Festival TransAmériques
S’immerger dans Holoscenes
PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE
Holoscenes a été présentée en première mondiale à Toronto en 2014 et a depuis fait le tour du monde avec son aquarium géant pouvant contenir 12 tonnes d’eau. Sa présentation à Times Square, à New York, en 2017, avait créé la sensation. Elle est présentée dans le cadre du festival TransAmériques jusqu’au 29 mai. Chaque représentation dure cinq heures ; on peut faire l’expérience complète, seulement passer pour quelques minutes, revenir plusieurs fois durant la soirée… Sur la photo, l’interprète Emmanuelle Martin.
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En tout, Holoscenes est constituée de huit tableaux, chacun mettant en scène des interprètes dans des scènes de la vie quotidienne, qui sont rapidement submergés par une eau qui monte et descend (sur la photo, Benjamin Kamimo). La réalité, tout à coup, prend un autre visage, bascule dans l’onirisme et l’abstraction.
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L’ouragan Katrina a été l’élément déclencheur d’une réflexion sur le rapport de l’humain à l’élément aquatique au XXIe siècle, explique le créateur. « Les inondations sont la nouvelle normalité de notre époque. Il y a des tonnes d’information sur les changements climatiques, essentiellement des données, mais aussi un discours très axé sur la peur. J’ai voulu créer une œuvre reliée à ces sujets, mais moins rationnelle, moins didactique. » Sur la photo, l’interprète Annie Saunders.
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Même s’il a grandi près de l’océan, au Massachusetts, Lars Jan avoue ressentir une peur irrationnelle lorsqu’il se retrouve en eaux profondes. « Ces tableaux évoquent pour moi ce même sentiment que j’ai au creux du ventre lorsque je suis loin du rivage, entouré d’eau : la fragilité de mon corps, l’absence de contrôle. Dans l’océan, on réalise à quel point on est minuscules, vulnérables, ce qui est toujours vrai, en fin de compte. C’est aussi vrai à propos de notre planète, de la biosphère. »
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Ces moments de la vie quotidienne mis en scène dans Holoscenes – lire le journal, faire le ménage, ranger un tuyau d’arrosage – sont une façon pour l’artiste de changer notre perspective sur les petits gestes que nous faisons chaque jour, souvent sans y porter attention, et qui nous distraient d’enjeux plus importants. C’est un miroir tendu dans lequel le public est appelé à se refléter.
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Le premier tableau – le lecteur de journaux – prend une saveur plus locale. La trame sonore est composée à partir d’enregistrements réalisés dans plusieurs endroits dans la ville dans les jours précédents : parcs, bruits de la nature ou de circulation, extraits de nouvelles à la radio ou à la télévision. « C’est une façon d’ancrer la pièce à l’endroit où elle est présentée ; ensuite, elle ouvre sur le monde, sur d’autres endroits, sur différents comportements qu’on peut observer sur la planète. »
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Même si la pièce a été inspirée par les changements climatiques, l’action qui se déroule dans l’aquarium est ouverte à plusieurs interprétations. « Tout à coup, lorsque je regarde cette installation, j’ai l’impression de voir le plus petit des condos de tous ces édifices derrière, ça me fait penser à ces vies isolées durant la pandémie », remarque Lars Jan. Sur la photo, l’interprète Geoff Sobelle.
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Lorsque la pièce performative était présentée à Miami, une femme s’est approchée du créateur, lui demandant à propos de quoi était ce tableau où une femme fait le ménage. L’artiste lui a renvoyé sa question, à laquelle la femme a répondu : « Est-ce qu’elle est en train de se noyer dans ses larmes ? » La femme venait de déménager de Cuba à Miami, était triste et épuisée de passer ses journées à faire le ménage. Pour Lars Jan, il est important que la pièce soit présentée dans un endroit public, et gratuitement, ce qui fait en sorte qu’elle peut être vue par des gens qui n’ont pas l’habitude d’aller au théâtre.
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Chaque tableau dure entre 30 et 45 minutes, et demande un effort important de la part des interprètes qui y sont immergés, en état d’apesanteur, cherchant leur souffle, alors que le niveau de l’eau change sans cesse. Une grande place est laissée à l’improvisation : « La musique, les lumières, le niveau de l’eau, la chorégraphie : tout est live, les éléments sont en conversation l’un avec l’autre. » L’eau est récupérée et filtrée entre chaque tableau, pour éviter le gaspillage. À la fin de la semaine, elle servira à irriguer la végétation aux alentours.
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Le FTA arrive en ville ! La Presse a assisté à la répétition générale de la pièce performative Holoscenes, par l’artiste américain Lars Jan, qui inondera la nouvelle esplanade Tranquille, à Montréal, à partir de ce mercredi.