Ils ne sont qu’une poignée à travers le monde à garder vivante la tradition du théâtre d’ombres. Et le Français Philippe Beau est du nombre. Il est de passage à la TOHU, puis au Diamant à Québec, pour présenter Magie d’ombres… et autres tours, un spectacle empreint de beauté, mais qui aurait bien besoin d’être dépoussiéré.

Tant à la TOHU qu’au Diamant, ce spectacle sans paroles s’inscrit dans la programmation de la semaine de relâche qui s’adresse aux familles, notamment celles qui ont de jeunes enfants de niveau primaire.

Or, le spectacle de Philippe Beau n’arrive pas à toucher totalement ce public familial, malgré les immenses qualités techniques des numéros d’ombromanie. Avec seulement ses deux paumes et ses dix doigts, cet artiste réussit à créer les formes les plus fantastiques : un dromadaire, une grenouille qui se transforme en prince, une tortue de mer ou un cheval lancé au galop. Pour les enfants (et leurs parents), identifier les formes qui jaillissent ainsi sur le grand écran reste un grand plaisir.

  • Le spécialiste de l’ombromanie fait naître de ses mains contorsionnées les plus fantastiques créatures.

    PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

    Le spécialiste de l’ombromanie fait naître de ses mains contorsionnées les plus fantastiques créatures.

  • Le spécialiste de l’ombromanie fait naître de ses mains contorsionnées les plus fantastiques créatures.

    PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

    Le spécialiste de l’ombromanie fait naître de ses mains contorsionnées les plus fantastiques créatures.

  • Le spécialiste de l’ombromanie fait naître de ses mains contorsionnées les plus fantastiques créatures.

    PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

    Le spécialiste de l’ombromanie fait naître de ses mains contorsionnées les plus fantastiques créatures.

  • Le spécialiste de l’ombromanie fait naître de ses mains contorsionnées les plus fantastiques créatures.

    PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

    Le spécialiste de l’ombromanie fait naître de ses mains contorsionnées les plus fantastiques créatures.

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L’apparition d’un chat se léchant la patte fait retentir des oh ! attendris. Quand les mains se contorsionnent pour devenir Darth Vader, les applaudissements sont bien sentis. Les jeux d’ombres sont tantôt rigolos, tantôt poétiques, mais toujours maîtrisés à la perfection.

Le hic, c’est qu’entre chaque numéro, un texte est projeté en fond de scène pour expliquer comment le cinéma et la magie (en particulier celle des ombres) sont depuis toujours interreliés. Philippe Beau convoque ainsi Georges Méliès, les frères Lumière ou encore Segundo de Chomón. Il présente de plus de courts films où ces magiciens de l’image du siècle dernier réussissaient à bluffer leur public.

Seulement, ces noms ne disent pas grand-chose aux enfants. En cette ère où le cinéma repousse sans cesse les limites des effets spéciaux, ces films au charme suranné finissent par lasser.

De plus, ils servent souvent de présentation aux numéros de prestidigitation qui vont suivre. Car Philippe Beau est aussi un illusionniste rompu aux tours de cartes, aux dollars qui apparaissent derrière les oreilles, aux cordes coupées qui se recousent d’elles-mêmes. On se gratte la tête en se demandant où est le truc, mais on se dit tout de même qu’on a vu ça des dizaines de fois chez d’autres…

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

L’artiste Philippe Beau reste somme toute assez distant dans son rapport avec le public.

De fait, le magicien roule sa bosse avec ce spectacle depuis au moins 10 ans (il l’a présenté à la TOHU en 2015) et semble enfiler ses numéros sur le pilote automatique, sans témoigner la moindre émotion. Son contact avec les spectateurs reste d’ailleurs très froid, distant. Sa seule tentative de rapprochement avec le public montréalais passe par un numéro maladroit où il recrée avec ses mains les têtes de politiciens québécois. La ressemblance n’est guère frappante, et les extraits de discours plombent l’ambiance (sans compter que les enfants ne s’émeuvent guère en entendant les voix de Justin Trudeau, Valérie Plante ou Gabriel Nadeau-Dubois) !

C’est tout de même lorsqu’il joue avec l’ombre et la lumière que Philippe Beau est le plus convaincant. Son numéro final, où il fait naître des personnages fétiches du cinéma, est très réussi. Dommage pour ceux qui sont partis avant la fin, probablement parce que les enfants ne pouvaient plus tenir devant ce spectacle au rythme lent.

Magie d’ombres… et autres tours

Magie d’ombres… et autres tours

De Philippe Beau

À la TOHU, Jusqu’au 4 mars et au Diamant du 9 au 12 mars

6,5/10

Consultez le site de la TOHU Consultez le site du Diamant