Le 10e Festival Montréal en lumière s'ouvrira le 18 février prochain avec les oeuvres Le vol de Lindbergh/Les sept péchés capitaux de Kurt Weill et de Bertolt Brecht, comme l'a révélé La Presse hier.

Dans cette production de l'Opéra de Lyon qui sera présentée cinq fois, le metteur en scène François Girard et la chorégraphe Marie Chouinard, dirigent 10 chanteurs-comédiens et 16 danseurs, dont la moitié sont de jeunes Lyonnais issus de la rue, des danseurs hip-hop que l'Opéra de Lyon a aidés à devenir champions de France et du monde.

«Ils dansaient devant l'Opéra, face à la mairie de Lyon. Comme nous voulions récupérer cet espace, nous leur avons offert une salle de répétition à l'intérieur. Ces jeunes ont finalement trouvé leur place sur la grande scène et ils voyagent maintenant dans le monde», raconte le directeur de l'Opéra de Lyon, Serge Dorny.

Habituée de travailler seule dans son coin, la chorégraphe Marie Chouinard a accepté pour Les sept péchés capitaux de s'«insérer» dans la mise en scène de François Girard, et de travailler avec de jeunes danseurs non professionnels.

«Ce n'était pas toujours facile, mais j'ai appris beaucoup, se rappelle-t-elle. Les danseurs étaient souvent en retard, puis il y a eu le ramadan, mais finalement, travailler avec d'autres, c'est du bonheur.»

Également coprésident d'honneur du 10e anniversaire du festival, François Girard avait avoué à La Presse au début de l'année son souhait de monter ce spectacle à Montréal. Il en a parlé à Alain Simard qui a trouvé cette vitrine pour la production ayant aussi voyagé en Écosse et en Nouvelle-Zélande.

«Avec Marie, on est partis à la dérive ensemble. Ça a été un grand plaisir, une vraie aventure de création. Pour ce qui est de la musique, Les sept péchés représentent, à mon avis, le meilleur de Weill, où il fait exploser l'orchestre», note M. Girard.

Le spectacle mettra en vedette le comédien Yves Jacques dans le rôle de récitant, Charles Workman en Lindbergh et la soprano allemande Magdalena Anna Hofmann. La scénographie est de François Séguin. L'orchestre sera dirigé par Walter Boudreau, directeur artistique de la Société de musique contemporaine du Québec, dont c'est le 20e anniversaire en 2009.

Tout texte de Bertolt Brecht comporte toutefois sa part de didactisme. Son Lindbergh existe en deux versions: celle qui faisait de l'aviateur un héros de la gauche, mais aussi, celle où le dramaturge dénonçait les aspirations «nazies» de Lindbergh.

«On présente l'original, mais avec un collage de textes, en prologue, qui exprime son désavoeu. Mais tout fonctionne encore aujourd'hui chez Brecht», note-t-il.

De retour de Tokyo où il a mis en scène Zed, le spectacle du Cirque du Soleil, François Girard n'avait pas pris de distance, hier, face aux effluves de la première.

«C'est vraiment une naissance heureuse, dit-il. On a pris un bon mois pour roder le spectacle. Ils l'ont joué seuls pendant trois semaines et on a retravaillé par la suite, et ce, à l'avantage du spectacle. Une belle troupe et de beaux musiciens. La mayonnaise est prise!»

L'Opéra de Lyon et le Québec L'Opéra de Lyon aime les Québécois et pas les moindres. L'institution dirigée par le Belge Serge Dorny a retenu les services de François Girard, mais aussi ceux de Robert Lepage pour la mise en scène d'au moins trois opéras au cours des prochaines années.

«Au Québec, en théâtre et en danse, il y a un tas de choses qui se passent, souligne le directeur de l'Opéra de Lyon, Serge Dorny. C'est une vraie pépinière, tellement de talents qui, pour s'exprimer, doivent aller ailleurs. Et il y a une complicité artistique entre nous.»

Ayant déjà eu deux mises en scènes présentées à Lyon, Le vol de Lindbergh et Siegfried de Wagner, une production du Canadian Opera Company, François Girard s'attaquera à un autre monument wagnérien d'environ quatre heures, Parsifal, au cours de la saison 2011-2012.

Auparavant, il aura mis en scène, au même endroit, une création de la compositrice finlandaise Kaija Saariaho sur un livret de l'écrivain Amin Maalouf, une troisième collaboration pour les deux artistes, sur la vie d'Émilie du Châtelet, scientifique française proche de Voltaire.

Quant à Robert Lepage, il a déjà mis en scène Oedipus Rex de Stravinski à Lyon et «on a plein de projets avec lui aussi», ajoute M. Dorny. Parmi eux, en 2010, Le rossignol, également de Stravinski.