Des témoins d'événements majeurs survenus au cours des 40 dernières années ont participé à quatre émissions spéciales portant sur les années vécues par Bernard Derome à la barre du Téléjournal de Radio-Canada.

Pour cette série intitulée Les Années Derome, diffusée le jeudi à 20h du 26 novembre au 17 décembre, des gens connus comme l'ancien ministre Claude Charron, l'ex-premier ministre Jean Chrétien, l'astronaute Julie Payette et Nathalie Provost, survivante de la tuerie de Polytechnique survenue il y a près de 20 ans, ont répondu aux questions du célèbre chef d'antenne.

Au Téléjournal pendant 35 ans, M. Derome a pu obtenir des confidences de l'ex-premier ministre Lucien Bouchard qui parle de la campagne référendaire de 1995 et de la réaction de ses enfants dix ans plus tard. Il dira qu'ils ont versé des larmes en voyant l'émission spéciale «Point de rupture» produite par la société d'État en 2005, émission à laquelle M. Bouchard avait pourtant refusé de participer.

Cette fois, M. Bouchard a dit oui. «Question de confiance», a dit Bernard Derome, qui a réussi un bon coup en obtenant la collaboration de celui qui s'est fait pour le moins discret sur la question nationale depuis son départ comme premier ministre. Mais dans l'entrevue au cours de laquelle M. Bouchard parle de ses discours improvisés lors de la campagne référendaire de 1995, on ne saura pas si l'ex-premier ministre québécois est encore souverainiste.

Pour chaque émission, portant sur une décennie, une ou deux personnes impliquées dans un événement majeur se fait interviewer par l'ex-lecteur du bulletin de 22 heures à Radio-Canada.

«On ne peut pas tout dire sur 40 ans», a expliqué M. Derome, lundi, après le visionnement de la première émission et des segments des trois autres.

«Il a fallu voir quel genre d'émission on voulait. On s'est alors dit: revoyons des gens qui ont fait l'actualité, qui ont vécu les événements», a-t-il ajouté.

Pour la première émission, portant sur les années 1970, il était tout à fait normal de voir la crise d'octobre en tête de liste. C'est à ce moment que Bernard Derome est devenu la vedette journaliste des ondes de la société d'État.

L'ex-felquiste Paul Rose lui a accordé une entrevue qui a duré deux heures et demie. Des segments seront aussi utilisés l'an prochain pour le 40e anniversaire de la crise d'octobre.

Rose parlera de son cheminement politique et des actions «précipitées» lors des événements ayant conduit à l'enlèvement du diplomate James Cross et à celui du ministre québécois Pierre Laporte, assassiné par le Front de libération du Québec.

Le ministre de la Justice de l'époque, Jérôme Choquette, dira pour sa part que son négociateur faisait semblant de négocier pour la libération des otages avec l'avocat du FLQ, Robert Lemieux, donnant ainsi raison à ce qu'affirmait déjà le journaliste Derome à l'époque. «Il y avait beaucoup d'émotions à cette époque, a soutenu l'ex-chef d'antenne. On marchait sur des oeufs. Robert Bourassa avait dit pourtant dans son livre avant de mourir qu'il avait une marge de manoeuvre pour négocier avec le FLQ. Finalement, les événements m'ont donné raison.»

D'autres personnalités connues participent aussi aux émissions pour commenter divers événements survenus tout au long de la décennie retenue. La dernière partie est une sorte de «coup de coeur», alors qu'une autre personnalité - issue du monde culturel ou social - répond aussi aux questions de Bernard Derome.

Robert Charlebois, Daniel Lemire, Joe Clark, Pierre-Marc Johnson, le père Benoît Lacroix, Karine Vanasse, Dan Bigras et Louise Arbour, qui a déjà été haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, ont aussi accepté de participer aux Années Derome.

Les émissions seront en rediffusion les quatre premiers samedis de décembre à 14h à la télévision de Radio-Canada, ainsi que le dimanche à 18h à RDI.