J'adore la métamorphose: Lyne-la-pas-fine deviendra Cathy-casse-couilles dans l'adaptation française des Invincibles, dont le tournage s'amorce lundi, à Strasbourg. Encore plus formidable: c'est une comédienne québécoise, Marie-Ève Perron, qui a été choisie pour camper la chipie menant Carlos par le bout du nez.

Non, attendez. En traversant l'Atlantique, les personnages imaginés par François Létourneau et Jean-François Rivard changent presque tous de nom. Donc, l'acariâtre Cathy-casse-couilles exercera son emprise diabolique sur... Hassan, un Français d'origine turque. Chez nous, Carlos Fréchette (Pierre-François Legendre) a des origines espagnoles et québécoises.

«On espère que le surnom Cathy-casse-couilles sera repris comme Lyne-la-pas-fine chez vous», lance le coproducteur des Invincibles, Stéphane Drouet, que j'ai joint hier en Europe. «Moi, Cathy-casse-couilles, ça me fait rire. J'aime mieux Lyne-la-pas-fine», note François Létourneau.

En France, le nonchalant Pierre-Antoine (François Létourneau) portera le prénom de F-X. Steve (Patrice Robitaille) s'appellera Vince, tandis que le musicien Rémi (Rémi-Pierre Paquin) a été rebaptisé Mano.

La bande dessinée de style Marvel Comics qui rythme la télésérie a aussi subi un important «redrapage» sous forme de manga japonais la France se classant au deuxième rang des pays qui consomment ce type de BD. Les personnages principaux ont hérité des surnoms Furikat (Dark Evil-Hin), Alias (Phantoman), Temero (Magellan), Spirit (Capitaine Liberté) et Bouclius (Psyro).

Soyons honnête: les comédiens européens qui incarneront les quatre antihéros ne jouissent pas d'une notoriété à tout casser. Il s'agit de Jonathan Cohen, Cédric Ben Abdallah, Benjamin Bellecour et Jean-Michel Portal. En fait, la nouvelle distribution des Invincibles comprend deux «vedettes», soit Lou Doillon, la fille de Jane Birkin et Jacques Doillon, qui se glissera dans la peau de Zoé (Jolène, le personnage défendu par Lucie Laurier), de même que Clémentine Célarié, qui jouera Gisèle, la belle-mère de P-A, euh, pardon, de F-X. Clémentine Célarié a été vue dans 37,2 le matin de Jean-Jacques Beineix et dans Les nuits fauves de Cyril Collard.

Quant à Marie-Ève Perron, qui a fêté ses 29 ans hier, elle a été remarquée dans Forêts de Wajdi Mouawad. Connue au théâtre, mais très peu à la télévision ou au cinéma québécois, elle habite Paris depuis 18 mois, indique son agent, Jean-Jacques Desjardins. À sa sortie du Conservatoire, la comédienne a joué dans Gestion de la ressource humaine, une pièce signée... François Létourneau.

Aux auditions, personne ne connaissait les origines québécoises de Marie-Ève Perron, qui a épaté les producteurs français. «C'était la meilleure», tranche Stéphane Drouet.

La prestigieuse (et élitiste) chaîne franco-allemande Arte diffusera le premier épisode des Invincibles à l'automne 2009. Des comédiens allemands doubleront également la série pour le marché germanophone. Autre modification: les Invincibles séviront désormais à Strasbourg, où l'action a été déplacée.

Dans la jeune trentaine, les producteurs français des Invincibles, Stéphane Drouet et Matthieu Viala, «ont tout de suite flashé sur la série», qu'ils ont connue grâce à des amis québécois. «On cherchait une thématique qui parlait aux trentenaires. On avait l'impression que la télé ne parlait pas de nous, et surtout pas d'un point de vue masculin», souffle Stéphane Drouet, qui a contacté la productrice québécoise des Invincibles, Joanne Forgues, avant même que la première saison ne soit bouclée.

Et l'accent? «Au début, on ne comprenait pas tout, rigole Stéphane Drouet. Puis, on a fini par se familiariser avec les expressions.» En février dernier, François Létourneau et Jean-François Rivard ont passé une semaine à Paris pour brasser des idées avec les quatre nouveaux scénaristes des Invincibles. «Rapidement, ç'a cliqué. On sentait qu'ils aimaient beaucoup la série. Ça nous a rassurés. Environ 80% de notre texte est encore là. Il y a des répliques qui sont presque pareilles. Le gros du travail des scénaristes français a été de réduire le nombre d'épisodes de douze à huit», détaille François Létourneau.

Mais comme les épisodes français durent 52 minutes au lieu des 45 au Québec, le matériel original n'a pas trop été élagué, enchaîne Joanne Forgues.

À moins d'un changement de dernière minute, les chansons de Kim Bingham dont le générique d'ouverture devraient être reprises sur Arte. Et comme un autre projet télé a déjà été enregistré sous le titre Les Zinvincibles, la série pourrait tout simplement s'appeler Les 4 Invincibles.