Lauréate du prix Envol aux Prix de la danse de Montréal 2022, Claudia Chan Tak présente sur scène la deuxième itération de son solo identitaire Au revoir zébu, qui explore les rituels en lien avec le deuil.

En novembre dernier, l’artiste pluridisciplinaire Claudia Chan Tak a reçu avec beaucoup d’émotion le prix Envol pour la diversité culturelle et les pratiques inclusives en danse aux Prix de la danse de Montréal. L’engagement de la créatrice ne date pas d’hier, mais le racisme vécu par la communauté asiatique durant la pandémie – cristallisé par la tuerie de femmes asiatiques à Atlanta en 2021 – a fait d’elle une militante, dit l’instigatrice du Bottin artistique et asiatique au Québec et commissaire à la diversité pour le festival Phénoménam, qui fait aussi partie de la Coalition asiatique pour une relève émancipatrice. « Tout cela m’a vraiment permis d’aller à la rencontre de ma communauté, de créer de nouveaux liens », remarque-t-elle.

Issue du monde des arts visuels, Claudia Chan Tak s’est fait connaître comme cinéaste et vidéaste, en réalisant notamment des bandes-annonces pour plusieurs chorégraphes québécois, en plus de signer quelques courts métrages, avant de suivre une formation en danse contemporaire à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), où elle a effectué un mémoire-création explorant les liens entre genre documentaire, identité culturelle et danse.

Elle est née au Québec de parents d’origine chinoise et malgache, et la recherche identitaire a toujours été au cœur de la démarche artistique, mais aussi documentaire, de l’artiste. De ce processus créatif est né le solo autobiographique Moi, petite Malgache-Chinoise. Un voyage en Chine, où elle a notamment retrouvé la maison de son grand-père, a été le point de départ de ce travail chorégraphique qui a aussi été présenté sous forme d’exposition.

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE

La mort de la grand-mère de Claudia Chan Tak a été le point de départ d’Au revoir zébu.

Avec Au revoir zébu, elle a voulu cette fois reconnecter avec son identité malgache, après avoir passé des années à creuser sa culture chinoise. Le point de départ a été la mort, en 2018, de sa grand-mère, qui demeurait à Madagascar. « J’ai appris son décès pendant que je travaillais sur une robe en paillettes. Je ne savais pas du tout comment dealer avec mes émotions, donc j’ai cousu, sans arrêter, durant un an. Ç’a été mon rituel pour vivre ce deuil-là. »

De là est née la première itération d’Au revoir zébu, un solo autobiographique avec comme élément central cette robe à paillettes qui remplit entièrement la scène. La création est inspirée du zébu, un bovidé qui a une place centrale dans les rites funèbres à Madagascar, et aussi d’un rituel nommé « le retournement des morts », où après sept ans, les morts sont sortis de terre et enveloppés dans de nouveaux tissus avant d’être retournés à la terre.

Je la trouve belle, mon identité, et j’en suis fière. C’est vraiment une chance d’avoir le temps de la creuser, de m’instruire, de créer des ponts. Pour cette création, je me suis entourée d’un musicien malgache et d’une conseillère artistique malgache-chinoise. Ça m’a nourrie énormément.

Claudia Chan Tak, artiste pluridisciplinaire

Puis la pandémie est arrivée, laissant de nombreux endeuillés sur son passage. « Je me suis demandé : comment on fait pour dire au revoir si on est confinés, si on ne peut plus voyager ? Ça a été tellement beau pour moi, ce projet-là. Je me suis dit que peut-être d’autres personnes avaient besoin de parler de deuil et de faire quelque chose de créatif », se remémore-t-elle.

Elle est donc allée à la rencontre de gens de tous les âges, milieux sociaux et communautés, afin de discuter avec eux de la mort, du deuil sous toutes ses formes, de rituels. Tout en faisant partager ses expériences et réflexions, chaque participant était invité à fabriquer des fleurs avec des retailles de tissus recyclés ; fleurs qu’elle a apposées une à une sur une longue jupe-traîne, élément central du deuxième solo qu’elle a ainsi créé, faisant d’Au revoir zébu une œuvre en deux parties distinctes.

« Chaque fleur me rappelle une personne, son histoire. Sur scène, je porte ces deuils-là, ces histoires dans mon corps. La robe devient un totem. Je travaille beaucoup avec des images symboliques. Il y a quelque chose de sculptural dans ma recherche. On associe souvent la mort à quelque chose de triste, de froid, de tabou, mais il y a pour moi quelque chose de très beau dans cette rencontre. »

À La Chapelle, les 13, 14 et 16 février

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Racontars arctiques

PHOTO LOUIS-MARTIN LEBLANC, FOURNIE PAR LE THÉÂTRE AUX ÉCURIES

Racontars arctiques suit le destin de chasseurs-trappeurs du Groenland.

Présenté l’an dernier au Festival de Casteliers (et reçu avec beaucoup d’éloges), le spectacle Racontars arctiques est de retour aux Écuries. Ici, marionnettes de table, musique et bruitage en direct sont mis à profit pour raconter les histoires truculentes et pleines d’humanité de l'auteur danois Jorn Riel. Ce dernier, qui a séjourné 16 ans au Groenland, raconte les péripéties de chasseurs-trappeurs à l’aube des années 1950. Une comédie poétique qui agit comme une bouffée d’air frais. À savoir : le spectacle est destiné aux adultes et aux enfants de plus de 8 ans. Aux Écuries, du 7 au 11 février.

Stéphanie Morin, La Presse

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Chambres d’écho

PHOTO PHILIPPE DUCROS, FOURNIE PAR L’ESPACE LIBRE

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Stéphanie Morin, La Presse

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PHOTO JULIEN BLAIS, FOURNIE PAR L’USINE C

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Le dramaturge Martin Bellemare s’installe à l’Usine C avec sa plus récente pièce, sobrement intitulée Le futur. Armé d’un puissant « désir de combattre l’injustice », l’auteur de Cœur minéral (prix du Gouverneur général 2020) propose une relecture du mouvement futuriste du siècle dernier en posant sa loupe sur la société d’aujourd’hui, où la science et les technologies font souvent foi de tout et où les traditions sont vite rejetées. La pièce, mise en scène par Geneviève L. Blais, réunit Catherine-Amélie Côté, Noémie Godin-Vigneau, Skyler Gibbs et Alek Langevin (en alternance). À l’Usine C, du 14 au 23 février.

Stéphanie Morin, La Presse

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PHOTO XAVIER CYR, FOURNIE PAR LE THÉÂTRE DENISE-PELLETIER

La salle Fred-Barry présente Les danseurs étoiles parasitent ton ciel.

L’autrice Jolène Ruest a adapté pour la scène, de concert avec le metteur en scène Jonathan Caron, son roman Les danseurs étoiles parasitent ton ciel. On y fait la rencontre de Prunelle, jeune diplômée en ballet qui partage son temps entre les séances d’entraînement et son emploi au Dairy Queen, rue Sainte-Catherine. Avec Javel, un exterminateur, elle fera la redécouverte du quartier Hochelaga-Maisonneuve. Une création « à l’humour sagace » qui rend hommage à la solidarité des quartiers populaires. Avec Andréanne Daigle dans le rôle de Prunelle. À la salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier, du 14 février au 4 mars.

Stéphanie Morin, La Presse

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Paysages de papier

PHOTO STÉPHANE NAJMAN, FOURNIE PAR LA MAISON THÉÂTRE

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Stéphanie Morin, La Presse

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PHOTO VAUGHN RIDLEY, FOURNIE PAR DANSE DANSE

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Iris Gagnon-Paradis, La Presse

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