Siéger aux Communes et animer une émission quotidienne à la télévision, comme le fait André Arthur depuis près de deux semaines à TQS, exige tellement de temps et d'énergie qu'il est presque impossible d'occuper les deux fonctions sans négliger l'une d'elles, soutiennent d'anciens députés devenus chroniqueurs dans les médias.

«Le job, c'est un job à temps plein, lance sans détour l'ancienne ministre du Patrimoine du Canada, Liza Frulla, actuellement commentatrice pour Le club des ex, à RDI. Comme député, tu ne fais pas juste de la figuration. À occuper les deux fonctions, il y en a une des deux qui va en souffrir.»M. Arthur envoie un bien mauvais message à ses électeurs, pense Mme Frulla. «C'est comme si ces électeurs n'avaient pas besoin de lui», dit-elle en rappelant que le député ne l'a emporté que par 662 voix de majorité sur son rival bloquiste.

L'ex-député péquiste Jean-Pierre Charbonneau qualifie pour sa part «d'inacceptable» le fait qu'André Arthur porte à la fois la casquette d'animateur et celle de député. «Lorsqu'on est payé 150 000 $ par année pour exercer son rôle de député, on doit s'y consacrer à temps plein», croit-il.

Il rappelle qu'en tant que parlementaire, M. Arthur doit - en plus de siéger en Chambre - rencontrer les citoyens de sa circonscription, parler avec les représentants de différents organismes, participer à des événements.

Présentement, l'émission de M. Arthur - Le midi - est tournée à Québec. Lorsque le député de Portneuf-Jacques-Cartier devra être à Ottawa, toutefois, l'enregistrement se fera dans la capitale fédérale, assure-t-on à TQS.

M. Charbonneau s'inquiète également de voir le coloré animateur faire des entrevues avec d'autres députés. Lors de la première semaine de diffusion de son émission, André Arthur a en effet interrogé le député réélu de Beauce, Maxime Bernier. Il a profité de sa tribune pour prendre la défense de l'ex-ministre des Affaires étrangères qui a été critiqué après avoir apporté des Jos. Louis aux soldats canadiens en Afghanistan. Aux élections du 14 octobre, les conservateurs n'ont présenté aucun candidat contre André Arthur.

«À un moment donné, on ne sait plus si c'est le député qui parle, souligne Jean-Pierre Charbonneau. On ne sait jamais quelles sont les intentions derrière les propos.»

C'est d'ailleurs pour cette raison que la députée bloquiste de Québec, Christiane Gagnon, a décliné il y deux semaines l'invitation qui lui avait été faite de participer à l'émission.

De son côté, la direction de TQS persiste et signe: André Arthur va demeurer en ondes. Le principal intéressé a refusé d'accorder une entrevue à La Presse, hier.