Fraîchement réélu dans Portneuf–Jacques-Cartier, le député André Arthur animait hier la première du Midi à TQS. Une situation surréaliste, du jamais-vu à la télévision québécoise.

Premier invité de l'animateur : son grand ami Maxime Bernier, lui aussi réélu en Beauce avec une majorité écrasante, et qui a promis de le regarder chaque midi. Tout le contraire d'un hot seat, l'entrevue était l'équivalent d'un hommage à l'ex-ministre conservateur, qu'il appelait «Maxime». M. Bernier a sans doute connu plus de résistance à La fosse aux lionnes.

André Arthur a défendu Maxime Bernier et qualifié d'«affaire de snobisme» les réactions à l'épisode des Jos Louis. «C'était un bon move, un geste amusant, génial, loyal à votre comté.»

Même député, André Arthur n'al­lait pas s'empêcher de se prononcer sur les résultats des élections fédérales, dans cette émission qui n'est pas une tribune téléphonique. D'entrée de jeu, il s'est demandé pourquoi le Québec avait «bloqué» le gouvernement Harper aux élections de mardi, et a attribué une partie de cette défaite à la réaction hostile de Jean Charest face aux conservateurs durant la campagne. «Il est venu punir les conservateurs de Harper pour avoir osé s'appuyer sur Mario Dumont.»

Mais il a néanmoins félicité le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, qui «a fait la meilleure campagne qu'il pouvait faire», selon lui, de même que la députée de Québec Christiane Gagnon, «l'exception du “mystère Québec” de nos amis “mouréalais” qui n'ont jamais rien compris».

Christiane Gagnon ne voulait pas y être

Sans doute pas la dernière, Chris­tiane Gagnon a refusé l'invitation d'André Arthur pour sa première émission. «Mme Gagnon ne veut pas parler à un animateur qui est en même temps député.»

Sans aucun malaise, M. Arthur a commenté sa propre réélection «par la peau des dents». La lutte serrée alors qu'on le nommait gagnant depuis toujours et ce succès du Bloc dans sa circonscription seraient dus à la division du vote fédéraliste.

Puis, il a voulu prévenir l'auditoire qu'il traitera dans son nouveau rôle des enjeux de sa circonscription. «C'est ma façon à moi de servir mes électeurs qui m'ont fait confiance.» Sûrement une façon de prouver qu'il joue bien son rôle, contrairement à ce qui lui a été reproché, et qu'un député peut aisément animer une émission de télé sans avoir rien à se reprocher.

De retour au petit écran après 29 ans d'absence, Arthur a prédit que le gouvernement en place résisterait moins longtemps que la dernière fois. Le député-animateur prévoit aussi que Stéphane Dion devra se retirer.

Voulant éviter de mettre ses patrons dans l'embarras, il a rappelé que son émission était enregistrée en matinée, et qu'un membre de la direction devait la visionner avant sa diffusion pour s'assurer qu'il n'y avait pas matière à poursuite. «On est rendus là», a-t-il commenté, parlant «des avocats qui gagnent leur vie à poursuivre des stations de radio».

Dans un décor d'une grande laideur, M. Arthur a promis de perdre du poids, lui qui riait autrefois des «gros», et expliqué qu'il portait des noeuds papillon parce «ça ne traî­ne jamais dans ma soupe, ça peut être thématique, ça peut nous permettre de passer un message. Et les femmes adorent!»

André Arthur a déjà écorché le maire Régis Labeaume, parlant d'une «administration qui a un peu de misère à être critiquée».

«Je ne suis en guerre avec personne, j'ai passé cet âge-là», a quand même souligné l'animateur, en fin d'émission. Son style sera-t-il aussi gagnant à la télé qu'à la radio? L'avenir nous le dira.

Le Québec choisit la soirée des élections de TVA

C'est à TVA que les électeurs québécois ont regardé en majorité la soirée des élections, mardi. Alors que le duo Bruneau-Charron a retenu 877 000 téléspectateurs de 21h à minuit, avec une pointe de 1 156 000, l'équipe de Bernard Derome en a attiré en moyenne 590 000. Par contre, RDI a facilement battu LCN, à 139 000 contre 71 000. En 2006, 944 000 téléspectateurs avaient choisi TVA contre 499 000 pour Radio-Canada.