Le Cabaret du Casino de Montréal s'est fait une spécialité d'offrir des spectacles de type «plaisir garanti»: il invite des chanteurs populaires de métier à venir interpréter leurs grands succès... et très peu de nouveautés. Après Dubois, Charlebois, Cossette et bien d'autres, c'est au tour de Bruno Pelletier d'y présenter un survol de ses 20 ans de carrière jusqu'au 25 avril. Et, si on en juge par les réactions du public, le plaisir est au rendez-vous...

On le répète: très peu de nouveautés au programme. Dans le cas de Bruno Pelletier, cela signifie que, même s'il vient tout juste de lancer son album Microphonium, il n'en interprète que trois chansons - peut-on souligner que, franchement, comme elles se défendent bien mieux sur scène que sur disque, il pourrait en chanter une ou deux autres, et le public ne s'en plaindrait pas. Comme il ne se plaint absolument pas d'entendre les succès du chanteur, tirés des disques Défaire l'amour (1995), Miserere (1997) et D'autres rives (1999), ainsi que sa reprise de La Manic de Georges Dor (dans de très beaux arrangements a cappella) et des extraits des comédies musicales de Luc Plamondon auxquelles Pelletier a prêté son impressionnant «organe» par le passé - oui, Le temps des cathédrales est au menu, de même que Mourir comme lui et surtout S.O.S. d'un terrien en détresse, véritable morceau de bravoure vocale...

 

Sont par contre exclus l'album Un monde à l'envers (2002), qui avait connu moins de succès commercial, et la comédie musicale Dracula (2005), à succès, certes, mais sans grands solos pour Pelletier. Sincèrement, s'il n'y avait que ce programme de chansons qui ont beaucoup tourné à la radio, ça donnerait un spectacle honnête. Mais en raison de l'attitude de Bruno Pelletier, ça donne un vrai bon spectacle.

Car Bruno Pelletier est en forme. Il y a quelque chose de tout à fait réjouissant à le voir jouer de la guitare avec un plaisir manifeste (il me semble que ça fait des années que Pelletier n'en joue plus sur scène et, mon Dieu, ça lui va bien, une «guit»!), chanter avec puissance et justesse (même s'il avise les gens qu'il ne pourra peut-être pas toujours atteindre les notes les plus hautes, certains soirs de fatigue accrue - je crois bien qu'il se sous-estime, ici...), bouger avec naturel, interagir avec ses cinq très bons musiciens, sourire tout seul en écoutant les nouvelles orchestrations (bien pensées et signées par Marc Bonneau), se payer un petit trip «retour vers le passé» (des extraits de son tout premier album de 1992, très corporate rock, auquel il ajoute un extrait de Highway Star de Deep Purple), chanter en duo L'espoir (Speranza) avec son ami ténor (et guitariste rock!) Francesco Verrecchia. Bref, il y a quelque chose de tout à fait réjouissant à voir Bruno Pelletier faire ce qu'il adore faire depuis 20 ans: un show.

D'ailleurs, la première fois que je l'ai vu en spectacle, c'était dans le cadre du concours de musique Rock Envol, justement en 1989. Il n'avait pas gagné la première place, mais le jury avait créé un prix spécialement pour lui ce soir-là, afin de souligner la beauté de sa voix et son aisance sur scène. Vingt ans plus tard, on pourrait encore lui accorder ce prix spécial. Ses chansons ne sont pas souvent de grandes chansons, mais sa voix, sa présence, son amour de la scène, eux, le sont. Et le plaisir des spectateurs l'est itou. Garanti.

Bruno Pelletier au Cabaret du Casino de Montréal jusqu'au 25 avril et en tournée au Québec.