Les « frais cachés » qui font l’objet d’une demande d’action collective contre Fever ne découlent pas d’une « mauvaise intention », mais bien d’une simple erreur de désignation, soutient le géant de l’évènementiel.

La somme ajoutée par le service de billetterie en fin de transaction, qui représente environ 15 % de la facture, était appelée « frais de gestion » sur le site transactionnel. Elle correspond plutôt aux taxes que les Québécois doivent payer, affirme Fever.

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« Je vous confirme que nos équipes se penchent en ce moment même sur la question et qu’il semble que notre plateforme ait mal étiqueté les taxes applicables aux billets vendus pour les évènements au Québec », écrit Luc Faure, responsable des communications du producteur et service de billetterie, dans un courriel transmis à La Presse.

Au moment de publier, nous avons pu constater que Fever avait remplacé l’appellation « frais de gestion » par la formule « taxe par ticket ».

Contrairement aux frais de gestion ou de service, les sommes qui « doivent être perçues pour être remises à une autorité publique » peuvent être ajoutées au moment du paiement, selon l’Office de la protection du consommateur.

Jimmy Lambert, de Lambert Avocats, responsable de l’action collective, ne croit pas à l’explication de Fever, qu’il juge « hautement invraisemblable ». Les frais exigés représentent de 14,63 % à 15,68 % selon la catégorie de billets, fait remarquer l’avocat. « Si c’était des taxes, le pourcentage serait le même peu importe la catégorie de billets. »

Au Québec, les taxes combinées (TPS et TVQ) sont de 14,975 %. Ce pourcentage correspond exactement aux frais exigés par Fever pour sa populaire série de concerts orchestraux Candlelight. Or, une visite sur le site transactionnel, jeudi, permettait de constater que d’autres évènements affichaient des taux autour de 15 % légèrement variables.

Questionné à nouveau, M. Faure, de Fever, s’est avoué lui-même étonné de ces variations. « Notre théorie est qu’une erreur dans notre système a mené à un arrondissement des montants de taxes, ce qui n’aurait bien évidemment pas dû être le cas, a-t-il dit. Nous allons rectifier la situation le plus rapidement possible. »

Des milliers de clients

Dans une demande d’action collective, Lambert Avocats exige « le remboursement des frais de gestion payés par les consommateurs québécois qui ont acheté un billet pour un évènement sur le site web de [Fever] ou sur son application mobile depuis le 28 mai 2019 ». Le groupe demande 100 $ supplémentaires par membre à titre de dommages punitifs.

Selon MLambert, plusieurs dizaines de milliers de clients pourraient être touchés. La situation à l’origine de l’action collective concerne l’expérience immersive Harry Potter – Le grand bal de Noël, qui a lieu au Salon 1861, à Montréal, jusqu’au 29 janvier 2023.

Le représentant du groupe, Michel Plunus, a déboursé des « frais de gestion » de 22,80 $ à l’achat d’« un billet d’entrée standard adulte et un billet d’entrée standard jeune », peut-on lire dans les documents déposés le 14 novembre en Cour supérieure.

Un courriel en preuve

Selon MLambert, une réponse écrite du service à la clientèle de Fever invalide la théorie des taxes mal « étiquetées ». « Malheureusement, l’organisateur de l’expérience a décidé d’appliquer des frais de gestion au paiement du billet, qui doivent être payés par tous les clients comme indiqué dans les règles d’achat de Fever », a écrit un représentant de la plateforme évènementiel à M. Plunus, dans un courriel qui sera présenté en cour.

Selon l’article 224 de la Loi sur la protection du consommateur, en vigueur depuis 2010, « aucun commerçant, fabricant ou publicitaire ne peut, par quelque moyen que ce soit, exiger pour un bien ou un service un prix supérieur à celui qui est annoncé ».

« Le prix tout inclus que vous annoncez doit inclure les frais de service ou d’administration et les frais obligatoires liés à la livraison du billet », énonce l’Office de la protection du consommateur.

Dans le passé, des demandes d’action collective déposées au Québec contre Ticketmaster et StubHub pour des « frais cachés » se sont soldées par des ententes à l’amiable.