Les théâtres et les salles de spectacles toujours en zone rouge devront s’armer de patience dans les prochaines semaines. Mais il y a de l’espoir à l’horizon. « Préparez-vous ! », a lancé le premier ministre François Legault, mercredi en fin de journée. En ajoutant que le gouvernement veut voir les impacts de la semaine de relâche avant d’annoncer des assouplissements pour Montréal et ses régions limitrophes.

« Je peux comprendre qu’on soit prudent », dit Lorraine Pintal. La directrice du TNM « ne montera pas aux barricades cette fois, car la situation reste problématique avec les variants du virus » dans la région de Montréal. « On aurait bien aimé ouvrir les portes du théâtre au public après la relâche. On était prêts à présenter la pièce Abraham Lincoln va au théâtre, dès le 16 mars. Or, je n’envisage pas une réouverture avant le début avril », se désole-t-elle.

Tandis qu’à l’Orchestre Métropolitain, Yannick Nézet-Séguin semble plus impatient. « Le milieu culturel a été “bon joueur” jusqu’ici. Il est temps qu’on permette aux artistes de faire leur travail, c’est-à-dire d’offrir un réel réconfort dans cette période d’anxiété », a affirmé le directeur artistique et chef principal de l’OM, mercredi soir, dans une déclaration écrite à La Presse.

Après un an de confinement du milieu culturel, j’invite sincèrement le gouvernement à voir les artisans du secteur culturel comme des alliés vers cette résilience qui doit s’amorcer maintenant. La lueur d’espoir pour un retour à la normalité, c’est la culture qui pourra la faire briller.

Yannick Nézet-Séguin, directeur artistique et chef principal de l’OM, dans une déclaration écrite à La Presse

Chez Duceppe, le codirecteur artistique Jean-Simon Traversy a hâte d’en savoir plus la semaine prochaine. Or, la compagnie est déjà prête à ouvrir ses portes et à accueillir son public.

« On vient juste de réaliser un sondage auprès de 3000 personnes, avec des abonnés et des spectateurs de spectacles précédents. Parmi les répondants, 60 % affirment qu’ils retourneront chez Duceppe dès l’annonce de la réouverture. Et la moitié d’entre eux se disent ouverts à venir en après-midi, si le couvre-feu nous empêche de jouer le soir. »

Un couvre-feu à 21 h 30

Toutefois, les compagnies jointes par La Presse estiment qu’il sera possible de présenter des spectacles plus courts et sans entracte, afin de respecter un couvre-feu à 21 h 30, lorsqu’elles reviendront en zone orange. « On avance, on ne recule pas », estime David Laferrière, président de l’organisme RIDEAU, qui représente 350 salles de spectacles à l’échelle du Québec. « C’est une bonne nouvelle pour cinq autres régions, même si la moitié de nos membres sont encore en zone rouge. On attend une annonce plus claire la semaine prochaine, poursuit-il. Mais on demeure convaincus que tous nos lieux de diffusion sont sécuritaires. »

David Laferrière ajoute avoir eu des échos de ses membres dans les régions du Saguenay et de Gatineau. « La vente des billets va très bien là-bas. C’est très encourageant pour l’avenir. »

À Québec, l’équipe du Trident a aussi accueilli l’annonce avec beaucoup d’enthousiasme :

Nous pensons pouvoir rouvrir dans la semaine du 15 mars. On a cinq spectacles qui étaient prévus pour la saison d’automne qu’on pourra présenter cet hiver. La Sagouine fera une tournée. Et on va poursuivre avec le numérique.

Anne-Marie Olivier, directrice du Trident

« En théâtre, c’est notre métier d’être créatifs, conclut Jean-Simon Traversy. Chez Duceppe et ailleurs, tout le monde est capable de s’ajuster aux mesures sanitaires et de programmer des spectacles qui sont adaptés à la réalité de la crise actuelle. Avec le télétravail, les gens ont appris à travailler différemment durant la pandémie. Désormais, ils peuvent aussi apprendre à fréquenter les salles de spectacles différemment. »