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Eve 2050 : de quelle matière sera fait l’humain de demain ?

C’est à une véritable quête exploratoire que s’est livrée la chorégraphe Isabelle Van Grimde au cours des dernières années : celle de l’humain de demain, personnifié par Eve 2050, un « personnage symbolique, à la fois femme, homme, trans, qui a tous les âges et toutes les origines », résume-t-elle. Celle qui explore depuis quelques années ce qu’est « le corps au-delà d’un outil d’expression » interroge, avec Eve 2050, de quoi sera composé le corps du futur, dans un monde où le virtuel, l’intelligence artificielle et la pensée binaire prennent de plus en plus d’espace, une réflexion qu’elle a nourrie auprès d’une quinzaine de chercheurs dans des domaines aussi variés que la neuroscience, la biologie, la chirurgie plastique ou l’anthropologie.

Augmentation corporelle, connexion avec la machine, hybridation avec d’autres espèces, clonage, transhumanisme, cyborg… Autant de sujets qui sont abordés, poétiquement, dans ce triptyque qui connaît son dénouement avec l’œuvre scénique, qui suit une série web et une installation interactive (présentée en septembre 2018 à l’Agora). Sur scène, huit danseurs seront immergés dans un environnement multimédia interactif et évolutif, grâce à divers dispositifs, dont des caméras infrarouges, détournement d’une technologie de surveillance utilisée par l’armée.

Science-fiction que tout cela ? « Nous sommes déjà hybridés sans nous en rendre compte avec les ordinateurs qui permettent d’étendre nos capacités mentales, nous sommes des cyborgs depuis que nous utilisons des outils. Ce n’est pas de la science-fiction, et ce sont de grands mouvements qui nous dépassent. Il y a quelque chose de presque magique dans cette technologie dont personne n’a le contrôle entièrement. Ce que je propose, c’est une exploration de cette question… qui apporte peut-être plus de questions que de réponses ! », lance celle qui travaille à un projet de jeu de réalité virtuelle.

La Jeune troupe est née

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Le directeur d’Orange Noyée, Mani Soleymanlou, l’un des instigateurs de la Jeune troupe du Quat'sous

Le Théâtre de Quat’Sous et Orange Noyée annoncent aujourd’hui la création de la Jeune troupe du Quat’Sous, imaginée et pilotée par Mani Soleymanlou, le comité d’artistes associé·e·s ainsi que le directeur de la compagnie de l’avenue des Pins, Olivier Kemeid. Formée de finissants en théâtre et d’artistes de la diversité, la troupe de huit interprètes participera au Salon de la découverte qui se tiendra le 4 mai, sous forme de présentation publique. En plus de cet atelier, la Jeune troupe sera amenée à investir les lieux du Quat’Sous, à participer à ses activités et à rencontrer différents publics et intervenants du milieu culturel.

Trois fois Vittorio Rossi

PHOTO HERA BELL, FOURNIE PAR LE MOYSE HALL THEATRE DE L’UNIVERSITÉ MCGILL

La distribution de la pièce The Chain, du Montréalais Vittorio Rossi

Le dramaturge anglo-montréalais Vittorio Rossi est à l’honneur en 2019-2020 au Moyse Hall Theatre de l’Université McGill. En effet, trois de ses pièces y seront présentées. La première, The Chain, met en scène une famille d’immigrants italiens qui s’installe à Ville-Émard. Pour les Testa, le choc des valeurs est colossal… Cette pièce a connu un immense succès lors de sa création, en 1988. Trente ans plus tard, Rossi propose une suite, Legacy, qui sera présentée en primeur au printemps. Suivra, à l’automne 2020, la pièce Paradise by the River.

Théâtre autochtone à Québec

PHOTO FOURNIE PAR LA PRODUCTION

Une scène de la pièce Là où le sang se mêle, de Kevin Loring

Après l’avoir traduite et mise en scène en français à Montréal, Charles Bender, codirecteur artistique des Productions Menuentakuan, transporte la pièce Là où le sang se mêle, de Kevin Loring, au tout nouveau Diamant, à Québec. L’histoire met en scène deux autochtones, Floyd et Quêteux, qui se retrouvent dans un bar. Ils ont des conversations amusées avec le barman, mais ils laissent aussi entrevoir leur souffrance : jeu compulsif, alcoolisme, criminalité… « Là où le sang se mêle illustre une quête d’origine hésitante et une volonté fragile de futur qui ont du mal à se rabouter », écrit-on sur le site du Diamant. Au moment où le rapport de la Commission d’enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics vient d’être déposé, cette pièce lance un appel à la réconciliation… et à l’action.

Lectures théâtrales

PHOTO NINON PEDNAULT, ARCHIVES LA PRESSE

La femme de théâtre et romancière Louise Turcot, autre de Lettres à une jeune comédienne

Deux livres à souligner. Alors que la production du Meilleur des mondes, à l’affiche du Théâtre Denise-Pelletier, récolte des critiques dithyrambiques, Le Quartanier fait paraître la pièce tirée du roman d’Aldous Huxley. Dans sa grinçante adaptation pour la scène, le talentueux auteur Guillaume Corbeil aborde notre « monde de jouissance et de divertissement, où règnent le consensus, le mieux-être, le plaisir immédiat et le mise en scène de soi ». De son côté, la femme de théâtre et romancière Louise Turcot publie Lettres à une jeune comédienne (VLB éditeur). L’interprète chevronnée commente, entre autres, les grands rôles féminins du répertoire. 

Festival Phénomena : découvrir Valparaiso

PHOTO CAROLINE HAYEUR, FOURNIE PAR PHÉNOMÉNA

Xena Ferrer et Julie Vincent, codirectrices de la compagnie Singulier Pluriel

Ce texte de Dominick Parenteau-Lebeuf est la matière de la nouvelle création de la compagnie Singulier Pluriel de Julie Vincent, qui signe la mise en scène de Valparaiso. La pièce met en scène une mère chilienne, Virginia, qui vient présenter sa mayonnaise dans une foire agroalimentaire du Québec. Elle est accompagnée de sa « fille perdue » Valentina. Il est question de la découverte d’un lien entre cette famille chilienne et notre terre. « C’est un projet sur lequel ils travaillent depuis longtemps et pour lequel ils ont fait beaucoup de recherche, nous dit la directrice artistique du festival Phénomena, D. Kimm. Ce qui est intéressant, poursuit-elle, c’est que ce sera présenté dans l’ancienne maison des Sœurs de la Providence, c’est vraiment une quête identitaire où les comédiens interprètent plusieurs personnages dans plusieurs langues. »