Les Canadiens ont été témoins de la guerre des publicités sur la «taxe TV», mais place maintenant au vrai combat.

Durant les deux prochaines semaines à compter de lundi, des représentants de l'industrie canadienne de la télévision comparaîtront devant le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) et se disputeront pour savoir si les câblodistributeurs devraient payer pour le signal des télédiffuseurs généralistes.

Il s'agit de la troisième fois que l'agence fédérale se penche sur cette question au cours des trois dernières années.

Les redevances d'abonnement des câblodistributeurs est indubitablement la plus épineuse des questions portées à l'attention du CRTC. Et pour une raison bien simple: il s'agit d'une question d'argent, de qui pourra en conserver le plus et de qui devra en débourser.

Selon qui effectue le calcul, l'enjeu pourrait se traduire par un transfert de jusqu'à 350 millions $ des entreprises de distribution par câble et par satellite vers les télédiffuseurs généralistes ayant acquis ou produit les émissions de télévision.

Mais plus probablement, les téléspectateurs pourraient voir leur facture mensuelle pour le câble grimper d'entre 2 $ à 10 $.

La bataille est si âprement menée qu'une entreprise de l'une des parties, Rogers Communications (TSX:RCI.B), a argué, avant même le début des audiences, que le président du CRTC, Konrad von Finckenstein, et au moins un autre commissaire devraient se retirer du dossier, parce qu'ils ont déjà proposé l'idée d'une redevance d'abonnement négociée entre les parties.

La requête ne mentionne toutefois pas que M. von Finckenstein et au moins un autre membre du CRTC auraient possiblement déjà voté contre les revendications de Rogers Communications à deux reprises.

Selon Ian Morrison, du groupe Friends of Canadian Broadcasting, les faits écopent lorsque les deux camps concentrent leurs efforts pour se salir mutuellement.

«On dit que la vérité est la première victime d'une guerre, et cela est vrai dans ce cas-ci, a-t-il affirmé. Les personnes ayant vu les annonces publicitaires n'ont aucune idée de qui croire.»

Michael Janigan, du Centre pour la défense de l'intérêt public, abonde dans le sens de M. Morrison, ajoutant qu'il considère comme sans précédent les millions de dollars dépensés par des entreprises réglementées par le CRTC pour tenter de mettre la pression du public sur l'agence fédérale et ainsi influer sur ses décisions.

«Je trouve déroutants les rôles joués par les parties, a-t-il affirmé. Je soupçonne que le CRTC ne soit pas très content.»

Les entreprises de distribution par câble et par satellite derrière la campagne publicitaire «Non à la taxe TV» soutiennent que si elles sont forcées de payer des redevances pour des signaux que des téléspectateurs peuvent recevoir gratuitement avec une télévision munie d'une antenne, elles n'auront d'autre choix que d'exiger aux consommateurs des frais supplémentaires de 10 $ par mois.

Des observateurs indépendants affirment toutefois que ces frais additionnels s'élèveraient probablement plutôt à 2 $ ou à 3 $ par mois.