L’ultime programmation de Martin Faucher à titre de directeur artistique du Festival TransAmériques est foisonnante et rassembleuse. À compter du 26 mai, 23 spectacles seront proposés, tous unis par un fil rouge, celui de la beauté.

« La beauté est subjective, mais pour moi, elle est associée à une notion d’humilité, lance Martin Faucher. Avec tout ce qui se passe depuis un an, nous sommes devenus plus attentifs à des signes qu’on banalisait peut-être avant : le coucher du soleil, le temps qui passe… Toutes des choses simples, proches de nous. Cette année, il y a plusieurs spectacles qui appellent davantage à la méditation ou à l’immersion… »

La proximité, qu’elle soit émotive ou géographique, prend une place considérable dans cette programmation qui fait la part belle aux créateurs d’ici. Pandémie oblige, Martin Faucher n’a pas pu inviter des compagnies étrangères comme il avait l’habitude de le faire depuis sept ans. Résultat : il a concentré son effort sur les artistes canadiens, québécois, montréalais, dont une grande majorité de danseurs et de chorégraphes.

PHOTO ANDRÉ CORNELLIER, FOURNIE PAR LE FTA

Louise Lecavalier revient au FTA pour présenter son solo Stations.

En effet, la danse « s’adaptant mieux aux contraintes sanitaires actuelles que le théâtre », elle est au cœur des festivités. Parmi les spectacles de danse attendus, notons les créations de Louise Lecavalier (un solo intitulé Stations), Rhodnie Désir (qui présentera le spectacle extérieur BOW’T-Tio’tia : ke sur l’héritage des peuples afrodescendants), Mélanie Demers (La Goddam Voie lactée) et Clara Furey (Dog Rising).

Les amateurs de théâtre ne seront pas en reste avec, notamment, des spectacles signés Marie Brassard (Violence) ou la création Dans le nuage (première mouture) de Laurence Dauphinais et de Maxime Carbonneau.

Au total, ce sont 17 premières mondiales et 2 premières nord-américaines qui seront présentées dans 16 lieux de diffusion intérieurs et extérieurs de Montréal, du 26 mai au 12 juin.

Fier de cette « folle programmation »

Le 15festival se distingue aussi des précédents par une forte présence féminine – 16 créatrices contre 12 créateurs – et la participation de nombreux artistes des Premiers Peuples et de la diversité. « Je suis fier que le festival soit là pour faire entendre ces voix, mais en même temps, je ne veux pas mettre l’accent là-dessus ni en faire un tableau Excel. Il faut que ça devienne banal, car du talent, il y en a partout. »

Martin Faucher souhaitait de plus que le festival fasse le pont entre les générations, avec des artistes dont la pratique s’inscrit dans la longévité, comme la chorégraphe Catherine Tardif, et d’autres arrivés depuis peu, comme la créatrice multidisciplinaire Soleil Launière, notamment.

« Je suis fier de proposer une si grande diversité générationnelle et esthétique. »

Nous présentons aussi des spectacles dans des lieux atypiques, comme le jardin du Musée d’art contemporain, ou dans des salles où l’on a joué souvent, mais qui seront transformées. Je m’interroge beaucoup sur le territoire cette année, sur l’endroit d’où l’on vient.

Martin Faucher

Depuis l’annulation de l’édition 2020, l’an dernier, Martin Faucher travaille sur la programmation 2021, et ce, sans savoir si elle sera présentée ou non. À quatre semaines du début des festivités, le doute plane toujours, en particulier pour certains spectacles prévus dans l’espace public, dont celui de Rhodnie Désir. Le lieu exact du spectacle ne pourra d’ailleurs pas être révélé à l’avance, pour ne pas provoquer de rassemblement…

PHOTO KEVIN CALIXTE, FOURNIE PAR LE FTA

La chorégraphe Rhodnie Désir présentera son spectacle BOW’T-Tio’tia : ke dans un lieu gardé secret du Vieux-Montréal.

En raison de l’incertitude sanitaire, le FTA a prévu deux captations numériques et un cycle de trois lectures, qui seront présentées virtuellement aux festivaliers, peu importe l’évolution de la situation. Il s’agit des spectacles de danse Un temps pour tout, de Sovann Rochon-Prom Tep, et The Door Opened West, de Marc Boivin et Sarah Chase. Parmi les lectures proposées, notons la présentation d’un texte de Réjean Ducharme et de Je suis une maudite sauvagesse, de la poète innue An Antane Kapesh.

« C’est la programmation la plus folle que j’ai jamais faite, conclut Martin Faucher. Pas tant en raison de la quantité de spectacles, mais par l’incertitude qui plane depuis novembre. C’est une aventure en terrain accidenté qui nous oblige à rester dans le moment présent. C’est presque un acte de foi. »

Les nouvelles codirectrices artistiques du FTA, Jessie Mill et Martine Dennewald, nommées au début de l’année, succéderont à Martin Faucher à la fin de la présente édition.

Les billets individuels pour les spectacles en salle seront mis en vente le 11 mai. Il n’y a pas de forfait proposé cette année. Les billets pour les captations numériques sont déjà en vente.

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