Dans quelques jours, Elena Lev présentera un numéro de hula-hoop dans la nouvelle mouture d'Alegría, que le Cirque du Soleil s'apprête à relancer dans le Vieux-Port. Une performance qui a lieu 25 ans après les débuts de l'acrobate avec le Cirque, dans le spectacle... Alegría. La Presse l'a rencontrée.

Elena Lev avait 12 ans quand elle a fait ses débuts dans Alegría. C'était en 1994. La jeune fille d'origine russe suivait son père, Andrei Lev, invité par le Cirque à présenter son numéro de barres aériennes. Un numéro qui a d'ailleurs été conservé dans la nouvelle mouture de la pièce.

À l'époque, le metteur en scène Franco Dragone et le directeur de création Gilles Ste-Croix cherchaient un numéro additionnel. Andrei leur a parlé de sa fille, qui faisait du hula-hoop depuis deux ans en Russie. Dragone l'a auditionnée et l'a intégrée dans l'équipe.

De l'âge de 12 à 20 ans, elle a fait tourner ses cerceaux en multipliant les figures de contorsion. Sa mère, également artiste de cirque, l'entraînait, tandis que son père faisait son numéro aérien. La jeune Elena a suivi le programme scolaire offert par le Cirque en tournée, a fait tout son secondaire et a appris le français. Une expérience à la fois fantastique et éprouvante.

« Ç'a été une période assez intense, où on voyageait beaucoup et où mes journées étaient toutes programmées : j'étudiais, je répétais, je m'entraînais et je donnais des spectacles, nous dit la jeune femme aujourd'hui âgée de 37 ans. J'étais dans une bulle, je n'ai pas eu de vie d'adolescente. Après huit ans, j'étais saturée, j'avais besoin de vivre en dehors d'Alegría... »

Vingt-cinq ans plus tard

Après avoir pris un peu de recul, Elena a fait des apparitions dans d'autres événements du Cirque, participé à l'enregistrement du DVD d'Alegría en Australie. Puis, elle s'est jointe à l'équipe de Quidam et de Wintuk, à New York, et a participé au spectacle Zumanity, à Las Vegas, où elle a passé les cinq dernières années.

Quand on lui a demandé de se joindre à la nouvelle mouture d'Alegría, Elena s'est sentie à même de contempler la production du Cirque avec un regard neuf.

« Je ne suis plus la même personne qu'il y a 25 ans, nous dit-elle. J'ai eu la possibilité de créer un numéro et de travailler avec une nouvelle équipe, nous dit-elle. Évidemment, j'ai plein de flashs et de souvenirs avec mes parents à Montréal, mais je pense que j'apprécie plus mon expérience aujourd'hui. » 

« C'est un spectacle qui a été très marquant pour beaucoup d'artistes et de spectateurs, donc c'est très excitant. »

- Elena Lev, artiste d'Alegría

L'idée de boucler la boucle avec ce spectacle qui l'a révélée au public lui plaît. « C'est sûr que c'est mon dernier show comme artiste de cirque, nous dit Elena, qui va tout de même entreprendre la tournée d'Alegría avec sa fille de 13 ans. Dans ma routine, j'essaie de montrer la femme que je suis devenue aujourd'hui, à la fois forte et fragile. »

Des retrouvailles

Le hasard a fait que la chorégraphe et designer de la performance acrobatique d'Alegría, Émilie Therrien, a partagé la scène avec Elena dans la première mouture du spectacle, en 1994.

« J'avais 17 ans à l'époque, nous dit Émilie, qui a revu le contenu acrobatique d'Alegría avec le metteur en scène Jean-Guy Legault. Je participais au numéro de trampoline, elle avait son numéro de hula-hoop. On a fait de la tournée ensemble pendant cinq ans, on a fait aussi plusieurs événements, donc, pour nous, c'est des retrouvailles et la fin d'un cycle de vie. »

Le squelette acrobatique du nouvel Alegría, centré sur le fou du roi M. Fleur, est resté le même que dans le spectacle d'origine, nous dit Émilie Therrien.

« La proposition acrobatique est sensiblement la même. On retrouve le numéro de barres aériennes d'Andrei, le numéro de trampoline en croix, de trapèze, tout ça se tient encore très bien. Mais on a ajouté un numéro de roue croisée [de Jonathan Morin] et modifié certains numéros, comme la barre russe, qui a été combinée à un numéro de banquine. »

- Émilie Therrien, designer de la performance acrobatique d'Alegría

On s'en souvient, le clown Slava, avec son humour très fin et poétique, avait marqué les esprits. Les clowns Pablo et Pablo (leurs véritables prénoms !) auront la délicate tâche de prendre le relais dans le nouvel opus d'Alegría, qui réunira cette fois 56 artistes sur scène.

La Presse a vu un court extrait du numéro de hula-hoop d'Elena Lev la semaine dernière. L'artiste russe mêle avec perfection manipulation du cerceau, contorsion et danse. « La discipline a beaucoup évolué, nous dit-elle. Elle n'était pas prise très au sérieux avant. C'était un numéro de transition, mais maintenant c'est très tendance, c'est hip et les gens trouvent ça cool. »

Alegría sera présenté du 18 avril au 30 juin sous le grand chapiteau du Cirque du Soleil, dans le Vieux-Port de Montréal. Il sera également présenté sur le site Zibi de Gatineau du 1er août au 1er septembre.