La fête du Grand solstice sera l’une des rares occasions d’entendre chanter Florent Vollant cette année. L’icône de la musique innue a fait le voyage depuis Mani-utenam pour enregistrer une chanson à Montréal, à la demande d’Elisapie. Son trajet fait écho à ce que souhaite transmettre le spectacle télévisé cette année : inviter les Autochtones à briller en ville autant qu’ailleurs sur le territoire.

Il y avait tout un branle-bas, à la mi-mai, à l’Espace La Fontaine, au cœur du parc du même nom. Des dizaines de personnes étaient à pied d’œuvre pour tourner un segment du Grand solstice, concert télévisé qui sera présenté le 21 juin, où Florent Vollant chante une chanson intitulée Nikana, avec un groupe de six musiciens et, pour une rare fois, son fils Mathieu Mckenzie.

« On n’a pas joué souvent à la télévision ensemble, c’est un moment privilégié que je vis aujourd’hui avec lui », dit Mathieu Mckenzie, au sujet de son père. « C’est mon fils, mais c’est aussi un collaborateur, ajoute Florent Vollant. Il s’est développé une grande confiance et, avec le temps, c’est lui qui me donne des conseils, qui me dit quoi dire parfois. J’apprends de ça. J’ai besoin de ça, moi. »

Entre deux prises, ce n’est pas l’ancien Kashtin qui donne la direction, mais son fils, qui chante au sein du groupe Maten. « Je suis capable de m’exprimer pour lui, je sais à peu près l’ambiance et le ton qu’il veut avoir », dit ce dernier.

Mathieu, il fait partie de ma musique depuis le début. Je n’ai pas vraiment besoin de lui expliquer et il a compris. Il ne me reste qu’à arriver en avant et à faire ce que je fais.

Florent Vollant, au sujet de son fils

Nikana, le morceau que le tandem a enregistré pour le Grand solstice, est habité par un groove doux. Celui-ci est porté par les musiciens aguerris de l’émission, placés sous la direction de la bassiste Amélie Mandeville : Ivan Boivin-Flamand (guitare), André Papanicolaou (guitare), Martin Lizotte (piano), Sheenah Ko (claviers et chœurs) et Jérémie Essiambre (batterie).

Créer à Montréal

Ils accompagneront aussi les autres artistes à l’affiche du concert télévisé, qui met entre autres en vedette Kanen, Soleil Launière, Joseph Sarenhes (avec Valaire) et Elisapie elle-même, qui agit comme productrice. C’est d’ailleurs parce que l’invitation provenait de la chanteuse inuk que Florent Vollant a fait le voyage. « Florent et moi, on s’aime beaucoup. Je sais que ce n’est pas évident de lui faire prendre l’avion pour lui faire chanter une chanson pour la télé. Ça demande beaucoup d’énergie », dit-elle, ajoutant être touchée qu’il ait accepté.

  • Mathieu Mckenzie, au tambour, accompagne son père Florent Vollant (à droite). En arrière-plan, le guitariste André Papanicolaou et, de dos, la directrice musicale du house band du Grand solstice, Amélie Mandeville.

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    Mathieu Mckenzie, au tambour, accompagne son père Florent Vollant (à droite). En arrière-plan, le guitariste André Papanicolaou et, de dos, la directrice musicale du house band du Grand solstice, Amélie Mandeville.

  • Elisapie, en rose, est l’une des productrices du Grand solstice. La chanteuse inuk offrira elle aussi une prestation lors du concert télévisé.

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    Elisapie, en rose, est l’une des productrices du Grand solstice. La chanteuse inuk offrira elle aussi une prestation lors du concert télévisé.

  • De gauche à droite : Isabelle Longus, Florent Vollant, Amélie Mandeville et Ivan Boivin-Flamand

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    De gauche à droite : Isabelle Longus, Florent Vollant, Amélie Mandeville et Ivan Boivin-Flamand

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De l’énergie, le grand chanteur innu en a moins depuis qu’il a subi un AVC il y a deux ans. Mais il n’a perdu ni son humour ni son charisme. « Chaque fois que Florent chante, ça me rend très émotive, dit Elisapie. Les Innus et les Inuits, on est quand même proches. C’est une autre culture, mais ce sont nos voisins du Sud. Il y a quelque chose de très fort entre nos nations. Chaque fois que je vois Florent, on a des fous rires, mais les larmes ne sont jamais bien loin. »

Le Grand solstice 2023 sera différent parce qu’il mettra l’accent sur l’urbanité, dit Elisapie. Toutes les prestations ont été tournées à Montréal, parfois dans des lieux emblématiques comme la Biosphère. « Juste de voir des Autochtones dans des lieux où on n’est pas habitués de nous voir, dans des lieux dont on a l’impression qu’ils sont pour les Blancs, c’est doublement stimulant pour les artistes », constate-t-elle.

L’idée sous-jacente est celle d’une espèce de reprise de possession du territoire et de susciter le sentiment que, oui, les artistes autochtones ont eux aussi le droit de briller en ville. « Moi, c’est comme ça que je le ressens et je pense que ça fait aussi du bien à Kanen, à Laura Niquay, à Joseph Sarenhes et à Florent d’être ici, parce qu’on a créé ou on crée ici nous aussi, dans cette ville. Montréal est un lieu qui nous inspire nous aussi. »

Le 19 juin, 20 h, sur APTN et ARTV

Le 21 juin, 20 h, sur ICI TÉLÉ, ICI Musique et Télé-Québec