Pour son baptême théâtral, Romane Denis va brûler les planches tout l’été à Montréal, puis à Québec, dans la comédie musicale Mamma Mia !, sous la direction de Serge Postigo. Entrevue avec une recrue qui a pas mal d’expérience…

Enfant de la télé et des plateaux de tournage, Romane Denis n’était jamais montée sur scène jusqu’ici. Dès mercredi soir, elle ajoutera cette corde à son violon, en donnant la réplique aux Joëlle Lanctôt, Hubert Proulx et Guillaume Borys sur la scène d’un théâtre de 2200 places. L’actrice des Pays d’en haut joue le rôle de Sophie dans Mamma Mia !, le spectacle qui réjouit le public du monde entier en enfilant les succès légendaires du groupe ABBA. 

« J’adore Mamma Mia ! depuis mon enfance, dit la comédienne de 21 ans. Je connais toutes les chansons par cœur depuis toujours. Adolescente, ma mère m’a offert en cadeau d’aller à New York pour voir le musical sur Broadway. »

Lorsque Romane a lu que Juste pour rire faisait passer des auditions pour la production québécoise de Mamma Mia !, elle a confié à sa mère qu’elle allait tenter sa chance…

« Puisque je n’ai pas de formation en théâtre, je ne pensais jamais décrocher un premier rôle. J’aurais accepté n’importe quoi : un rôle muet, une doublure, voire travailler dans les coulisses et donner des bouteilles d’eau aux interprètes ! »

Alors, quand Serge Postigo lui a annoncé, en décembre dernier, qu’il lui confiait le rôle de Sophie, la fille de Donna, elle-même interprétée par Joëlle Lanctôt (Mary Poppins, GreaseFootloose), Romane était sous le choc : « Jusqu’au début des répétions, j’ai eu peur que Serge change d’idée et décide de donner Sophie à une actrice plus expérimentée… C’était trop beau pour être vrai ! Je sais, ça sonne quétaine, cliché, mais je réalise un rêve en jouant dans Mamma Mia ! »

De l’écran à la scène

Dans la production mise en scène et adaptée par Serge Postigo, sous la direction musicale de Guillaume St-Laurent, les chansons sont en anglais et les dialogues, traduits en français. « Tout le monde connaît les paroles d’ABBA, il aurait été bizarre de les chanter en français, précise Romane Denis. Ça aurait sonné faux. Et le but, c’est aussi de faire lever la salle et de créer une ambiance de party autour des chansons. »

Si Romane Denis est une recrue en théâtre, la comédienne a déjà un C.V. bien rempli. Elle a commencé à jouer à 10 ans dans l’émission jeunesse Sam Chicotte à Télé-Québec ; ensuite, elle a enchaîné Destinées, Pour SarahSubito texto, Les pays d’en haut, entre autres. Au cinéma, elle l’a vue en vedette dans Charlotte a du fun, de Sophie Lorrain, un film qui jouit d’une belle carrière hors Québec, et dans Les salopes ou le sucre naturel de la peau, de Renée Beaulieu. L’automne prochain, on pourra la voir en vedette dans un film d’horreur, Slaxx, d’Elza Kephart.

En dépit de son expérience de jeu, en commençant le travail sur Mamma Mia !, la comédienne a abordé l’exercice sous l’angle de l’apprentissage. « Ce que j’aime dans la création au théâtre, c’est qu’on a le luxe du temps, dit-elle. On peut répéter une seule scène dans le détail pendant des semaines. Alors qu’à la télévision, on enchaîne rapidement d’une scène à l’autre. Ça fait du bien d’avoir du temps pour découvrir un personnage, me l’approprier. »

Pour se préparer, elle a aussi regardé des productions d’ailleurs sur l’internet. « Mais le premier jour des répétitions, Serge a dit à la troupe : “Oubliez tout ce que vous avez vu de Mamma Mia !, là, on repart à zéro !” »

La comédienne a « absorbé » tout ce que Serge Postigo lui a montré en répétition. « C’est vrai que jouer pour la scène et jouer pour la caméra, ce sont deux choses différentes, admet-elle. Parfois, Serge m’arrêtait au beau milieu d’une scène pour me dire : “OK, on enlève les kodaks, là ; tu vas me refaire ça pour le théâtre.” »

Ce qu’elle a trouvé le plus « stressant », c’est d’apprendre les chorégraphies de Steve Bolton. « Il ne faut pas se tromper dans les mouvements et bien paraître à côté de danseuses et danseurs professionnels. » Tout un défi, plus que le texte et le chant pour l’interprète qui a une voix naturellement juste.

Une Mamma féministe ?

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Pour ceux qui n’ont pas vu la pièce ni le film, l’histoire se passe dans une île en Grèce dans les années 90. Donna, mère de famille monoparentale, en a fait son refuge après la naissance de sa fille, il y a 20 ans, et y tient une auberge. À la veille de son mariage, Sophie décide d’inviter trois ex-amoureux de sa mère afin de trouver qui est son père. Une intrigue existentielle qui se déroule, bien sûr, sur fond de musique, de danse et d’atmosphère méditerranéenne.

« Dans les productions que j’ai pu voir au théâtre ou en ligne, Sophie a souvent l’air un peu nunuche, explique son interprète. Elle parle comme une petite fille de 4 ans avec une voix cute. Or, pour moi, Sophie, c’est la fille de sa mère : une femme forte et indépendante qui n’a pas eu besoin d’un homme pour réussir sa vie. Oui, Sophie est amoureuse et va se marier. Mais son but premier, c’est sa quête identitaire. »

L’histoire de Mamma Mia ! interpelle énormément la comédienne. « Mon père est décédé d’une maladie quand j’avais à peine 2 ans. J’ai grandi seule avec ma mère. Toute la quête d’identité de Sophie, sa relation importante avec sa mère, leur amitié, je m’identifie à ça. Mamma Mia !, c’est un peu mon histoire… »

Au Théâtre St-Denis 1, à Montréal, dès le 5 juin.

À la salle Albert-Rousseau, à Québec, dès le 14 août.

Consultez le site de Juste pour rire : hahaha.com/fr