Avant la Reconquista, c'est-à-dire avant l'Espagne unilatéralement chrétienne de 1492, l'Andalousie fut un territoire cosmopolite et tolérant.

Les Maures, qui étaient alors les occupants musulmans dans la péninsule ibérique, avaient permis un riche brassage de cultures où Ibères, Arabes, Juifs, gitans, chrétiens et musulmans cohabitaient pacifiquement. De fabuleuses cultures métisses ont émergé de ce modèle de pluralisme. Le flamenco et la musique arabo-andalouse en sont des exemples éloquents.Voilà qui inspire ces Liaisons andalouses, thème central du Festival du monde arabe de Montréal qui s'amorce ce mercredi au Medley avec un Maure Show pour un «Montréal andalou», c'est-à-dire propice à la cohabitation des cultures.

«Pour l'ouverture cette année, nous avons d'abord voulu donner un avant-goût de la programmation du FMA. Auparavant, le premier spectacle était une création en soi, alors que cette année, nous croyons qu'un résumé dynamique de notre programmation est la meilleure façon d'attirer le public. Il faut aussi souligner que l'humour sera un peu le fil conducteur de cette soirée: Chihab El Khachab, jeune humoriste d'origine égyptienne et résidant d'Ottawa, fera sa première grande présentation», explique Joseph Nakhlé, directeur artistique du FMA.

Ainsi, la soirée d'ouverture du festival, mercredi au Medley, prévoit moult formations regroupant des dizaines d'artistes qui présenteront à leur tour leurs propres spectacles ou concerts - jusqu'au samedi 8 novembre.

En ouverture, donc, la scène du Medley accueillera le compositeur et oudiste Charbel Rouhana, cousin et complice de Marcel Khalifé et considéré parmi les meilleurs musiciens libanais. Montera aussi sur scène le groupe américain Al-andalus, dont la connaissance profonde de la musique arabo-andalouse est un tremplin vers un univers sonore résolument contemporain. Seront également de la partie la formation franco-judéo-arabe Naguila, le musicien et compositeur iranien Dariush Zarbafian, l'oudiste montréalais d'origine marocaine Hassan El Hadi, la formation hip-hop Aks'Ser, d'expression arabe et française, ainsi que le maître gnawa (marocain) Abdelkader Amlil. Enfin, le Maure Show prévoit un volet danse avec Kim Girouard, Shraddah Danielle Blaney et Isabelle Boutin, qui s'intéressent respectivement à l'art indien, au flamenco et aux musiques arabes.

Un caractère rassembleur

«Nous ne prétendons pas au grand concept artistique, nous voulons juste présenter de la meilleure manière la programmation du FMA. En quelque sorte, nous suggérons un petit voyage dans un monde arabe où la musique andalouse sera très présente», indique Joseph Nakhlé.

Au FMA, la métaphore de l'Andalousie pluraliste et tolérante est d'autant plus évocatrice que l'événement a souffert l'an dernier d'une baisse importante de participation. Une des conséquences, selon les organisateurs, du débat sur les accommodements raisonnables.

La tendance serait en train de s'inverser, se réjouit Joseph Nakhlé: «Cette année, les ventes vont bien. Je pense que la vague qui a déferlé sur nous est en train de se dissiper. Elle pourrait cependant être alimentée de nouveau par une actualité qui pourrait nous surprendre. Le monde est très bouleversé...»

Quoi qu'il advienne, le Festival du monde arabe de Montréal compte sur le caractère rassembleur de la musique andalouse, du 29 octobre au 8 novembre.

«On aime beaucoup ce parallèle entre l'Andalousie et Montréal, insiste le directeur artistique du FMA. Dans ce Montréal andalou, on essaie de dépasser les difficultés pour vivre la ville dans toute sa diversité, pour ainsi trouver l'harmonie. Célébrer le Montréal andalou, c'est ramener le mythe de l'Andalousie à notre réalité vécue, et peut-être montrer que Montréal pourrait être aussi un modèle de tolérance repris dans quelques siècles.»

_______________________________________________________________________________________

Maure Show, le spectacle d'ouverture du Festival du monde arabe de Montréal, aura lieu mercredi au Medley, à compter de 19 h. Pour plus d'infos, voir le site: festivalarabe.com