Ça joue du coude dans le merveilleux monde de la télé. TVA vient de tirer la carpette sous les pieds de Radio-Canada en confiant l'animation de son prochain gala Artis, fin avril, au duo comique les Grandes Gueules.

Pour votre gouverne, sachez que José Gaudet et Mario Tessier ont couvé plusieurs projets à Radio-Canada pendant le règne du bouillant et efficace directeur des programmes Mario Clément, qui les voyait notamment à l'animation de Dieu merci!, un projet d'abord mis sur les rails par la SRC. Super Mario a aussi songé au tandem pour concocter un Bye bye (avant les deux savoureux de RBO), pour piloter le grand jeu italien Ciao, Darwin et pour bricoler des capsules de cinq minutes mettant en vedette leurs populaires personnages (Jocelyne, Pierre-Éric Frigo, Ti-Rouge, etc.)

 

Mais manque de bol, c'est TVA qui a finalement mis le grappin sur les droits d'adaptation de Dieu merci! et Mario Canada a claqué la porte de la grande tour, début juin, signant l'arrêt de mort de la carrière de Gaudet et Tessier à la télé publique.

«Le départ de Mario Clément a changé les variétés à Radio-Canada. Je ne suis pas certain que la haute direction pousse autant sur les variétés que le faisait Mario Clément», remarque José Gaudet. Mario Tessier parle «d'un rendez-vous manqué».

«C'est une mauvaise conjoncture, concède la porte-parole de Radio-Canada, Guylaine O'Farrell. Mais on ne ferme pas la porte pour l'avenir.»

En plus du 24e gala Artis, TVA explore «toutes les avenues possibles» pour les Grandes Gueules à son antenne, dans un concept qui reste à mijoter, précise la vice-présidente programmation du «vrai» réseau, France Lauzière. Pour l'instant, le tandem balade son deuxième spectacle, Complices, partout au Québec.

Malgré les critiques qui ont rebaptisé les Artis «le gala où TVA se décerne des trophées», la mécanique de vote ne bougera pas d'un iota en 2009. Les fans rempliront toujours des coupons dans les quotidiens de Quebecor (Le Journal de Montréal, Le Journal de Québec) et voteront sur le portail de l'empire (Canoë) ou dans le Tim Hortons du coin.

Soyons francs: le système actuel ruine les chances d'un artisan de Radio-Canada de poser ses mains sur un Artis. Comment TVA peut-il ensuite prétendre qu'il s'agit «du gala du public» et lorsque le public note, il n'a jamais tort?

«Un système de vote sur lequel nous n'avons aucun mot à dire, je n'en connais pas», note France Lauzière, en glissant que «dans les Tim Hortons, je ne connais pas beaucoup de gens qui n'y vont pas».

La patronne enchaîne: «Le système de vote, c'est un processus d'affaires. Les gagnants arrivent par cycles et il y a des cycles qui favorisent la compétition.»

Et pas question que TVA rentre dans le giron des Gémeaux, même certaines de ses émissions, produites par des boîtes indépendantes (Annie et ses hommes, La promesse), ont raflé 13 trophées lors de la dernière cérémonie. «L'année où (le réalisateur) Jean Lamoureux n'a pas été mis en nomination pour les galas de Star Académie, ç'a été la goutte qui a fait déborder le vase. Nous avons constaté les limites du processus de sélection des Gémeaux. C'est une décision corporative, que j'endosse», détaille France Lauzière.

La commande passée aux Grandes Gueules? Un gala court et punché. «On a trouvé que c'était un peu long l'an passé», remarque France Lauzière.

La question qui tue, maintenant: les Grandes Gueules imiteront-ils René Angélil, le nouveau directeur de Star Académie? Pas certain. En août 2002, le mari de Céline Dion a piqué une sainte colère après que les deux humoristes eurent pondu la parodie A m'énarve, calquée sur I'm Alive. «Nous étions niaiseux et naïfs au point de penser que René Angélil aurait pu trouver ça drôle», se souvient Mario Tessier.