Dans le registre comique, Anthony Kavanagh triomphe depuis le 10 novembre au théâtre du Gymnase à Paris. Voilà qu'il rencontre le succès dans son premier rôle sérieux à la télévision.

Mardi soir, le téléfilm Les amants de l'ombre, dans lequel il tenait le rôle principal, a offert à France 3 une de ses meilleures audiences de l'année. Exceptionnellement, la deuxième chaîne publique, avec 15,6 pour cent de part de marché, s'est classée au deuxième rang du prime time, derrière TF1, qui a attiré 26 pour cent des téléspectateurs avec un match de soccer très important entre Marseille et le Real Madrid.

Dans ce drame historique et sentimental, qui révèle un aspect mal connu du Débarquement, Kavanagh incarne Gary La Rochelle, un soldat américain venu libérer la France en 1944 et qui vit une histoire d'amour brisée par le racisme avec une jeune Française.

Dans l'ensemble la critique a jugé que le Québécois s'y était révélé convaincant. C'est déjà beaucoup dans un pays où on se méfie des humoristes qui tentent de passer aux choses sérieuses, comme le fit Coluche en son temps dans Ciao Pantin.

«C'est un rôle qui m'a offert une belle palette d'émotions. Ce n'est pas un contre-emploi, c'est un emploi tout simplement», s'est amusé à répondre Kavanagh aux journalistes qui s'étonnaient de le voir changer de registre.

Forcément, le Québécois d'origine haïtienne a été retenu pour ce rôle parce qu'il est noir (et qu'il parle anglais). Il a d'ailleurs profité de la campagne de promotion du film pour déplorer le manque de diversité dans les médias français.

«En France, je galère depuis plus de dix ans pour décrocher des rôles sérieux ou d'envergure au cinéma et à la télévision, a-t-il dans une des nombreuses entrevues qu'il a accordées. Certains professionnels expliquent à mon agent que je ne peux pas interpréter un médecin, ou un Monsieur Durand, parce que le scénario ne précise pas que le personnage est noir (...). Le petit écran et cinéma ne représentent pas la diversité de la population. Avant j'étais contre les quotas, mais maintenant je suis pour à 100 pour cent.»

Avant de jouer dans Les amants de l'ombre, Anthony Kavanagh avait tenu au cinéma le premier rôle masculin d'Agathe Cléry, du réalisateur Etienne Chatiliez (1,3 million d'entrées). Plus récemment, il a joué un Québécois homosexuel dans La fille au fond du verre à saké, une sitcom brièvement diffusée sur Canal plus.

Le Québécois est à l'affiche au Gymnase jusqu'au 2 janvier. Depuis quelques semaines, il est aussi l'heureux papa d'un petit garçon.