Le Groupe TVA a demandé lundi au CRTC de revoir la pertinence de certains quotas touchant sa programmation.

«La créativité et les quotas ne font pas bon ménage», a lancé au CRTC le président et chef de la direction du Groupe TVA, Pierre Dion.

Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) étudie depuis jeudi dernier les dossiers de renouvellement des licences des télévisions généralistes privées du Canada.

Lundi, la direction de TVA a critiqué les quotas qui encadrent la programmation, notamment les quotas d'émissions dites prioritaires (dramatiques, émissions de variétés) et les quotas d'émissions canadiennes de 50 et 60 pour cent.

TVA a fait valoir qu'il était déjà le diffuseur qui offre le plus de contenu canadien au pays, soit 88 pour cent, et qu'il n'avait, en conséquence, pas besoin du «carcan» des quotas et des rapports inhérents à remplir.

«C'est du travail inutile, c'est des rapports inutiles, c'est des courriels inutiles, c'est des coups de téléphone inutiles, juste pour prouver que telle ou telle émission fait effectivement la cote du huit heures d'émissions prioritaires. Donc, on se dit, vu, justement, qu'on le fait de toute façon, on pourrait mutuellement, le CRTC et nous, s'éviter cette lourdeur administrative-là», a commenté M. Dion, en entrevue après sa comparution.

En revanche, la direction de TVA s'est dite prête à investir 70 pour cent de ses dépenses en émissions canadiennes sur une base annuelle, plutôt que 50 pour cent de ses coûts de programmation.

«On est un bon joueur, en termes de contenu québécois, parce que c'est au coeur de notre stratégie et c'est ce que les consommateurs adorent. Alors TVA se tirerait dans le pied d'abandonner graduellement cet engagement-là de contenu québécois», a justifié M. Dion.

Programmation locale

TVA s'est engagé à maintenir ses émissions locales dans ses stations régionales, pour une durée de trois heures et dix minutes par semaine, sauf à Québec, où il veut les réduire de 21 à 18 heures.

M. Dion a affirmé qu'il ne s'agissait pas tant d'une réduction de la programmation locale à Québec que d'une utilisation différente des ressources afin d'accroître la production de Québec pour le réseau national de TVA.

Il a également soulevé la possibilité que la production locale de Québec serve désormais aux chaînes spécialisées de TVA. Et la production locale à Québec sert déjà aussi les autres plateformes de diffusion de TVA, comme les nouvelles sur internet, a souligné M. Dion.

Durée de la licence

M. Dion a aussi proposé une durée de licence de trois ans, mais à certaines conditions. M. Dion croit qu'une durée d'un an, comme l'ont évoqué certains, serait trop courte et ne permettrait pas de vérifier si les engagements pris ont été réalisés.

Habituellement, la durée des licences est de sept ans. Mais le président du CRTC, Konrad von Finckenstein, a déjà indiqué que «dans le contexte économique actuel, il serait bien difficile de fixer des conditions de licence valables à long terme».

«On serait d'accord à avoir trois ans, s'il y a des changements importants, des actions concrètes qui sont prises par rapport à nos demandes, a dit M. Dion en entrevue. Si, par contre, il n'y a pas d'action concrète, à ce moment-là, on dit que c'est un an. Et même un an, ce serait trop long, parce qu'on va se retrouver au même point de départ l'an prochain, à réexpliquer exactement les mêmes problématiques qu'on a expliquées aujourd'hui, mais probablement dans une industrie qui va être encore plus dans un état en décroissance. Trois ans nous permettrait de voir si ces actions-là ont porté fruit et cela nous permettrait d'aller au-delà de la période de la transition numérique du 31 août 2011.»

Ouest canadien

TVA, qui a une licence nationale au Canada, a aussi surpris en proposant d'ouvrir un poste de journaliste pour couvrir l'Ontario et l'Ouest canadien.

«On perd 800 000 $ par année à distribuer un signal à travers le Canada, a dit M. Dion en entrevue. Nous on voudrait continuer à le distribuer même si on a une perte. Par contre on a certains engagements qui nous avaient été demandés par le CRTC. On aimerait remplacer ces engagements-là par une présence de ce fameux journaliste-là qu'on pourrait avoir en Ontario et dans l'Ouest canadien. Ça ferait qu'on pense que ça permettrait aux francophones hors-Québec de se retrouver sur une base pratiquement quotidienne, de par ce journaliste-là, qui ferait les nouvelles à TVA, sur LCN et autres.»