Langoureux, extatique, charnel, filial, parodique, déséquilibrant, lumineux... autant de facettes à l'amour selon José Navas, qui nous convie, avec sa nouvelle pièce Miniatures, dans l'intimité feutrée d'un discours amoureux fragmenté. Une occasion pour lui de revenir au solo qu'il aime tant et dans lequel il excelle.

Après 25 ans passés à danser très intensément, tant ses solos charismatiques - Sterile fields (1996) ou Solo for Cello (2001) - que dans ses pièces de groupe minutieusement architecturées - Perfume of Gardenias (2000), Adela, mi amor (2004) ou Anatomies (2006) -, le moins que l'on puisse dire est que ce bel interprète de 43 ans est toujours aussi en forme et sûr de lui. Mais il a acquis une densité émotive et une dose d'humour nouvelles, inattendues, et qui lui vont vraiment bien.

 

Le dépouillement de la scénographie, une option prise il y a quelques années maintenant, met en valeur la grande subtilité de l'interprétation dont les maîtres mots sont authenticité, générosité et vulnérabilité. Il en donne plus que jamais, se dévoile plus que jamais, il joue le jeu de l'autobiographie affective de la seule façon dont il peut être joué sans se retourner contre son auteur: la sincérité et la complicité humaine.

Sept solos

Cela se fait à travers une interprétation sublime de sept courts solos tous très différents, mais tous impeccablement articulés dans les habillages de lumière évocateurs et transcendants de Marc Parent. Mais cela se fait surtout à travers son attitude, qui semble dire: «Je suis ce que je suis, je ne raconte pas d'histoires, juste la mienne.» Douleur, possession, fracture, aliénation puis théâtralité, extase et légèreté, voici des gammes de sentiments que l'on peut reconnaître au cours des sept temps du solo.

Hommage à son père

Au centre du spectacle, l'hommage qu'il rend à son père, comme une reconnaissance et une fidélité à un certain type de masculinité, témoigne vraiment de cet état d'esprit de dépouillement zen et d'authenticité émotive. Contre toute attente, Navas raconte au micro que son père, dans son enfance vénézuélienne, aimait à siffler des romances latines et, pensant qu'un garçon doit savoir siffler, il y a initié son fils José. Tout de go il se met à siffler, a capella, émouvant et fragile à la fois. Drôle de transmission, se prend-on à penser lorsque, pour poursuivre son hommage, il danse une salsa stylisée comme son père le lui a aussi appris. Sobre et puissant, c'est un moment de forte empathie. Autant que celui où, les lèvres brillantes, José Navas interprète un lypsinc absolument hilarant sur une chanson très suggestive de Diana Ross, dans une fine parodie de lui-même en dragqueen! Ce sont les deux solos qui révèlent le plus sa nouvelle maturité d'interprète.

Son choix musical, où se mêlait divers standards du classique, de Bach à Maria Callas, est révélateur à la fois de ses goûts et aussi de son désir de les assumer. Sérénité et harmonie, souplesse et authenticité: la quarantaine, assurément.

Miniatures, de José Navas, jusqu'au 1er novembre. 20h, à l'Agora de la danse. Infos: 514-525-1500.