Le nouveau spectacle sous chapiteau du Cirque du Soleil sera mis en scène par la scénographe anglaise Es Devlin, annonce le Cirque ce matin. La nouvelle pièce acrobatique du Cirque sera lancée le 23 avril prochain dans le Vieux-Port de Montréal, un an à peine après la (re)création d’Alegría.

« On voulait marquer le coup pour 2020, qui est l’ouverture d’une nouvelle décennie », nous a confié Daniel Fortin, vice-président à la création au Cirque. « On a fait la preuve qu’Alegría, de retour après 25 ans, était un spectacle intemporel, mais on voulait essayer autre chose pour 2020, faire des choix artistiques différents qui nous emmènent dans le futur. »

Pour relever ce défi, Daniel Fortin s’est tourné vers la scénographe anglaise Es Devlin, qui travaille à la fois dans les théâtres londoniens — elle a fait les décors de The Lehman Trilogy, qui retrace les origines du capitalisme en Occident — et les stades, où elle a signé la scénographie de spectacles de Beyoncé, Adele, U2, Miley Cyrus, Kanye West ou The Weeknd.

On avait besoin d’une artiste comme Es Devlin pour nous brasser un peu dans nos habitudes de chapiteau, pour nous amener ailleurs.

Daniel Fortin, vice-président à la création au Cirque du Soleil

La conceptrice anglaise, qu’on peut voir dans le documentaire Abstract : The Art of Design sur Netflix et qui résume bien sa vision artistique dans un TED Talk, est reconnue pour ses sculptures scéniques qui prennent des formes géométriques différentes — des cubes de verre en rotation, par exemple, ou des galeries de verre suspendues dans lesquelles acteurs ou chanteurs déambulent.

« Les gens sont habitués de voir des images en mouvement, c’est ce que j’essaie de créer avec ces sculptures scéniques », nous dit Es Devlin, jointe à Londres, où elle vit. « Je m’intéresse aux objets en mouvement, qui nous permettent d’avoir plusieurs points de vue. »

Daniel Fortin connaît bien l’univers visuel d’Es Devlin, qui n’est pas juste esthétique. « Je la suis depuis une dizaine d’années. C’est une femme extrêmement intelligente, capable de naviguer dans divers univers en surprenant toujours. Elle peut travailler au théâtre avec James Thierrée un jour, puis avec The Weeknd le lendemain. »

Le bon moment

La scénographe confie être « en conversation » avec le Cirque depuis une bonne dizaine d’années. Sa première visite dans le QG de Saint-Michel, elle l’a faite en compagnie de son ami et voisin à Londres Felix Barrett (de la compagnie Punchdrunk, à l’origine du spectacle Sleep No More). « Mais le moment opportun de travailler ensemble est arrivé », a-t-elle dit.

Pour mieux connaître son terrain de jeu, elle a vu maints spectacles sous chapiteau, mais aussi les spectacles de Las Vegas, dont , de Robert Lepage.

PHOTO FOURNIE PAR LE CIRQUE DU SOLEIL 

La scénographe Es Devlin

« Ce qui est fascinant en cirque, c’est que les 2 000 spectateurs veulent voir les artistes réussir et survivre à leurs prestations. On ne retrouve pas cette volonté ailleurs, estime Es Devlin. Je veux dire, on peut espérer qu’un acteur n’oublie pas ses répliques, mais il n’y a pas la même tension dans la salle. Je voulais explorer cette relation de communion et tenter de raconter une histoire par l’entremise des acrobaties. »

On peut s’attendre à ce qu’une même grande structure soit utilisée pour les différents numéros acrobatiques du spectacle (qui n’a toujours pas de nom), a expliqué la metteure en scène, sans entrer dans le détail.

Daniel Fortin et Es Devlin ont également voulu pousser un peu plus loin l’expérience du spectateur. « On veut créer une plus grande connexion avec le public, nous dit encore Daniel Fortin. Ça passera beaucoup par la musique, nous a-t-il dit. On est en train de créer quelque chose de spécial, mais on ne veut pas révéler de surprises… »