Départs à la retraite, postes abolis: les coupes annoncées en mars par Radio-Canada deviennent peu à peu bien concrètes. À preuve, une soixantaine d'employés du service français du diffuseur public apprendront cette semaine qu'ils perdront sous peu leur emploi tandis que 183 autres prendront le chemin de la retraite d'ici la fin de l'été.

Pour le moment, le nombre total de travailleurs qui quitteront le service français - incluant notamment les journalistes, les employés des Ressources humaines et des Finances - s'élève à 243, selon les données fournies par le responsable des affaires institutionnelles de Radio-Canada, Marco Dubé. Des postes actuellement vacants disparaîtront également. Du côté anglophone, on dénombre 100 départs à la retraite et 180 mises à pied. Ces chiffres ne donnent toutefois pas un portrait réel de la situation, dénonce le Syndicat des communications de Radio-Canada qui craint que le nombre de salariés touchés par les suppressions soit bien supérieur à celui avancé par la direction.

«À ces chiffres-là, il faudrait en additionner bien d'autres, prétend le président du syndicat, Alex Levasseur. On ne nous donne pas le portrait exact.» Selon lui, bon nombre de postes considérés comme vacants, mais qui sont actuellement occupés par des temporaires, risquent également de disparaître. Conséquemment, plusieurs surnuméraires pourraient se retrouver sans travail. Les emplois occupés par des contractuels ne sont pas non plus comptabilisés par la direction. Or, certains d'entre eux risquent également d'écoper, croit M. Levasseur.

Afin de combler un manque à gagner de 171 millions, CBC/Radio-Canada a décidé d'abolir 800 postes, dont 336 du côté francophone. Et le régime minceur de la société d'État a bel et bien été entamé. Les employés admissibles au programme de départs volontaires ont su la semaine dernière si leur demande avait été acceptée ou rejetée. Puis, au cours des derniers jours, les avis concernant la suppression des postes excédentaires ont commencé à être envoyés aux membres du personnel touchés.

D'autres mises à pied possibles

Pour le moment, la direction ne peut dire si d'autres employés du service français - en plus des 60 déjà identifiés - seront mis à pied.

«Je ne peux pas dire pour l'instant s'il y en aura d'autres, mentionne Marco Dubé. On suit les processus qui sont établis. Ce que nous voulons, c'est minimiser l'impact de ces compressions-là sur le personnel, assure-t-il. Il y a certains postes dans l'entreprise qui étaient vacants et qui ne seront pas comblés. Tout ça a un impact sur le nombre d'emplois qui disparaissent.»

M. Dubé souligne également le fait que plus de la moitié des emplois abolis sont des départs à la retraite et contribuent ainsi à diminuer les pertes d'emplois.

Le syndicat ne voit pas les choses du même oeil. «Le principe de partir à la retraite plutôt que d'avoir des mises à pied, on est tout à fait favorables à ça, assure Alex Levasseur. Le problème pour nous, il n'est pas là. Dans les faits, il y a bien d'autres postes qui sont coupés.» Et en ce qui concerne ces emplois, le syndicat déplore le fait que la direction ne lui fournisse aucune information et ne révèle aucun chiffre.

Pour cette raison, les parties syndicales et patronales se sont rencontrées hier devant le Conseil canadien des relations industrielles. D'autres discussions auront lieu aujourd'hui. «On ne s'entend pas sur la façon dont tout ça doit être géré en fonction de la convention collective, soutient M. Levasseur. On a des positions assez éloignées l'une de l'autre.»

À l'écran: plus de reprises

Par ailleurs, les coupes annoncées en mars ont également des impacts sur la programmation francophone de Radio-Canada. Les téléspectateurs verront notamment davantage de reprises et moins d'émissions jeunesse. Mais en ce qui concerne la grille horaire d'automne de Radio-Canada dévoilée cette semaine, le directeur des communications, Marc Pichette, estime que les téléspectateurs ne devraient pas percevoir de grandes différences.

«On a été capables de concocter une grille à la hauteur de l'argent que l'on avait», conclut-il.