(Paris) Le danseur de rue Lil’Buck, devenu mondialement connu grâce à sa version de La mort du cygne, alliant hip-hop et danse classique, voit sa vie racontée sur grand écran, depuis les rues de Memphis jusqu’à la finale du Super Bowl.

Né Charles Riley, Lil’Buck a grandi à Memphis, aux États-Unis, dans un environnement marqué par la pauvreté et la délinquance. Il est sorti de ce milieu grâce à une détermination sans faille et une passion pour la danse.

« Je n’avais pas d’autre choix que de me lancer, pas de plan B, rien du tout à part mon objectif de danse. Donc je me suis concentré dessus à 100 % », raconte à l’AFP l’homme de 31 ans, à la silhouette fine, ayant toujours une enceinte de poche à portée de main.

À 12 ans, il commence à pratiquer le « jookin », une danse de rue de Memphis alliant hip-hop et danse classique, dans les pas de sa sœur. Très vite il se passionne pour cette pratique jusqu’à l’obsession.

« Il y a pas mal de choses qui me rendaient malheureux : mon éducation, comment j’ai grandi, mon environnement. Je gardais le sourire grâce à ma famille et à la danse », raconte-t-il.

À 15 ans, sa mère décide de le retirer de l’école publique, où une mauvaise influence commençait à s’exercer sur lui, pour l’inscrire dans une école privée d’art, constatant qu’il passait ses journées à danser.

« Cela a changé ma vie, c’était la première fois que je rencontrais des gens qui pensaient de la même manière que moi, bizarres comme moi », plaisante Lil’Buck. « Il y avait une autre énergie et beaucoup de créativité dans cette école, de quoi vous donner envie d’aller à l’école ! »

Prendre le temps d’apprendre

Le jeune danseur découvre, un an plus tard, le New Ensemble Ballet, une école de danse de sa ville, où il apprend le hip-hop, la danse classique, contemporaine, moderne et jazz.

« Apprendre d’autres styles a été un tournant dans ma carrière, c’est le moment où je suis passé de danseur de rue à danseur » tout court.

C’est cet apprentissage qui lui a permis de créer son propre style de danse : le cygne, qui donne son nom au film documentaire The Real Swan : des pointes, des équilibres, dans une ensemble à la fois disloqué, glissé, et immensément gracieux.

La collaboration avec un autre prodige, le violoncelliste américain Yo-Yo Ma, lui vaut une renommée mondiale, la vidéo de leur première apparition a été vue 3,4 millions de fois sur YouTube.

Lil’Buck donne des cours de danse aux jeunes de sa ville à chaque retour dans le Tennessee et leur transmet comme principale leçon de rester ouverts à l’apprentissage.

« Je leur dis de prendre leur temps, cette génération veut devenir célèbre tout de suite et ils pensent qu’avec les réseaux sociaux c’est possible. Il faut qu’ils apprennent le plus possible dans leurs domaines de prédilection. »

Charles Riley a « saisi une opportunité à 19 ans », en déménageant à Los Angeles, après sept ans de danse, à s’entraîner quotidiennement plusieurs heures par jour.

À partir de ce moment, sa carrière a réellement commencé : il danse dans des clips, est invité d’émissions télévisées, collabore avec le chorégraphe français Benjamin Millepied, l’artiste JR, jusqu’à être sur scène aux côtés de Madonna lors de la mi-temps du Super Bowl de 2012.

Des étoiles dans les yeux, Lil’Buck assure ne pas être au sommet de sa carrière : « Je ne fais que commencer, mes rêves ne font que grandir. »

« Le jookin n’est pas encore planétaire, et je veux attirer l’attention sur Memphis. C’est une ville qui mérite d’avoir plus d’opportunités pour les gens si talentueux qui y vivent. »

Le documentaire réalisé par Louis Wallecan sortira en salle à l’automne 2019, après une avant-première qui a eu lieu dimanche, dans le cadre du Champs-Élysées film festival.