Le répertoire entraînant des Cowboys Fringants sied au Cirque, il n’y a pas à dire. Et les créateurs de Joyeux calvaire, qui a démarré hier soir à Trois-Rivières dans un amphithéâtre Cogeco rempli au maximum de sa capacité, ont réussi à arrimer leur musique au cirque.

La pièce s’ouvre avec la très jolie pièce Les hirondelles, avec un numéro de trapèze ballant, qui reprend l’image d’une fillette qui se balance en écoutant de la musique – clin d’œil à la fille du metteur en scène Jean-Guy Legault, qui s’est balancée durant son adolescence au son des Cowboys.

PHOTO OLIVIER CROTEAU, LE NOUVELLISTE

Après avoir «mis en cirque» Beau Dommage, Robert Charlebois, Luc Plamondon et Les Colocs, Jean-Guy Legault et Jean-Phi Goncalves ont fait le plongeon dans l’univers folk-country engagé des Cowboys Fringants.

Dès lors, ce sont les histoires des pièces des Cowboys qui servent de fil narratif à ce 5e spectacle de la série hommage du Cirque. De la serveuse du Pub Royal à la mère seule de la pièce-titre, Joyeux calvaire, en passant par le jeune de La manifestation et l’adolescent condamné à mort dans La tête haute, tous les personnages des Cowboys y passent.

Il y a bien sûr, dans ce Joyeux calvaire, des segments festifs – qu’on pense à La cave et En berne (sur le numéro de manipulation de drapeaux) ou au Gars d’la compagnie sur un très chouette numéro de danse (exécuté par un groupe d’acrobates-danseurs qui reviendra par deux fois dans des numéros vitaminés). Mais, à vrai dire, beaucoup moins qu’on l’aurait pensé.

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Dans son travail de mixage, Jean-Phi Goncalves a tenté de mettre en valeur le son emblématique des Cowboys sans le dénaturer.

Mise en scène minimaliste

Jean-Guy Legault et son complice à la direction musicale, Jean-Phi Goncalves, ont choisi maintes ballades atmosphériques, comme La tête haute, sur un numéro de bungee-sangles, qui raconte le combat d’un adolescent contre le cancer, ou encore Plus rien, sur un (magnifique) numéro de corde. Sans oublier Les étoiles filantes, Toune d’automne ou Bye bye Lou.

Un choix quand même audacieux qui aurait pu donner le cafard n’eut été l’ingéniosité des numéros acrobatiques qui s’y greffent et, bien sûr, l’optimisme viscéral des Cowboys (mis en texte par Jean-François Pauzé et Karl Tremblay). 

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Le contrat entre le Cirque du Soleil et l’amphithéâtre Cogeco de Trois-Rivières, renouvelé l’an dernier, doit durer jusqu’en 2024. 

Cette alternance d’ambiances a surtout eu pour effet de couper court aux quelques moments où on commençait à s’échauffer dans l’amphithéâtre…

La mise en scène de Jean-Guy Legault est assez minimaliste cette fois-ci (malgré une scénographie efficace), les numéros se succédant de manière assez linéaire. On aurait aimé voir s’imbriquer de façon plus organique les différentes pièces de Joyeux calvaire. Les transitions ou les liaisons auraient également pu briser cette succession de tableaux – même si une belle esthétique s’en dégage.

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L’histoire de Joyeux calvaire raconte les tribulations d’une adolescente de banlieue qui s’évade de son quotidien à travers la musique du groupe québécois.

D’un point de vue acrobatique, le Cirque a mis la gomme et livré des numéros originaux. Malgré quelques ratages (notamment au trapèze ballant), on pense à ce beau numéro de corde pendule, aux acrobaties incroyables au cadre russe et au numéro d’unicycle, très à propos, sur La dévisse, qui met en scène un «clown minable» de garderie.

Le numéro de barres fixes conclut le Joyeux calvaire des Cowboys (qui étaient présents et qui tapaient du pied) avec un feu d’artifice acrobatique. Il s’agit du premier spectacle de la série, faut-il le rappeler, qui met en musique un groupe actif. Dont le contenu musical a à peine été touché – notamment avec de l’électro dans Droit devant.

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Le spectacle, qui devait à l’origine prendre l’affiche pour 20 soirs à Trois-Rivières, a connu un tel succès que déjà trois représentations supplémentaires ont été ajoutées au calendrier.

Il reste que la formule de l’hommage à la musique québécoise (Beau Dommage, Charlebois, Plamondon et Les Colocs) a fait son temps. Les créateurs ont eux-mêmes émis le souhait de mettre en place un autre concept. On verra ce qu’ils sortiront de leur chapeau l’an prochain.

Joyeux calvaire Une production du Cirque du Soleil. Mise en scène de Jean-Guy Legault. Direction musicale et arrangements de Jean-Phi Goncalves. À l’Amphithéâtre Cogeco, jusqu’au 17 août