Un cirque en région ? Et pourquoi pas ? Ce rêve, qu’Elyme Gilbert caresse depuis des années, s’est concrétisé officiellement la semaine dernière avec la première de Naval, un spectacle extérieur à flanc de paroi rocheuse, qui se déroulera tout l’été à Saint-Germain-de-Kamouraska.

Autrefois se dressait sur le territoire de Saint-Germain le village de la Pointe-Sèche. On l’appelait ainsi probablement en référence à ses hauts cabourons dénués de végétation, des crêtes rocheuses typiques de ce coin de pays, ou peut-être, disent d’autres, parce que, à marée basse, une forme en pointe se dessine sur le rivage.

Le village était dominé par le domaine de la Seigneurie de l’Islet-du-Portage, le centre administratif de ce hameau qui fut très prospère au XVIIIe siècle et comptait à une époque un manoir, un moulin à farine, un quai et un chantier maritime.

PHOTO JF PAPILLON, FOURNIE PAR LE CIRQUE DE LA POINTE-SÈCHE

Elyme Gilbert, fondateur du Cirque de la Pointe-Sèche

C’est en référence à ce pan de l’histoire de la région qu’Elyme Gilbert a baptisé son projet le Cirque de la Pointe-Sèche. C’est que l’homme, qui a œuvré dans l’univers du cirque pendant une douzaine d’années, notamment en tant que gréeur au Cirque du Soleil, a acheté, il y a 10 ans, le terrain où se trouvent les vestiges de la Seigneurie, avec son manoir, qu’il a commencé à restaurer et où il s’est installé avec sa famille.

Du rêve à la réalité

Déjà, à l’époque, lorsqu’il est tombé sur ce petit « bijou » à vendre en 2008, Elyme Gilbert caressait le rêve d’ouvrir, en région, son cirque. Depuis, il a adopté la région de Kamouraska, a fondé sa compagnie de construction qui se spécialisait dans les toitures ancestrales, tout en explorant son immense terrain, à la recherche d’un emplacement potentiel pour son projet de cirque extérieur.

Au début, c’était un rêve lointain… Et les rêves, il y a toujours une raison de les repousser. Puis, quand j’ai eu 40 ans, j’ai décidé de le faire. Je sentais que c’était le moment !

Elyme Gilbert, fondateur

C’est lorsqu’il est tombé sur ce site, enclave naturelle située à proximité de la 132 et où s’élève une haute paroi rocheuse, que les astres se sont enfin alignés. Entamés en août dernier, les travaux ont permis de construire, à même le territoire et en harmonie avec la nature, une scène où la verticalité est de mise. Différents ancrages, poulies et cordages fixés à la paroi permettront aux artistes d’exécuter leurs danses et acrobaties à plusieurs mètres dans les airs.

L’expertise de l’homme le sert, puisque le gréeur, au cirque, s’occupe de « tout ce qui concerne la sécurité pour les artistes, les installations de cordes, cordage, harnais, trapèze… tout ce qui est aérien finalement ! », détaille ce dernier.

« Le but est vraiment d’utiliser et de mettre en lumière la paroi rocheuse, unique à Kamouraska, de rendre hommage à cette beauté naturelle », explique Gabrielle Lemarier-Saulnier, qui assiste Elyme Gilbert et sa femme, Stephanie Friesinger, dans la mise sur pied de cet ambitieux projet.

En guise d’amphithéâtre, des conteneurs maritimes ont été modifiés puis installés et empilés sur trois niveaux, offrant aux spectateurs différentes perspectives sur le spectacle selon l’angle d’où il est vu. Des artistes de Dose Culture, un organisme de Longueuil, ont été appelés en renfort pour les enjoliver de leur art, offrant un joli panorama qui se dévoile après avoir parcouru un sentier défriché de 200 mètres, qui sera animé les soirs de spectacle.

Naval, c’est...

Une paroi rocheuse de 60 pieds de hauteur Un amphithéâtre de 17 conteneurs maritimes 276 places 20 000 pieds carrés de surface peinte 11 artistes, soit 9 acrobates et 2 musiciens

Hommage au fleuve et à la région

Naval, le premier spectacle du Cirque de la Pointe-Sèche, sera présenté tout l’été dans cette enceinte naturelle et rassemblera dans un esprit multidisciplinaire des artistes professionnels internationaux dans de multiples disciplines, dont la corde lisse, le « filet » aérien, la barre russe, le mât chinois, le trapèze ballant, la danse verticale, ainsi que la slackline et la highline, une variation en hauteur de la slackline.

Création du metteur en scène italien Andrea Fidelio, assisté par sa conjointe Andréanne Thiboutot, originaire de la région, son synopsis fait écho à l’histoire maritime des lieux en mettant en scène un capitaine qui a perdu son bateau lors d’une tempête et qui reconstruit son rêve, aidé par la communauté. « Pour notre première année, c’est un beau clin d’œil, un hommage à l’endroit où le Cirque s’est installé », remarque Elyme, qui compte offrir une nouvelle production chaque été.

Impossible de ne pas y voir un clin d’œil à la traversée de l’homme pour réaliser son propre rêve. Un projet qui s’est concrétisé justement grâce au soutien qu’il a reçu des habitants et entreprises de la région, dont une armée de volontaires et plusieurs partenariats. « Nous, on croit que c’est possible de vivre des arts en région. Presque tous les techniciens viennent de la région, les artistes sont logés et nourris au village. Ils ont même eu une fête d’accueil quand ils sont arrivés ! », illustre Gabrielle Lemarier-Saulnier.

Naval, du Cirque de la Pointe-Sèche, présenté jusqu’au 18 août, à Saint-Germain-de-Kamouraska

Les soirs de spectacle, des navettes partent du village de Kamouraska et de la microbrasserie La Tête d’Allumette afin de transporter les spectateurs jusqu’au site.

Consultez le site du Cirque de la Pointe-Sèche