Tous les mardis, La Presse présente les actualités de la semaine dans le monde du théâtre à Montréal et au Québec. Premières, coups de coeur, spectacles en tournée et pièces à voir. La scène se passe ici et maintenant.

La Presse a vu : froids, les serpents

C’est avec un texte touffu et très littéraire que la femme de théâtre et metteure en scène Luce Pelletier a choisi d’ouvrir son nouveau cycle de création sur les territoires féminins. Présentée à l’Espace Go, la pièce Les serpents, de l’autrice française d’origine sénégalaise Marie NDiaye, raconte le destin de trois femmes de la même famille, qui se retrouvent un 14 juillet. Devant elles, une maison. Caché à l’intérieur : un homme prêt à les dévorer et dont la présence invisible plane sur toute la pièce. On ne le voit jamais, mais l’entendre rire derrière les portes closes glace le sang.

Ce conte cruel n’est pas facile à aborder, ni pour les interprètes ni pour le public. Saluons d’emblée les trois interprètes, Isabelle Miquelon (d’une perfidie tenace), Catherine Paquin-Béchard et, surtout, Rachel Graton (toujours sur le point de rompre), qui ont réussi à dompter l’écriture parfois hermétique de Marie NDiaye. Elles ont su donner tout ce qu’elles pouvaient d’émotions à un texte qui semble ne jamais aboutir. Car ces trois personnages, voyez-vous, parlent beaucoup pour ne pas sombrer, et chez elles, les mots agissent comme des bouées. 

Résultat : on ne comprend plus quelles sont les motivations de chacune, la trame narrative devient confuse. La mise en scène, très épurée, ne réussit pas à chasser cette impression qu’a le spectateur de se trouver devant une inextricable pelote de mots. Peut-être aurait-il fallu que Luce Pelletier ose élaguer pour arriver à toucher avec cette matière théâtrale insaisissable et froide…

Les serpents, à l’Espace Go, jusqu’au 7 décembre.

Consultez la page du spectacle : https://espacego.com/saison-2019-2020/les-serpents/

Théâtre en été : briser le quatrième mur

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Debbie Lynch-White sera de la pièce Silence, on tourne !

Pour la première fois de son existence, l’été prochain, l’agence evenko se lancera dans le théâtre. Dès le 3 juillet, à Laval, le producteur présentera Silence, on tourne !, une pièce comique créée en France en 2016 mettant en vedette des virtuoses de la comédie au Québec : Debbie Lynch-White, Olivier Aubin, Marc St-Martin, Chantal Baril, Suzanne Champagne, entre autres. En conférence de presse la semaine dernière, le metteur en scène Michel-Maxime Legault se disait entouré « d’une équipe de rêve » pour travailler sur cette comédie estivale. « Silence, on tourne ! offrira une expérience immersive aux spectateurs qui agiront, d’une certaine façon, à titre de figurants pour le film tourné sur scène », dit-il. « C’est une comédie théâtro-cinématographique dans laquelle tout peut arriver. Où rien ne fonctionne vraiment comme prévu », ajoute le directeur artistique Pierre Bernard.

Silence, on tourne !, à la salle André-Mathieu, du 3 au 31 juillet, puis à la salle Albert-Rousseau, le 9 novembre 2020.

Consultez la page de la pièce : https://www.evenko.ca/fr/evenements/31670/silence-on-tourne/salle-andre-mathieu/07-03-2020

Comédie musicale : amitiés, de Terre-Neuve à Broadway

PHOTO MATTHEW MURPHY, FOURNIE PAR LA PRODUCTION

Le comédie musicale Come From Away débarque à la Place des Arts pour huit représentations. 

Le 11 septembre 2001, alors que les tours jumelles s’écroulaient à New York, des avions contenant quelque 7000 passagers ont été déviés vers Gander, à Terre-Neuve. Spontanément, les résidants de cette petite localité ont ouvert leurs portes et sorti leurs instruments de musique pour accueillir ces visiteurs inattendus, prouvant que si l’humain peut être l’artisan du pire, il est aussi capable du meilleur. Cette histoire vraie est à l’origine de la comédie musicale (en anglais seulement) Come From Away, écrite par deux Canadiens (Irene Sankoff et David Hein) et présentée sur Broadway depuis février 2017. La production, encensée par la critique et bardée de prix internationaux, réunit sur scène 18 chanteurs/comédiens et 9 musiciens. Dans le cadre de sa tournée nord-américaine, Come From Away débarque à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts pour huit représentations.

