Lueur d'espoir à Radio-Canada. Après un début d'année difficile, notamment marqué par la suppression de quelque 800 postes en raison d'un manque à gagner de 171 millions, le grand patron de la SRC, Hubert T. Lacroix, semble maintenant entrevoir l'avenir avec plus d'optimisme.

Les raisons? D'abord, la direction la société d'État n'envisage pas l'élimination d'autres emplois. Elle croit également que le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) tranchera enfin en sa faveur pour lui permettre de négocier avec les câblodistributeurs afin de percevoir des redevances.

C'est du moins ce qu'a déclaré hier le président-directeur général de CBC/Radio-Canada à l'issue d'une allocution prononcée devant le Cercle canadien de Montréal sur les défis que devra affronter le radiodiffuseur au cours des prochaines années.

Première bonne nouvelle: la SRC a réussi à vendre une partie de ses actifs. Il y a deux semaines, elle a procédé à une première transaction de 20 millions. «Il nous reste donc 100 millions à aller chercher, a affirmé M. Lacroix. Et ces transactions-là sont déjà identifiées. On sait ce qu'on fait et nous travaillons très fort avec le gouvernement fédéral pour avoir les dernières approbations requises pour nous permettre d'équilibrer notre budget 2009-2010.»

Dans cette optique, les employés de la SRC peuvent pousser un soupir de soulagement puisque la société d'État n'a pas l'intention de procéder à d'autres licenciements. «On espère que la ligne de revenus va tenir, que l'économie tiendra et, dans cet environnement-là, je ne prévois aucune coupe additionnelle», a ajouté le PDG de CBC/Radio-Canada.

Audiences du CRTC

Les audiences du CRTC, le 16 novembre, sur la pertinence pour les chaînes généralistes comme Radio-Canada, TVA et V de percevoir des redevances au même titre que les chaînes spécialisées semblent également donner espoir à M. Lacroix. Pourtant, l'organisme s'est déjà penché à deux reprises sur ce dossier. Chaque fois, il n'a pas permis aux généralistes d'obtenir leur part du gâteau.

«Pourquoi est-ce que je pense que, cette année, ça va être différent? Parce que l'environnement économique a complètement changé, répond-il, optimiste. Il faut qu'il y ait un nouvel équilibre. Sinon, les entreprises de distribution n'auront plus de signal parce qu'on ne sera plus capables de les créer, ces signaux-là, et de les fournir.»

«Tous les radiodiffuseurs publics et privés font face à un nouvel environnement économique et c'est pour ça que le CRTC se repenche sur la question.»

À ce chapitre, M. Lacroix se défend bien de vouloir contribuer à l'augmentation de la facture de câble des consommateurs. Ceux-ci pourraient en effet devoir mettre davantage la main dans leur poche si les chaînes généralistes perçoivent à leur tour des redevances.

Mais pour éviter que les téléspectateurs aient à débourser davantage, il prône le principe de l'utilisateur-payeur. «Il s'agit de préciser l'offre de service en fonction de ce que vous voudrez bien acheter. Ça ne sera pas automatiquement nécessaire pour vous d'avoir tous les signaux», croit-il.

Ombudsman

Par ailleurs, M. Lacroix a également été invité à commenter le rapport de l'ombudsman de Radio-Canada, Julie Miville-Dechêne. Rendu public le 23 septembre, le document a fait peu de bruit dans les médias. Pourtant, il reproche à la SRC d'avoir manqué d'objectivité dans la couverture des événements entourant ses propres compressions budgétaires.

«Radio-Canada a beaucoup couvert les compressions qui l'affectaient, pas toujours avec le recul et la neutralité nécessaires», peut-on lire dans le document d'une cinquantaine de pages. Cependant, l'ombudsman ne s'étend pas davantage sur la question puisque cette couverture n'a fait l'objet d'aucune plainte.

«Je suis au courant des commentaires de l'ombudsman, a pour sa part affirmé M. Lacroix. J'ai très confiance en notre habileté à couvrir nos histoires d'une façon professionnelle et sans parti pris. Alors, on prendra en considération les commentaires de Julie Miville-Dechêne.»

Le rapport faisait également état d'une augmentation des plaintes pour l'année 2008-2009 par rapport à l'année précédente. Ce nombre est passé de 1020 en 2007-2008 à 1449 - dont 768 relatives à l'information - cette année.

«Cette hausse est en partie due aux campagnes électorales fédérale et québécoise, écrit l'ombudsman. Peut-être aussi que les efforts consacrés à rendre le bureau de l'ombudsman plus connu portent leurs fruits.»