Il n'y a pas que des entrevues de fond à l'agenda de Stéphan Bureau, cet automne. L'animateur de La joute plonge dans l'arène deux fois plutôt qu'une, cette saison.

Harper, Dion, Layton, Duceppe, May Cinq chefs de parti autour d'une même table pendant deux heures. Ce soir, on imagine Stéphan Bureau jouer davantage à l'arbitre qu'à l'animateur lors du débat des chefs (en français, à 20 h). Le deuxième qu'il pilote en huit ans. «J'ai une arme atomique entre les mains, lance-t-il toutefois. Je pourrais fermer le micro de quelqu'un qui s'emporte, qui est irrespectueux ou qui monopolise l'espace.»

 

De quoi montrer qui est le vrai chef autour de la table! N'empêche, rien de tel qu'une escarmouche pour rendre la soirée intéressante. Disons que les formules statiques des années passées ne rendaient pas vraiment justice au terme «débat». Cette fois, les règles ont changé. Pas de lutrin. Les discussions auront lieu autour d'une même table. «Le format est plus souple que jamais, explique Bureau qui sera au Centre national des arts d'Ottawa pour l'occasion. Chacun des chefs aura 45 secondes pour répondre aux questions. Après, les propos ne seront pas minutés, mais j'ai à m'assurer qu'il y ait une équité.»

«Plus il y a de gens à un débat, plus la tâche est difficile pour l'animateur, admet Bureau. Mais je suis content que le Parti vert soit présent. On est tous servis par une pluralité de points de vue.»

La commande est double, cette semaine, pour l'animateur. Car, dans deux jours, il retournera sur son plateau de La joute, à Télé-Québec, pour un tout autre type de débat. Moins formel, sans aucune conséquence sur l'avenir du Canada... et au cours duquel «on dit vraiment ce qu'on pense», selon la journaliste Josée Legault!

Stéphan Bureau se plaît énormément à l'animation de cette nouvelle émission mettant en scène trois débatteurs qui donnent leur opinion sur des sujets dans l'air du temps. «On ne veut pas avoir les défenseurs habituels d'une cause, note l'animateur. Nous invitons simplement des gens capables de débattre. Et il y a un élément ludique, grâce au vote du public, qui force les débatteurs à donner un spectacle. C'est comme un show d'affaires publiques en minijupe!»

On rappelle que La joute (vendredi, 20 h) a pris la place d'Il va y avoir du sport, l'émission de débats qu'animait Marie-France Bazzo depuis quatre saisons. Les deux produits auraient-ils pu coexister? «Je laisserai les gens de Télé-Québec répondre, dit Bureau. La direction a fait ses choix. À mon avis, Marie-France et moi coexistons d'une certaine manière, car Bazzo.tv qu'elle anime aussi est une arène de débats.»

«Cela dit, il en faut des tribunes de débats. On n'en a pas tant que ça au Québec. Et ce sont toujours les mêmes suspects qu'on retrouve au micro: les porte-étendards de causes.»

Avec La joute et le débat des chefs, Stéphan Bureau renoue avec son travail de journaliste, lui qui pilote, depuis quelques années, Les grandes entrevues Juste pour rire (au cours desquelles il s'entretient avec des humoristes) et des galas hommages au Théâtre Saint-Denis pendant le Festival Juste pour rire.

«Avec Les grandes entrevues, on est loin du Point, le cadre est différent, mais il y a le même besoin de savoir. On peut tomber sur le cul avec Pierre Richard au cours d'une Grande entrevue, mais pas au Point. À Juste pour rire, il y a de grands moments d'émotions très riches. Et ça reste de l'entrevue, un métier que je pratique depuis très longtemps.»

Journaliste, Stéphan Bureau dit n'avoir jamais arrêté de l'être depuis son départ du Téléjournal et du Point, il y a cinq ans, pour une aventure avec sac à dos de près de deux ans partout dans le monde. «J'ai l'impression d'être journaliste avec Juste pour rire, dit-il. Pour la préparation des galas hommages, par exemple, la méthode d'investigation est la même, rigoureuse.»

Mais Bureau n'a jamais voulu pratiquer son métier d'une seule façon. Entre deux entrevues de fond pour son émission Contact, à Télé-Québec (prochaine diffusion en 2009), il y aura toujours place à du nouveau dans sa carrière.

«J'ai vécu mes plus belles années professionnelles à la barre du Téléjournal, confie-t-il. Mais si je ne l'avais pas quitté à ce moment, je ne l'aurais jamais fait. Il arrive un temps où on ne trouve pas le courage de bousculer son quotidien. Je trouvais intéressant de savoir s'il y avait une vie après les bulletins de nouvelles.»

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Le débat des chefs, ce soir 20 h, à Radio-Canada, RDI, TVA et LCN.