Osheaga a pris fin en beauté, et les Montréalais Half Moon Run sont les premiers à remercier pour cette splendide soirée. Le trio a été la touche finale d’un alignement de haut calibre invité au festival jeudi. Valence, July Talk, Geoffroy, AXLAUSTADE… l’ultime journée du festival (version miniature) a été un délice.

Qui de mieux que les favoris montréalais Half Moon Run pour clore une édition d’Osheaga toute canadienne, presque entièrement locale ? Le trio est de ceux qui ont le public dans leur poche où qu’ils se présentent dans la métropole (et au-delà). Les festivaliers n’attendaient qu’eux, la fébrilité était palpable lorsque Devon, Conner et Dylan sont arrivés sur scène.

S’il a un public dévoué, Half Moon Run ne fait rien à moitié, il se donne à fond pour offrir de quoi ravir ceux qui l’aiment et ceux qui le découvrent. Le décor était sobre, des écrans aux images abstraites et de grands éclairages comme des lumières de chantier suffisant à créer une ambiance chaleureuse. En début de concert, le meneur Devon s’est retenu de dire à la foule ce que tous les artistes ne manquent pas de nous rappeler en ces temps si particuliers : cela faisait longtemps et on est heureux de se retrouver.

Tout le monde dit la même chose, alors je vais simplement vous dire que je vous aime.

Devon, meneur du groupe Half Moon Run

Half Moon Run a servi un intelligent mélange de ses plus vieilles chansons, entre lesquelles il en a présenté quelques-unes tirées de son plus récent album et des mini-albums sortis dans les deux dernières années. On & On, I Can’t Figure Out, Unofferable, Narrow Margins, Jello On My Mind, Call Me In The Afternoon, Need It… Les festivaliers ont chanté en chœur sur leurs titres préférés, tandis que sur scène, les trois garçons ont tout donné.

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Conner du groupe Half Moon Run

Devon a été impeccable à la voix. Ses deux compagnons tout autant, aux harmonies. Nous le disions plus haut, les chansons de Half Moon Run sont riches sur le plan des instrumentations. En spectacle, toute cette complexité prend encore plus de sens. Les musiciens ne cherchent pas à faire simple. Ils arrangent leurs morceaux pour leur donner une nouvelle texture. Des chansons qu’ils ont jouées des milliers de fois se métamorphosent un peu, par une introduction revisitée, une envolée vocale, un solo de piano.

Pour une bonne partie de sa performance, le groupe s’est accompagné du quatuor à cordes Esca, souvent à ses côtés sur scène ces dernières années. Une addition toujours bienvenue. Les musiciennes se sont d’ailleurs jointes pour la première fois à Grow Into Love, un des superbes moments de la soirée.

  • Festivaliers à Osheaga, dimanche

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    Festivaliers à Osheaga, dimanche

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    Festivaliers à Osheaga, dimanche

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    Festivaliers à Osheaga, dimanche

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Le site d’Osheaga n’était pas rempli à son maximum en ce dimanche, mais l’ambiance était à son comble malgré tout. Half Moon Run est un habitué d’Osheaga – « on adore l’expérience chaque fois », a assuré Conner. On espère les retrouver dans une prochaine édition, quand le soleil d’été accompagnera les musiciens du festival, quand les foules seront denses, que la vie aura vraiment repris.

Valence fait son show

Bien avant Half Moon Run, juste après une excellente performance des Shirley, Valence s’est présenté sur la scène adjacente pour un set percutant, allumé et tout en délicatesse, parfois les trois à la fois. Le charisme du meneur, Vincent Dufour, sur scène est assez électrisant pour qu’un spectacle à 16 h ait autant d’ambiance que s’il était 21 h et que le parterre était comble. Ses cinq musiciens (multi-instrumentistes) et lui ont su emporter le public, dont plusieurs étaient des admirateurs établis.

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Vincent Dufour, meneur du groupe Valence

Pendant un spectacle de Valence, le saxophone rutile, la flûte aussi à l’occasion, les guitares s’emballent, les harmonies et la voix du meneur envoûtent. C’est chaud, c’est divertissant à souhait.

Ça a ensuite été au tour d’AXLAUSTADE, trio composé de Steve Dumas, Francis Mineau et Jonathan Dauphinais. Faire ses débuts à Osheaga, pour y présenter de la musique grunge-électro tout instrumentale (aussi bonne soit-elle), est un défi en soi. Même quand on s’est déjà fait un nom dans la musique. Ne pas adresser un mot à la foule pendant la moitié du spectacle est un pari risqué, mais ça fait partie de la proposition, et la qualité de la musique présentée en valait la peine. AXLAUSTADE vit son aventure (un genre de délire entre amis poussé au maximum) et prend visiblement bien du plaisir à le faire. Et on a aimé entendre leur projet prendre vie sur scène.

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AXLAUSTADE, trio composé de Steve Dumas, Francis Mineau et Jonathan Dauphinais

Allumés July Talk

Dès que les membres de July Talk se présentent sur scène, l’énergie change, l’électricité charge l’air. Le groupe torontois est galvanisant. Un quart d’heure à peine après le début de son numéro, la chanteuse, Leah Fay, a monté sur la barrière et avancé en tenant les mains des festivaliers l’aidant à garder l’équilibre. Sans jamais s’arrêter de chanter. Peter Dreimanis et elle sont captivants. Chacun habite son espace avec grâce, avec une énergie sexy et communicative. Les deux chanteurs s’amusent dans leur jeu sur scène, ce flirt dans leur gestuelle et leurs regards.

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Leah Fay et Peter Dreimanis forment le groupe July Talk.

L’union des voix de Peter et Leah est une bénédiction pour les oreilles. Son ton rauque à lui, presque guttural. Son intonation haut perchée à elle. Leur rock est entraînant, ils nous le présentent avec maîtrise, sans laisser passer de temps mort. Que demander de mieux ? « I don’t want it to end » (je ne veux pas que ça se termine), a confié Leah avant de tirer sa révérence. Nous en aurions voulu plus aussi.

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Geoffroy

Un peu plus tard, Geoffroy, entouré de ses quatre (géniaux) musiciens, a fait danser et planer la foule de plus en plus dense. Derrière son clavier ou à la guitare, sur scène ou en se promenant plus proche de la foule (ce qu’on a hâte que les véritables bains soient de nouveau possibles !), l’auteur-compositeur-interprète a présenté sa pop électro planante aux festivaliers. Il a laissé le public complètement convaincu (pour ceux qui ne l’étaient pas déjà) après l’heure que nous avons partagée avec lui.

Lui et tous les autres artistes, dimanche, ont créé des moments sublimes, que seule la musique live peut susciter. Quelques mois plus tard qu’à l’habitude, après des mois d’incertitude, Osheaga a finalement eu lieu, permettant ces instants de communion si propres aux concerts. On en est ravis.