Ils ont traversé ensemble la tempête pandémique, loin de la scène où ils rêvent de faire carrière. Aujourd’hui, les finissants de l’École nationale de cirque peuvent enfin présenter le fruit de leurs efforts devant le public. Leur cadeau de fin d’études s’offre sous la forme d’un spectacle intitulé Jusqu’au prochain moi, présenté à la TOHU.

La 40cohorte de l’ENC a fait preuve d’une détermination qui force l’admiration. Loin des projecteurs où ils peuvent d’ordinaire faire étalage de leur talent, les élèves ont travaillé dans l’ombre pendant trois ans. Jeudi soir, pour la première de leur spectacle, la fébrilité était palpable, tant sur la scène que parmi les parents, amis et amoureux de l’art circassien qui étaient venus nombreux les encourager.

Pendant un peu plus d’une heure, les 26 finissants venus du monde entier ont enfilé les numéros dans une maîtrise souvent impeccable, puisant pour l’occasion dans un nombre impressionnant de disciplines, de la jonglerie aux acrobaties aériennes en passant par la contorsion et l’art clownesque.

Pour lier le tout, le metteur en scène invité Didier Lucien a imaginé une trame narrative un brin alambiquée, marquée par le rêve : celui d’être quelqu’un d’autre, puis quelqu’un d’autre encore, jusqu’à incarner ce rêve.

  • La jonglerie était bien représentée dans le spectacle des finissants de l’ENC.

    PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

    La jonglerie était bien représentée dans le spectacle des finissants de l’ENC.

  • Pauvre acrobate ! Il est bien mal fichu avec trois clowns comme médecins !

    PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

    Pauvre acrobate ! Il est bien mal fichu avec trois clowns comme médecins !

  • Le spectacle s’amorce en douceur, avec le réveil d’une artiste contorsionniste.

    PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

    Le spectacle s’amorce en douceur, avec le réveil d’une artiste contorsionniste.

  • Les acrobaties aériennes (sur sangles, corde lisse, tissus ou trapèze) constituent une part importante du spectacle.

    PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

    Les acrobaties aériennes (sur sangles, corde lisse, tissus ou trapèze) constituent une part importante du spectacle.

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Le spectacle s’amorce doucement, dans un mouvement léger d’une acrobate contorsionniste pour se terminer dans un numéro de cancan endiablé exécuté par la troupe en entier. Entre les deux, il y a des moments de beauté (une artiste qui joue de la harpe suspendue au plafond par ses sangles), de tendresse (un duo féminin masculin de contorsion en ouverture), de drôlerie (des clowns qui tentent de réanimer à coups de vilebrequin un pauvre artiste évanoui).

Il y a aussi des moments d’exaltation pure, des montées de sève d’une jeunesse qui rêve de prendre d’assaut tous les chapiteaux du monde.

Malheureusement, le metteur en scène a tardé à laisser s’exprimer cette vitalité impatiente et il faut attendre le cinquième tableau (sur neuf !) pour que le spectacle trouve un rythme plus dynamique.

Lorsque la musique atmosphérique cède la place à des airs plus dansants, le public est ravi et accueille le tout avec des battements de mains et des cris. Le spectacle prend alors un virage énergique qui colle à merveille au caractère de ces finissants capables de tout faire, y compris danser de manière sublime. L’immense charisme de certains interprètes peut se révéler, le contact avec le public devient plus naturel et les sourires commencent à apparaître sur leurs visages jusqu’alors assez fermés.

Et lorsqu’à l’avant-dernier tableau, ils se serrent et s’embrassent en signe d’adieu avant d’emprunter chacun leur propre chemin, on comprend que tout ce qu’ils ont traversé les a soudés pour la vie. Cette scène d’émotion véritable charrie peut-être le message le plus fort de ce spectacle inégal dans sa mise en scène, mais néanmoins réjouissant. Au-delà des obstacles, des chutes et de l’incertitude de l’avenir, il reste l’amitié, tissée au fil des années et qui résistera – on leur souhaite – au passage du temps.

Jusqu’au 12 juin à la TOHU

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