatres, des policiers et divers experts, ont été consultés par les auteurs.

«On a commencé par regarder les causes importantes des dernières années et rencontré les gens impliqués, a confié Dansereau en parlant de son équipe sur le terrain. On a donc vu des avocats, des deux bords, et d'autres intervenants afin d'aller voir ce qui se passait. Des avocats ont lu et relu notre travail. Et trois avocats sont devenus des collaborateurs au scénario à partir de la cinquième émission. Ils écrivent avec nous.

«Tu ne peux jamais te fier à ce qu'un seul avocat va dire. On a une réalité à Montréal. Il faut aller voir plusieurs sources», a-t-il déclaré.

Hélène di Salvo, une procureure de la Couronne connue à Montréal, a été consultée afin de parler de son travail, mais on n'a pas abordé ses causes.

Denis Bouchard, Julie Le Breton, Émile Proulx-Cloutier, Maude Guérin, Geneviève Brouillette, Catherine Proulx-Lemay et Angèle Coutu, notamment, sont les autres vedettes de cette série qui aura coûté en moyenne 540 000 $ par émission, un coût peu élevé pour une série d'envergure.

La cinéaste Lyne Charlebois a réalisé les six premiers épisodes, puis Brigitte Couture a fait les quatre autres qui seront vus cette saison.