Tous les mardis, La Presse présente les actualités de la semaine dans le monde du théâtre, de la danse et des spectacles à Montréal et au Québec. Premières, coups de coeur, spectacles en tournée et pièces à voir. La scène se passe ici et maintenant.

Théâtre : la quête de Kevin McCoy

Immigration, identité, origines, filiation : les thèmes du théâtre de Kevin McCoy sont ceux d’un grand explorateur de l’âme humaine. Pas surprenant que son prochain spectacle, Le devisement du monde, reprenne le titre du livre de Marco Polo, qui raconte le célèbre voyage de l’explorateur en Chine sur la route de la soie. Le chemin emprunté par le créateur de Québec est plutôt celui vers soi. Parce que le théâtre sert à la fois à aller à la rencontre de l’autre et de soi-même.

Après son premier solo il y a huit ans, le savoureux Ailleurs, présenté entre autres à La Licorne, suivi de l’excellent Norge en 2015, où l’acteur-créateur s’aventurait sur les traces de sa grand-mère maternelle en Norvège, l’artiste explore cette fois les relations père-fils, avec le deuil de son père, mort en décembre 2014, deux mois avant la création de Norge au Trident à Québec. Il nous propose un voyage sur les traces de Marco Polo alors que son père se meurt.

« Après ma quête personnelle, je me suis intéressé à ma mère, puis à mon père. On me dit que c’est un cycle naturel chez bien des auteurs », dit l’acteur, auteur et metteur en scène. « Je me donne le droit d’errer, de chercher et d’apprendre sur moi en créant mes spectacles. Toutefois, avec ce troisième volet, j’espère que ce sera le dernier du cycle. J’aimerais aller ailleurs. » Avant de plier bagage vers d’autres horizons, Kevin McCoy nous livre l’ultime étape de son expédition humaine et son triptyque migratoire, avec la complicité des interprètes Louis Fortier et Sarangerel Tserenpil.

Du 11 au 20 février, au Diamant à Québec. En plus du Devisement du monde, on peut aussi voir Ailleurs et Norge, présentés un soir chacun. Le Diamant offrira aussi, le 22 février, les trois spectacles d’affilée du Triptyque migratoire.

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Musique : vibrer au rythme de Lhasa

PHOTO JEAN-FRANCOIS LEBLANC, FOURNIE PAR PPS DANSE

Le spectacle Danse Lhasa Danse rend hommage en musique, chants et danse à Lhasa de Sela.

Tel un bon vin, le spectacle Danse Lhasa danse a bien vieilli et nous arrive dans une version retravaillée et peaufinée par le chorégraphe Pierre-Paul Savoie (PPS Danse) et ses collaborateurs de la première heure. Sans rien enlever à la version originale — créée dans l’urgence, en 2011, après la mort de la chanteuse Lhasa De Sela l’année précédente —, cette proposition, mieux ficelée, aux transitions délicatement travaillées et aux chorégraphies revisitées, où s’ajoutent quelques nouvelles chansons, devient un écrin où se déploient toute la magie, la sensibilité et l’universalité de l’œuvre de cette grande artiste disparue trop tôt.

Danse Lhasa danse est un hommage senti, mais livré en toute humilité à Lhasa et à son œuvre. C’est aussi une merveilleuse rencontre, organique, entre la danse, le chant et la musique. Plus d’une vingtaine de personnes — musiciens, chorégraphes, danseurs, chanteurs — contribuent à créer une émouvante mosaïque de pièces tirées des trois albums de la chanteuse. Tous sont talentueux, mais quelques moments forts émergent : Alexandre Désilets, qui a décidément tous les talents, donne vie de sa magnifique voix haut perchée aux mélodies de Lhasa, et s’essaie même, de façon plutôt convaincante, à quelques pas de danse, en duo avec l’interprète Roxane Duchesne-Roy, lumineuse. Impossible de passer sous silence la performance remarquable de Myriam Allard, alors que l’intensité brûlante du flamenco se marie particulièrement bien au répertoire de cette artiste qui créait et chantait avec ses tripes. Karen Young est également touchante de vulnérabilité, notamment sur la magnifique et statuesque I’m Going in, chorégraphiée par M. Savoie, qui a dit en ouverture du spectacle, jeudi au Théâtre Maisonneuve, que Lhasa lui avait appris « la vie, mais aussi la mort ».

