«La police à Montréal-Nord, c'est comme un autre gang de rue», raconte Stanley Bastien ce soir aux Francs-tireurs.

Le chauffeur de taxi parle des perceptions des habitants du quartier. Le ton est calme et posé, les propos sont réfléchis, mais souvent durs. Le policier impliqué dans l'affaire Fredy Villanueva était «quelqu'un qu'on connaissait très bien, comme étant un emmerdeur», finira-t-il par laisser échapper.

M. Bastien est un des interviewés de l'émission spéciale consacrée à Montréal-Nord. À bord de son taxi - «confessionnal ambulant» équipé pour l'occasion de quatre caméras -, l'animateur Patrick Lagacé parle avec l'intervenant Pierreson Vaval, le militant Will Prosper (Montréal-Nord Républik) et Varda Étienne.

 

Le chef de la SPVM, Yvan Delorme, a demandé à être interviewé dans le centre-ville, à côté de son bureau. Denis Coderre, député du quartier, apparaît quant à lui sans avertissement devant les caméras.

À en juger par ces entretiens, les résidants en ont marre de l'image négative associée à leur quartier. Un Bronx, Montréal-Nord? La comparaison choque Pierreson Vaval. «Les gens (en) sont complètement insultés, qu'ils soient blancs, jaunes, rouges ou noirs», lance-t-il.

L'intervenant jeunesse parle de «problèmes structurels» dans la recherche et le traitement de l'information par les policiers. Qu'il y ait ou non profilage racial, les résidants estiment qu'ils en sont victimes. Et en la matière, les perceptions comptent autant que les faits.

Will Prosper assure que «la plupart des flics sont très bons». Il critique ceux qui s'acharnent à distribuer des contraventions inutiles, à cause d'infractions comme cracher par terre, et leurs collègues qui se taisent devant ces abus. Des abus qui ont augmenté, selon lui, depuis l'arrivée de l'escouade Éclipse.

La réponse du chef de la police de Montréal: «On agit sur ce qu'ils font et non sur ce qu'ils sont.» «Il faut faire plus de répression pour rétablir la situation», justifie-t-il.

L'entrevue avec Varda Étienne (Bouge de là, On n'a pas toute la soirée) est riche en contradictions. «Tu me donnes une maison gratuite ici, c'est non merci», avoue l'animatrice d'origine haïtienne. Elle s'aventure une ou deux fois par année à Montréal-Nord pour aller chercher sa «nounou», et elle aurait peur de s'y promener en voiture la nuit. Mais cela ne l'empêche pas de déplorer les clichés associés au quartier. Elle accuse même les médias et des téléspectateurs d'avoir été «contents de voir la merde éclater». «Ils se disent: Ben oui, les osti de nègres, on le savait bien», lance-t-elle sans ambages.

L'émission est diffusée ce soir, 20 h, à Télé-Québec.