George Stamos s'assagit. Dans Reservoir-Pneumatic, présenté en ce moment à l'Agora de la danse, envolés les hommes en bobettes et talons aiguilles, les lesbiennes libidineuses et les baiseurs de Schatje ou de Monday. Exit sex, drugs and rock&roll; bonjour peace and love.

Reservoir-Pneumatic, c'est un univers sensuel et tactile fait de peau nue, d'eau, de laine et de peluche. Le tout enveloppé dans la chaleur des éclairages de Lee Anholt et les indispensable sonorités pulsantes et planantes de DJ Opositive (Owen Chapman), interprétées en direct par Chapman et Jackie Galant. Confinés dans ce vivarium humide: quatre splendides danseurs, Clara Furey, Luciane Pinto, Sarah Williams et Stamos.

 

Les danseurs ne portent qu'une petite culotte. La plupart du temps leur torse est nu ou brièvement recouvert de matières comme la laine ou le polar. Leur gestuelle est fluide et ronde, les membres hyperlaxes.

Ils se pressent voluptueusement au sol, se frôlent, sans jamais se toucher. Leur respiration est parfois audible et vient se superposer aux couches de cliquetis, de beep et de grondement sourds émis par Chapman et Galant. On imagine bien la chaleur de leur peau, le battement de leur pouls. Dans cet univers douillet et sensuel, Stamos insère judicieusement quelques aspérités: des corps qui, tout à coup, se fracassent brutalement contre le sol, la morphologie musclée de Williams qui s'oppose, en duo, aux rondeurs de Furey, des images de givre et de neige ou des moments d'unisson volontaires et énergiques.

Et puis il y a ces touches d'humour, insérées pour la plupart à la toute fin de Reservoir-Pneumatic, qui, disons-le, arrivent à point nommé: Pinto, qui se vautre sur le tapis shag et s'autocongratule, Williams qui se la joue pin-up, ou encore Stamos, torse en vidéo et jambes lives, qui exécute quelques pauses lascives. Et ce n'est pas trop tôt. Car, il faut avouer, qu'à se vautrer ainsi dans cette agréable douceur, Stamos, qui, parallèlement à ses très sérieuses études en danse, fit le Gogo Boy dans les clubs et défendit les droits des travailleurs du sexe, a, pour l'instant, perdu de son unicité.

Cette voix bien à lui, crue et irrévérencieuse, qui donnait à voir la différence (sexuelle ou autre) et qu'il arrivait parfois à si bien doser, s'est éteinte ici au profit de quelque chose de bien moins risqué. Cela dit, des périodes de transition, il en faut, et cette création plus docile gagnera peut-être ce chorégraphe original à un plus large public...

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Reservoir-Pneumatic, de George Stamos, présenté à l'Agora de la danse jusqu'au 18 octobre. Info: (514) 525-1500.