(Paris) Un conseil d’administration extraordinaire de l’Opéra de Lyon a voté pour le licenciement du directeur du ballet, condamné pour discrimination pour avoir demandé le non-renouvellement du contrat d’une danseuse à son retour de congé maternité, a appris vendredi l’AFP auprès du ministère de la Culture.

Le CA a voté à l’unanimité en faveur du licenciement de Yorgos Loukos, condamné en décembre en appel à une amende de 1500 euros (2200 $) avec sursis et à verser 5000 euros (7300 $) de dommages et intérêts à l’ancienne danseuse.

Le syndicat des artistes professionnels, le SNAM-CGT, avait alors appelé à son licenciement.

Les faits remontent à 2014 : Karline Marion, 34 ans, est en CDD à l’Opéra de Lyon depuis cinq ans et se trouve à ce moment crucial où son contrat sera requalifié en CDI s’il est renouvelé une sixième fois.

Mais, deux jours après son retour de congé maternité, une lettre lui signifie son non-renouvellement. Yorgos Loukos, directeur du ballet depuis 33 ans, motive sa décision auprès de la ville de Lyon qui embauche les danseurs du ballet : « Faiblesse physique et stylistique », « style trop classique » pour une danseuse qui a effectué une partie de sa carrière au ballet Béjart.

Or, lors d’un entretien quelques jours plus tard, enregistré par la danseuse, Yorgos Loukos explique : « si entre 29 et 34 ans, tu as fait pas mal, mais pas beaucoup, c’est pas entre 35 et 40 que tu vas faire plus, en plus avec un enfant ».

Cette affaire rappelle celle du Ballet Nice Méditerranée dont le directeur Eric Vu-An, ancien danseur de l’Opéra de Paris, avait été visé par une plainte pour harcèlement et discrimination par une soliste, Gaëla Pujol, congédiée en 2018 après un avoir eu un deuxième enfant.

Par la suite, la ville de Nice avait décidé d’améliorer l’accompagnement administratif et médico-professionnel des danseurs et établi un formulaire d’alerte pour signaler tout cas de harcèlement.

Dans le monde très réservé de la danse classique, les langues se délient de plus en plus et des cas de discrimination et de harcèlement sexuel et moral sont révélés au grand jour depuis le mouvement #metoo et des compagnies prennent plus volontiers des sanctions.

Il y a une semaine, le Royal Ballet de Londres a annoncé avoir suspendu le chorégraphe Liam Scarlett, l’une vedettes de la prestigieuse institution, visée selon le Times par une enquête pour harcèlement sexuel.