Avec leur nouveau spectacle, Mon île, mon cœur, Les 7 Doigts souhaitent offrir à Montréal une vibrante lettre d’amour signée par une artiste qui ne devait que passer par la métropole… et qui a décidé d’y rester.

Shana Carroll, metteuse en scène et cofondatrice des 7 Doigts, ne pensait pas que Montréal deviendrait son domicile permanent lorsqu’elle est débarquée en 1991 pour étudier à l’École nationale de cirque (ENC). « J’avais 21 ans et j’arrivais de San Francisco. J’habitais dans un trois et demie avec Lhasa de Sela ; c’est elle qui m’a fait découvrir les cafés du boulevard Saint-Laurent. On y passait toutes nos journées. J’ai aussi découvert les partys de cuisine avec les piles de bottes dans l’entrée ! »

Les premières années de sa vie montréalaise lui ont servi d’inspiration pour élaborer ce nouveau spectacle, qui va inaugurer à compter du 8 septembre le nouveau Studio-Cabaret de l’Espace St-Denis. « Avec Mon île, mon cœur, j’ai décidé de m’interroger sur les raisons qui font que beaucoup de personnes qui viennent d’ailleurs décident, comme moi, de s’établir dans cette ville. »

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La metteuse en scène Shana Carroll a fait de Montréal son nouveau chez-soi.

La metteuse en scène a cosigné en 2021 un spectacle comparable, soit une lettre d’amour scénique à San Francisco. « Les raisons d’aimer San Francisco étaient plus évidentes à nommer : il y a la montagne, le Pacifique, le Golden Gate. À Montréal, cet amour a davantage à voir avec les gens, avec l’énergie de la communauté, qui est un concept assez difficile à expliquer. C’est un amour plus viscéral, pour des raisons plus subtiles… »

Reste qu’il y a des images fortes qui collent à Montréal. Les fameux escaliers extérieurs. Les bottes d’hiver sur les pistes de danse. Les cyclistes qui roulent à des températures sibériennes.

« Il y a une vraie culture du vélo ici, c’est pourquoi je tenais à présenter un numéro de vélo acrobatique de groupe. C’est presque rigolo, car cette discipline n’est plus vraiment à la mode, mais il y en avait à chaque spectacle quand j’étais à l’école. »

Autre numéro qui s’imposait à ses yeux : un numéro de jonglerie dans un café. « Parce qu’il n’y a qu’à Montréal qu’un client va rester quatre heures dans un café ! À San Francisco, on achète un café et on sort au soleil. Pas ici ! »

Un passant avec des histoires à raconter

Comme fil rouge de ce cabaret circassien, Shana Carroll et Jean-Philippe Lehoux, qui cosigne les textes, ont choisi de créer un mystérieux personnage qu’ils ont appelé le Passant. C’est le comédien Didier Lucien qui se glisse dans la peau de cet homme soliloquant et à l’œil avisé.

  • Didier Lucien interprète un mystérieux passant dans Mon île, mon cœur.

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    Didier Lucien interprète un mystérieux passant dans Mon île, mon cœur.

  • Le spectacle Mon île, mon cœur des 7 Doigts se veut une lettre d’amour acrobatique et musicale à Montréal.

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    Le spectacle Mon île, mon cœur des 7 Doigts se veut une lettre d’amour acrobatique et musicale à Montréal.

  • Que serait un spectacle sur Montréal sans une scène hivernale ?

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    Que serait un spectacle sur Montréal sans une scène hivernale ?

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« Le Passant a plein d’histoires à raconter, mais on ne sait pas toujours si elles sont vraies, raconte Didier Lucien. Il regarde par les fenêtres, il observe les gens… »

Le comédien est ravi par ce nouveau projet, qui le plonge dans ses aspirations de jeunesse. « Je voulais étudier à l’École nationale de cirque, mais j’ai été choisi juste avant à l’École de théâtre ! Je me serais bien vu être porteur ou faire de la roue Cyr. Au cirque, je retrouve ce haut niveau d’énergie et ce mélange du mouvement et du texte qui me plaît depuis toujours. »

Âgé de 55 ans, Didien Lucien est arrivé à Montréal d’Haïti alors qu’il n’avait que quelques mois. « En voyage, je me suis souvent demandé si je me sentais plus chez moi ailleurs qu’à Montréal. Mais non. Paris, ce n’est pas chez moi ; New York non plus. Et Haïti non plus. » Bref, il est de ceux qui aiment viscéralement cette ville, mais à qui il arrive de la détester un peu… sans jamais se résoudre à la quitter !

Pour Mon île, mon cœur, Shana Carroll a trouvé en Didier Lucien un comédien qui possède « la présence et la force » nécessaires pour tirer son épingle du jeu devant l’énergie déployée par les acrobates. En effet, il peut être ingrat d’être seul sur scène à côté d’un groupe d’acrobates qui font des saltos…

Autre élément important de cette lettre d’amour montréalaise : la musique, qui est partie prenante de la vie culturelle de la ville. « Les artistes reprendront des chansons de Jean Leloup, de Cohen, des Colocs. Mais Colin Gagné a aussi signé des pièces originales qui rappellent l’univers d’Arcade Fire ou de Patrick Watson », explique Shana Carroll.

« C’est un spectacle très théâtral où les huit interprètes dansent, chantent, font de la musique et des acrobaties. C’est un assemblage assez complexe ! De plus, la salle est entourée d’écrans : il y aura plusieurs projections. L’ambiance sera très immersive. Et comme c’est le premier spectacle que je conçois depuis la pandémie, j’ai envie d’un spectacle joyeux, une fête en l’honneur de Montréal ! »

Le spectacle Mon île, mon cœur sera présenté en français et en anglais, en alternance, à compter du 8 septembre.

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