Il y a quelques semaines, Susan Boyle était une vieille fille au chômage vivant dans un modeste logement social. Favorite pour la finale samedi d'un concours de talents télévisé, cette Écossaise à la voix d'ange est aujourd'hui une star de la chanson courtisée dans le monde entier.

Susan Boyle, 48 ans, est sortie de l'anonymat quand elle s'est mise à entonner, le 11 avril dernier, un morceau de la comédie musicale Les Misérables lors d'une audition de Britain's Got Talent, le très regardé concours de talents de la chaîne britannique ITV.

Médusés, les membres du jury pourtant peu prompts à la clémence ont alors découvert que se cachait une voix d'ange derrière cette Écossaise au physique ingrat, au sourcil épais et aux cheveux poivre et sel ébouriffés.

La performance a vite fait le tour de la planète YouTube. Des vidéos d'elle y ont été consultées plus de 100 millions de fois, lui valant de faire le tour des médias, des États-Unis jusqu'en Chine, du Japon jusqu'en Australie.

On a découvert une voix de «soprano» à une femme dont l'expérience se résumait jusqu'alors aux chorales d'églises et aux karaokés dans les pubs. Des célébrités ont rejoint son «fan club», comme l'actrice américaine Demi Moore ou son compatriote le rockeur Jon Bon Jovi.

«Le monde entier est fou d'elle», commentait le mois dernier Piers Morgan, un des juges de l'émission britannique. «Elle a au moins réussi ça», a-t-il ajouté, comme pour anticiper une possible défaite en finale samedi.

Même en cas d'échec, Susan Boyle aura en effet déjà vécu son conte de fées. Née en Écosse en 1961 dans une famille d'immigrés irlandais - un père manutentionnaire et une mère dactylo -, Susan Boyle avait bien failli ne jamais voir le jour parmi la fratrie de onze enfants.

Lors d'un accouchement difficile - sa mère avait alors 47 ans -, le bébé avait été un court instant privé d'oxygène. A l'école, on dit d'elle qu'elle a des difficultés à apprendre, on la surnomme «Susie la simplette» et elle fait souvent office de souffre-douleur dans les cours de récréation.

Elle quitte l'école sans guère de diplômes et occupe un emploi de cuisinière pendant six mois seulement, le seul qu'elle a eu de toute sa vie. Après la mort de son père dans les années 90, elle prend soin de sa mère, qui décède à son tour en 2007. Elle vit dorénavant seule dans le logement HLM familial, avec son chat pour seul compagnon.

Elle a avoué n'avoir «jamais été embrassée» par un homme. Sa seule passion, c'est le chant. Elle rêve d'en faire son métier mais n'a jamais dépassé le cap des festivals de son Écosse natale.

Sa candidature semblait être vouée à l'échec quand elle s'est présentée aux éliminatoires de Britain's Got Talent. Mais «l'Ange velu», comme on l'a vite surnommée, a cloué le bec de ses détracteurs dès qu'elle a commencé à chanter.

Et la gloire ne s'est pas envolée depuis. Elle est apparue dans l'émission américaine d'Oprah Winfrey et son nom a été mentionné dans les Simpsons et South Park.

Mais la cendrillon des talent-shows veut garder les pieds sur terre. «Pourquoi je devrais changer?», demandait-elle récemment dans l'émission de l'Américain Larry King, avant de retrouver son sens de l'humour. «Je ne vais certainement plus rester célibataire longtemps».

Samedi, le vainqueur de la finale de Britain's Got Talent repartira avec un chèque de 100 000 livres et la perspective d'un spectacle devant la reine Elizabeth II.

Mais à en croire la presse, qu'elle gagne ou non samedi, Susan Boyle pourrait également signer un juteux contrat avec une maison de disques ou décrocher un rôle dans une comédie musicale dans le West End londonien.