Come From Away, à la Place des Arts, du 26 novembre au 1er décembre.

Consultez la page du spectacle : https://placedesarts.com/en/event/come-away

Spectacle de finissants : Gauvreau retourne à l’école

PHOTO YVES BEAUCHAMP, ARCHIVES LA PRESSE

Claude Gauvreau, en 1968

Cet automne, l’École nationale de théâtre du Canada lance la programmation « Payez ce que vous voulez », qui vise à rendre le théâtre accessible au plus grand nombre. On voudra donc en profiter dès ce soir en allant voir la production des finissants (en interprétation, production et scénographie) de l’École d’une des œuvres cultes du poète Claude Gauvreau, L’asile de la pureté et quelques fragments. Pièce qui a d’ailleurs été créée à l’École nationale, au pavillon du Monument-National, en 1988… 35 ans après qu’elle eut été écrite. Cette fois, Alex Bergeron signe l’adaptation et Alice Ronfard, la mise en scène. La pièce est présentée du 19 au 23 novembre à la salle Ludger-Duvernay du Monument-National.

Consultez la page du spectacle : https://ent-nts.ca/fr/spectacle-finissants-francophones-automne-2019

Théâtre musical : Rivard se raconte

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Michel Rivard signe L’origine de mes espèces.

Michel Rivard a ravi public et critique cette année avec L’origine de mes espèces, spectacle théâtral et musical où il raconte avec beaucoup de générosité son enfance et sa jeunesse dans une famille pas si normale de Montréal. Mêlant habilement poésie et humour, l’auteur-compositeur-interprète essaie de recoller les morceaux de son passé, ponctuant ses réflexions de chansons originales. Présentée à guichets fermés à La Licorne, puis en tournée un peu partout au Québec, L’origine de mes espèces a remporté trois Félix lors du dernier Gala de l’ADISQ, notamment celui du spectacle de l’année (auteur-compositeur-interprète).

L’origine de mes espèces, au Théâtre Jean-Duceppe, du 28 novembre au 7 décembre.

Consultez la page du spectacle : https://www2.duceppe.com/spectacles/lorigine-de-mes-especes/

Scène numérique : projet Jeff Koons

PHOTO SYLVAIN SABATIÉ, FOURNIE PAR LA PRODUCTION

Jeff Koons du Théâtre du Trillium s’arrête au Centre Phi.

Avec « un regard empreint d’ironie », le Théâtre du Trillium, établi à Ottawa, s’arrête au Centre Phi, dans le Vieux-Montréal, pour proposer une visite guidée inspirée de Jeff Koons, artiste « kitsch-néo-pop » adoré des collectionneurs. L’œuvre du metteur en scène franco-ontarien Dillon Orr interroge la place de l’acteur à l’ère numérique. « À la manière d’un coryphée omniprésent remettant en question la hiérarchie et les codes théâtraux, le projet Jeff Koons cherche à travers la présence humaine à rompre les contraintes et à plonger au cœur du monde numérique », écrit-on sur le site de cette production du Trillium.

Jeff Koons, au Centre Phi, du 20 au 23 novembre.

Consultez la page de l’événement : https://phi-centre.com/evenement/jeff-koons-fr/

Danse : flamenco, quand tu nous tiens

PHOTO LYDIA PAWELAK, FOURNIE PAR DANSE DANSE

Magnetikae, de la Otra Orilla, enflammera les planches de la Cinquième Salle avec son flamenco contemporain.

Elle est la figure de proue du flamenco contemporain et lui donne un nouveau souffle. La danseuse et chorégraphe Myriam Allard et sa compagnie La Otra Orilla sont de retour dès ce soir avec une nouvelle proposition, élaborée conjointement avec le chanteur de flamenco Hedi Graja, complice qui signe également la scénographie et la mise en scène. Œuvre contrastée orchestrant une rencontre entre le flamenco et l’hiver, Magnetikae amène la flamboyance et la chaleur du flamenco dans un territoire de glace pour fignoler un récit qui parle de l’exil, de l’étranger et du lointain. Un conte flamenco enneigé, empreint de poésie, qui promet.

Magnetikae, à la Cinquième Salle de la Place des Arts, jusqu’au 23 novembre.

Consultez la page du spectacle : https://www.dansedanse.ca/fr/la-otra-orilla-magnetikae