Bien que dans la jeune trentaine, Sophie Cadieux et Vincent Bolduc incarnent des adolescents depuis leurs débuts.Avec Tactik, émission quotidienne pour les 9-12 ans (Télé-Québec, 18h30, et dont Bolduc cosigne les textes), ils sautent enfin le pas et deviennent... des parents. De jeunes parents, mais des parents tout de même. Et c'est un véritable plaisir que de les voir jouer aux côtés de «vrais» jeunes comédiens doués, comme ceux de Tactik, où soccer, amitiés et relations familiales se mêlent vraiment, comme dans la vie.

«Quand on m'a pressentie pour jouer le rôle d'une mère dans Tactik, je me suis demandé s'il fallait que je «fasse la madame», ce qui n'est pas mon fort, explique Sophie Cadieux. Alors, j'y suis allée avec ce que je suis, pas madame. Et j'ai eu le rôle parce que des mères qui le sont devenues très jeunes mais qui ont décidé de mettre leur carrière de l'avant, ça existe.» Dans Tactik, en ondes depuis lundi dernier, Sophie Cadieux incarne en effet Sophie, qui a eu un fils avec Jeff (Vincent Bolduc) quand tous deux avaient 17 ans. Tant Jeff, comédien, que Sophie, productrice de spectacles à l'international, aiment leur fils Théo, mais disons qu'ils sont pas mal plus enfants que leur garçon, obnubilés par leur travail. Et séparés, ce que Théo trouve difficile à vivre.

 

«Alex Veilleux et moi, on n'a pas écrit le rôle de Jeff pour moi, explique Vincent Bolduc. Mais on voulait que ce personnage soit un artiste populaire, peut-être un chanteur, un humoriste. Et puis, finalement, c'est devenu un comédien, et j'en suis un. Et c'est le père d'un jeune garçon (Théo, joué par Benjamin Chouinard), et j'en suis un aussi (Vincent est le papa de Sacha, 9 ans). J'ai d'ailleurs beaucoup observé mon fils quand il jouait au soccer et m'en suis inspiré au moment de l'écriture.»

Âgés de 13, 14 ans, tous les jeunes comédiens qui incarnent les préados dans Tactik jouent très bien, très naturellement: «C'est parce qu'ils ont beaucoup d'expérience, explique Sophie Cadieux en riant. Un jour, en parlant avec Benjamin, on a réalisé qu'on avait tous les deux le même nombre d'années de métier, huit ans! En fait, Benjamin a fait pas mal plus de cinéma que moi!»

Ni meilleurs ni pires

Outre le fait qu'elle est intelligente, pas didactique, enjouée et qu'elle est centrée sur des préados, un des grands charmes de cette nouvelle émission, c'est d'être tournée principalement en extérieur, sur des terrains de soccer ou de jeux - en fait, on n'a pas vu autant de scènes extérieures depuis... Le temps d'une paix? «On n'arrête pas de dire aux enfants de jouer dehors, mais on ne le montre jamais, explique Vincent Bolduc en riant. C'est une idée de Jean-Pierre Morin (président de VivaVision, producteur du Club des 100 watts, Watatatow, Ramdam, Tactik, etc.) de montrer vraiment du sport, dehors, et un sport d'équipe, comme le soccer l'est.»

La majorité des comédiens adultes n'ont jamais joué au soccer: «Je suis une grande fan de la Coupe du monde, dit Sophie Cadieux, mais les coups dans les tibias reçus au primaire quand j'ai essayé de jouer, ça a réglé le cas!» «Moi non plus, je n'ai jamais joué, dit Vincent, mais Frédéric Pierre (qui incarne l'entraîneur Reda dans Tactik) a manifestement déjà manié le ballon!» Manifestement!

«Ce qu'on voulait en écrivant cette émission, Alex (Veilleux) et moi, c'était montrer des parents et des enfants imparfaits, qui vivent différemment à la maison, financièrement, mais aussi émotivement, poursuit Bolduc. Comme il y a trois familles (la famille bohème St-Cyr, la famille adoptive Langevin, la famille performante Desmarais-Rondeau), ça nous permettait de traiter le même sujet selon trois angles, tous valables, mais différents.»

«Ça nous importait aussi de présenter des préados qui ne sont ni les meilleurs ni les pires. Ils sont juste parfois les meilleurs, parfois les pires, comme dans la vie. L'émission s'appelle Tactik parce que c'est un terme de soccer, mais aussi parce que la préadolescence est une période où on passe son temps à penser à ce qu'on va dire avant de le dire, à calculer ce qu'on dit, comment on le dit et est-ce qu'on le dit...»

Le rythme et la caméra (qui rappellent la facture de Rumeurs), les extérieurs, les comédiens et l'humour pas gnangnan sont autant de plaisirs dans Tactik, qui devrait facilement prendre sa place, après les années Ramdam. Sans compter que, ô bonheur, Stéphane Crête y tient de nouveau le rôle d'un méchant qu'on aime détester, c'est-à-dire un entraîneur vraiment pénible. Un peu comme si Brad Spitfire avait décidé de prendre la tête d'une équipe de soccer sur un terrain près de chez vous...

Tactik, du lundi au vendredi, 18h30, à Télé-Québec.