Maintenant qu'il ne crèche plus au réseau concurrent, gagez-vous que Jean-Luc Mongrain renouera avec la victoire au gala Artis? Pas tout de suite, car sa nouvelle quotidienne ne débutera qu'au printemps 2009 sur les ondes de LCN, mais son nom sortira de l'enveloppe au moins une fois, c'est écrit dans le ciel où valse l'hélicoptère de TVA.

Hier après-midi, les grands patrons de l'information de TVA, Serge Fortin et Martin Cloutier, ne cachaient pas leur fierté d'avoir attrapé dans leurs filets une des plus grandes stars de l'information au Québec. La question qui brûle, maintenant: combien de temps l'ex-chef d'antenne du Grand Journal passera-t-il sur la chaîne d'infos en continu avant de déménager sur l'antenne principale? Six mois? Un an?

Encore ici, l'évidence frappe: on ne repêche pas - et on ne paie pas - un joueur du calibre de Jean-Luc Mongrain pour le confiner à une station qui, même si elle bat maintenant RDI, n'accapare que 2,8% de l'écoute au Québec. On l'imbrique dans tous les bulletins de TVA. On étampe son visage ricaneur sur d'immenses panneaux publicitaires. Bref, on exploite à fond le pouvoir d'attraction de Jean-Luc Mongrain, de même que sa cote d'amour, qui lui ont permis de tenir TQS à bouts de bras pendant 10 ans.

En plus de son émission de 90 minutes, de 10h à 11h30, entourée par celles de Claude Poirier et de Richard Martineau, Jean-Luc Mongrain, 57 ans, a révélé hier qu'il négociait aussi avec Le Journal de Montréal, où il signera une chronique. Questionné à ce sujet, le rédacteur en chef du quotidien de la rue Frontenac, Dany Doucet, a répondu: «Nous annonçons nos nouvelles dans notre journal.» Traduction: oui, c'est vrai.

La convergence du groupe Quebecor, mot que Jean-Luc Mongrain a remplacé hier par «complémentarité», ne l'indispose pas du tout. «Quand tu peux la faire, tu n'as rien contre ça», note-t-il.

Avant d'accepter l'offre de TVA, pardon, de LCN, Jean-Luc Mongrain a sérieusement été courtisé par Radio-Canada, qui lui a proposé d'apparaître autant à la télé, à la radio, que sur son site web. «Il y a eu différentes rencontres exploratoires au cours de l'été. Une offre est effectivement venue de la télévision générale, que Jean-Luc Mongrain a refusée vendredi. Comme il était libre, c'était normal que l'on puisse s'intéresser à lui. C'est un grand communicateur», explique la porte-parole de la SRC, Guylaine O'Farrell, rappelant que le contenu de cette offre demeurerait confidentiel.

Pour l'instant, pas question pour Jean-Luc Mongrain de passer à TVA: il bossera uniquement à LCN, a répété le vice-président information et affaires publiques de TVA, Serge Fortin. Et la durée de son contrat, ai-je demandé plusieurs fois? Réponses vagues, qui ont varié de «plusieurs années» à «pour un bon bout de temps».

Avec l'embauche de celui que l'on surnomme le curé de l'information, LCN espère retenir son audience sur une plus longue période de temps. Car les téléspectateurs ne regardent, en moyenne, que 1h36 de LCN par semaine. «C'était 25 minutes il y a deux ans», nuance le directeur général de l'information de TVA/LCN, Martin Cloutier.

Fidèle à son style, Jean-Luc Mongrain bâtira une émission où il vulgarisera et discutera de l'actualité du jour avec tous les collaborateurs qui grouillent dans la salle des nouvelles de TVA/LCN. «Et je ne serai plus l'homme-tronc des 10 dernières années. Je vais me déplacer, je vais bouger», soutient-il.

Idéalement, Jean-Luc Mongrain, qui consomme 26 heures de télé par semaine, aurait repris le collier en septembre 2009, mais TVA a insisté pour qu'il se lance au printemps. Après la livraison du dernier Grand Journal de TQS, le 23 mai dernier, le chef d'antenne désirait pourtant se retirer pendant au moins un an. «J'ai eu peur quand j'ai pensé à la retraite», confie-t-il.

TVA a réalisé un coup de maître en embauchant la vedette Jean-Luc Mongrain. Personnellement, si je m'appelais Sophie Thibault ou Pierre Bruneau, je sentirais la vapeur brûlante de la locomotive et je me cramponnerais à mon fauteuil en priant que le train chauffé par Mongrain ne m'écrabouille pas sur son passage.