Radio-Canada est pris à la gorge financièrement. À tel point que la vente des immeubles abritant certains studios de la SRC situés à différents endroits au pays est envisagée afin de permettre à la société d'État de se remettre à flot.

«Chaque dollar, dans le moment, qui n'est plus disponible ou qui nous est retiré amène des conséquences», a affirmé mardi le président-directeur général de CBC/Radio-Canada, Hubert T. Lacroix au cours d'une entrevue accordée à La Presse, à son bureau de Montréal.

Durement touchée depuis quelques mois par de nombreuses compressions budgétaires, la société d'État cherche pas tous les moyens à équilibrer son budget.

«J'attends toujours que le gouvernement, le Conseil du trésor me donnent les approbations requises pour me permettre de vendre 125 millions de $ de mes actifs pour équilibrer le budget», déclare sans détour M. Lacroix. Le PDG espère obtenir des réponses de la part d'Ottawa d'ici septembre.

Depuis quelques mois, les employés de Radio-Canada ont reçu une pluie de mauvaises nouvelles. En plus de la suppression de 800 postes à travers le pays, en raison d'un manque à gagner de 171 millions, la SRC pourrait également voir son budget amputé de 56 millions de $. En effet, le gouvernement fédéral demande chaque année à différents ministères, agences et sociétés d'État de procéder à l'examen de leurs dépenses et d'identifier les programmes considérés comme étant moins prioritaires ou qui ne répondent plus aux objectifs.

Cet exercice auquel doit se soumettre cette année la SRC arrive à un bien mauvais moment et M. Lacroix voit mal comment il pourrait se passer d'une telle somme. «Il y a des limites qui vont venir très rapidement nous frapper si, constamment, notre financement est mis en jeu», souligne-t-il.

Et certains signes ne trompent pas. «Il y a des dramatiques qui ont déjà été mises sur la glace et il va y en avoir d'autres, souligne M. Lacroix. Évidemment, il va y avoir, à un moment donné, plus de reprises. Il va avoir y avoir, dans les téléjournaux, des émissions régionales qui vont être regroupées dans des émissions nationales.»

(ST) Saine relation

Par ailleurs, malgré les difficultés que traverse Radio-Canada depuis plusieurs mois, le grand patron de la SRC assure qu'il n'est pas à couteaux tirés avec le ministre du Patrimoine, James Moore. Ce dernier a été la cible de plusieurs critiques de la part des partis d'opposition, qui l'ont accusé de ne pas se soucier de l'avenir de la société d'État.

«James Moore, c'est un jeune homme qui consomme ses produits de médias par ipod, qui télécharge nos émissions, qui connaît bien CBC/Radio-Canada, dit-il. J'ai confiance en lui pour piloter notre dossier au sein du gouvernement conservateur.»

Plusieurs personnalités publiques impliquées dans le mouvement d'appui à la SRC (comme l'ancien président de la CSN, Gérald Larose ou encore Yves Lambert,figure de la musique traditionnelle au pays) ainsi que des représentants du Syndicat des communications de Radio-Canada n'ont pas hésité à blâmer les conservateurs pour ses décisions prises dans le dossier.