Danse Lhasa danse : le spectacle s’arrêtera au Palais Montcalm, à Québec, le 27 février, puis reviendra en novembre pour deux dates (au Zénith de Saint-Eustache et de nouveau au Théâtre Maisonneuve).

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Théâtre : Small Mouth Sounds au Segal

PHOTO FOURNIE PAR LE CENTRE SEGAL

La distribution de la pièce silencieuse Small Mouth Sounds

Le silence est d’art au Centre Segal. La compagnie lance sa saison d’hiver avec une expérience théâtrale unique sous la direction de la conseillère artistique du Segal, Caitlin Murphy, avec Small Mouth Sounds, une pièce de Bess Wohl. À la fois provocatrice et divertissante, la production de Small Mouth Sounds met de côté le bruit et la fureur, en mettant en scène un groupe qui participe à une retraite… silencieuse. « Ce spectacle, paisible, nous rappelle que la magie du théâtre est la relation unique entre les comédiens et les membres du public. C’est une expérience inoubliable », estime la directrice du Centre Segal, Lisa Rubin.

Jusqu’au 1er mars, au Studio du Centre Segal

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Danse : chorégraphie dont vous êtes le héros

PHOTO JULIEN BENHAMOU, FOURNIE PAR L’AGORA DE LA DANSE

Olivier Dubois s’amène au Québec avec son spectacle Pour sortir au jour.

Élu l’un des 25 meilleurs danseurs au monde en 2011 par le magazine Dance Europe, Olivier Dubois s’amène à Montréal avec une proposition audacieuse, qui pose les questions du rôle de l’artiste et de l’interprète. Chaque représentation de Pour sortir au jour s’annonce unique, puisque le danseur se laisse guider par les choix du public, à travers des échanges ludiques. Seul sur une scène sans artifice, étalant sa vulnérabilité, il permet aux spectateurs de déterminer, par un processus aléatoire dont il a fixé les règles, les fragments de danse qu’il interprétera, isolés des quelque 60 spectacles auxquels il a participé au cours de sa carrière. De quoi naît le chef-d’œuvre ? Une question à méditer dans ce spectacle annoncé comme une « jouissive déclaration d’amour à la danse ».

Pour sortir au jour, du 12 au 15 février, à l’Agora de la danse

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Danse : le désir de Rhodnie

PHOTO TIRÉE DU SITE WEB D’ESPACE LIBRE

La chorégraphe Rhodnie Désir propose une ultime rétrospective de son spectacle BOW’T.

Le spectacle BOW’T TRAIL Retrospek s’amène dès demain, mercredi, à Espace Libre. Projet de la chorégraphe Rhodnie Désir, ce spectacle est la conclusion d’une démarche artistique amorcée avec la pièce BOW’T  (faisant référence au bateau et, par la bande, à la déportation et à l’immigration), présentée en 2013. Cette rétrospective s’annonce comme l’ultime et huitième recréation de l’œuvre originale, la chorégraphe ayant effectué des recherches depuis 2015 dans six pays des Amériques, avec comme désir de transcender ses origines et s’imprégner des cultures et rythmiques africaines créées par des peuples déportés, du jungo brésilien à la danse vaudou haïtienne, en passant par le blues de La Nouvelle-Orléans. Sur scène, une danseuse, deux musiciens et un écran immersif qui diffuse des projections vidéo illustrant la démarche de l’artiste, avec pour résultat un spectacle chorégraphique documentaire porteur de mémoire. Pour les curieux, le webdocumentaire Bow’t Trail, offert sur ICI Tou.tv, relate les moments forts de cette aventure.

Du 13 au 22 février, à Espace Libre

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Financement : Patrimoine canadien appuie deux théâtres montréalais

PHOTO FRÉDÉRIC MATTE, ARCHIVES LE SOLEIL

Le ministre du Patrimoine canadien, Steven Guilbeault

Le Centre du Théâtre d’Aujourd’hui et le Théâtre Tortue Berlue recevront une aide financière du gouvernement canadien, par l’entremise du Fonds du Canada pour les espaces culturels. Le ministre du Patrimoine canadien, Steven Guilbeault, a annoncé lundi l’attribution d’une aide financière de 600 000 $ au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, somme qui servira notamment à la rénovation des aires d’accueil et à la réfection de l’enveloppe du bâtiment situé rue Saint-Denis, à Montréal. Quant à la compagnie théâtrale pour jeune public Tortue Berlue, l’aide évaluée à 97 000 $ servira à l’acquisition d’un nouvel autobus-théâtre.