Un reportage de nouvelles destiné au Téléjournal peut-il ensuite être diffusé sur les ondes de la Première Chaîne? Visiblement, oui. Conséquence des compressions budgétaires ou volonté de travailler sur plusieurs plateformes à la fois, cette pratique, déjà existante, pourrait devenir de plus en plus courante à la SRC et ce, au détriment de la diversité des voix présentées à l'antenne.

C'est du moins ce que craint le président du Syndicat des communications de Radio-Canada, Alex Levasseur. Ainsi, lorsque vous écoutez le bulletin d'information de 8h à la radio de Radio-Canada, il se peut que vous reconnaissiez la voix d'un journaliste télé présentant le même reportage - avec quelques petites variantes - diffusé la veille au Téléjournal. «L'employeur veut réduire les équipes mais en même temps il ne veut rien manquer, souligne M. Levasseur. Forcément, ça nous amène à avoir une certaine uniformité entre ce que l'on voit à la télé et ce qu'on entend à la radio.»

S'il assure que son syndicat ne s'oppose pas au principe du travail multiplateforme - qui fait en sorte que le même journaliste puisse à la fois réaliser un reportage pour la télévision, la radio et sur le web - M. Levasseur invite toutefois à la prudence. «Est-ce qu'on va donner au médium radio la même rapidité qu'il aurait si le journaliste n'était pas obligé de faire sa couverture télé? La radio, sa beauté, c'est l'instantanéité. Forcément, si on réduit le nombre d'employés affectés à une couverture, il y a une contrepartie à payer», fait-il remarquer.

Rappelons que d'ici un an, les services de nouvelles télé, radio et Internet vont être physiquement regroupés au même endroit, ce qui n'est pas le cas présentement.

Pour sa part, le directeur de l'information de Radio-Canada, Alain Saulnier, assure qu'il n'a nullement l'intention de faire en sorte que la radio devienne un clone la télé ou vice-versa. Il explique toutefois que, sur des thèmes très précis comme l'économie et les sciences ou encore dans le cas d'enquêtes journalistiques, notamment celles réalisées par Alain Gravel et Marie-Maude Denis dans le dossier de la FTQ-Construction, la SRC souhaite faire appel aux mêmes journalistes pour les différents médiums.

«Les expertises uniques de Radio-Canada, si on est capables de les mettre en valeur, on va le faire, mais toujours dans le respect des personnalités de chacun des médias», dit-il.

M. Saulnier a également tenu à rappeler que cette pratique, qui existe déjà depuis plusieurs années, n'est aucunement liée aux compressions budgétaires et à la suppression de 800 postes au pays.